Le bulletin du gouvernement bruxellois: tout juste satisfaisant
Un bulletin tout juste satisfaisant pour le gouvernement Vervoort III 2019-2024 PS-Ecolo-Défi-Groen-Open VLD-Vooruit.brussels, un gouvernement rouge-vert avec une touche de bleu.
Moyenne globale
Le 18 juillet 2019, Bruxelles a son gouvernement. C’est le premier à se former dans le pays. Assez naturellement, PS et Ecolo s’unissent et entraînent DéFi. L’accord de majorité est teinté de rouge et de vert. Certains points sont ambitieux comme la mise à 30 km/h de l’ensemble de la Région bruxelloise, la refonte du règlement régional d’urbanisme, l’obligation de rénover les bâtiments, la poursuite de la zone de basse émission. La trame environnementale doit se retrouver dans toutes les politiques du gouvernement. L’ordonnance bruxelloise pour le climat en sera la colonne vertébrale avec pour objectif la neutralité carbone. Cependant, il faut aussi répondre aux demandes de logements à prix abordables et de bonne qualité, ainsi qu’à la lutte contre la pauvreté et les inégalités croissantes dans la Région.
Cinq ans plus tard, le gouvernement bruxellois a dû traverser deux crises majeures : le covid et l’énergie. Ces événements ont mis en difficulté les finances régionales déjà très fragiles. La dette a continué d’augmenter, à tel point que l’agence de notation Standard&Poor’s vient de dégrader la cotation bruxelloise.
Par rapport à cet accord de politique générale, la majorité des ambitions ont été réalisées. Reste à voir si les mesures prises seront positives sur le long terme. Un point qui l’est indéniablement est l’amélioration de la qualité de l’air. Même si la quantité de polluants reste trop élevée, elle diminue notamment grâce à la zone de basse émission (LEZ).
La part de l’utilisation de la voiture individuelle a aussi chuté. Celle du vélo a triplé. Un quart des déplacements s’effectuent en transport en commun et les piétons reprennent doucement leur place dans l’espace public. Le nombre d’accidents chute aussi grâce à la mise en zone 30 km/h partout. Par contre, les plans communaux Good Move secouent les quartiers de certaines communes. La voiture reste le choix et la liberté pour un nombre important de citoyens, même si un ménage sur deux n’en possède pas.
Le rouge dans le logement
Au niveau du logement, le gouvernement réussit à adopter une réforme du PEB. En 2035, les habitations ne pourront plus avoir un PEB F ou G, sanctions à l’appui. La crise énergétique a certainement aidé au vote de cette mesure. Les socialistes ont aussi réussi à lier indexation du loyer et PEB, mais cela fut de courte durée. Ils ont surtout misé sur la construction ou l’achat de logements pour socialiser les habitations. Il fallait trouver une solution pour 15.000 ménages. Cela a été fait grâce à différents mécanismes, mais la liste d’attente pour obtenir un logement social s’est encore allongée.
Et surtout, seuls deux Plans d’aménagement directeur (PAD) ont été approuvés. D’autres ont carrément provoqué des crises gouvernementales comme celui de la friche Josaphat où les Verts ne voulaient plus se rendre en conseil des ministres.
Une économie résiliente
Le gouvernement a souhaité parler de transition économique et lier les aides à la circularité. C’est chose faite. Le taux d’emploi a augmenté même si l’arrivée des réfugiés ukrainiens a plombé les résultats. Avec le covid, plus de 300 millions d’aides ont été distribuées. A cela, il faut ajouter les 200 millions pour l’énergie.
Des échecs
Comme à chaque fois, certains dossiers n’ont pas pu aboutir. On pense au code du bien-être animal bloqué à cause de l’abattage rituel sans étourdissement. La question plus globale de la neutralité sera certainement au menu des futurs négociateurs. Au règlement régional d’urbanisme qui a certainement pâti de la démission de Pascal Smet en cours de route. Et évidemment au métro 3. Ce métro qui semble indispensable pour le futur, mais qui terrasse les finances bruxelloises. La date de 2040 pour sa mise en circulation est avancée, mais on parlait d’un RER pour 2012. Et il faut trouver la manière de le financer. Il coûterait plus de 4,5 milliards. Alors faut-il poursuivre l’idée ? Nous pouvons parier sur d’âpres discussion lors des négociations pour la majorité 2024-2029.
Avec ces importantes questions pour l’avenir de notre capitale, la campagne promet d’être musclée surtout que le MR, dans l’opposition depuis 20 ans, affiche de belles couleurs selon les derniers sondages et reprend la tête des intentions de vote. Le PTB est 2e suivi par le PS et Ecolo dans un mouchoir de poche.
Alors qui mènera les négociations ? En tout cas, le prochain gouvernement devra porter une attention particulière au budget, quoi qu’il en coûte.
Le bilan de la Cocof: une épidémie mondiale à gérer
Les compétences de cette institution qui fait le bonheur des étudiants en droit ou en sciences politiques ont été réparties entre ministres en début de législature. Avec une volonté d’application transversale.
Côté réalisation, le ministre Maron a avancé et fait voter un très attendu Plan Social Santé.
Mais des problèmes structurels de sous-financement persistent. La politique en matière de handicap en est un exemple flagrant. Avec la rentrée scolaire, des parents d’enfants lourdement handicapés ont tiré la sonnette d’alarme. A la difficulté de trouver une place dans une institution spécialisée s’ajoute le calvaire de simples trajets vers celles-ci. Ils étaient encore près de 200 en 2022 !
Au Parlement, l’opposition a ainsi beau jeu de dénoncer des fusions non-réalisées ou le Musée de la Migration qui se fait attendre.
Inévitablement, on songe aussi à la gestion de la crise covid. « Non-gestion » ont déploré de nombreux acteurs notamment au parlement lors d’une commission spéciale qui a mené des heures d’auditions. « Personne ne semblait en mesure de nous dire quoi faire, ni même de nous indiquer où aller et qui interroger pour savoir quoi faire » a notamment déploré une cheffe de service. Comment ne pas s’interroger sur la responsabilité politique lorsqu’on entend des soignants parler de la sorte ?
Est-ce toutefois leur faire injure que de reconnaître que Bruxelles a fait ce qu’elle a pu ? Que le taux de mortalité dans notre ville-région n’a pas été plus élevé qu’ailleurs et que, in fine, les centres de vaccinations ont permis de protéger massivement la population d’une maladie qui a emporté plus de 34.000 personnes en Belgique ?
La Cocof et ses institutions sœurs n’ont clairement pas rassuré sur cette législature. Et les voix qui appellent à une simplification se font d’ailleurs toujours entendre.