Le bulletin de Bernard Clerfayt: mission sauveteur de son parti

Le bulletin de Bernard Clerfayt, DéFI, ministre en charge de l’Emploi et de la Formation professionnelle, de la Transition numérique, des Pouvoirs locaux et du Bien-être animal.

Analyse Michel Geyer

Note globale

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Action : 28/50

Seul représentant DéFI, à lui d’incarner la ligne centriste de son parti. Pas facile quand on débute la législature en perdant l’importante compétence Economie de son prédécesseur. Et au passage un secrétariat d’état qui donne du poids dans le gouvernement. Après avoir fait campagne comme candidat ministre-président ou rien, Clerfayt doit se contenter de l’emploi et de la formation. Ainsi que du bien-être animal dont il fera souvent un outil (voir plus bas).

Pour les deux premières compétences, Clerfayt s’appuie sur Actiris et Bruxelles Formation. Très vite, il avance, gardant le même chef de cabinet que Didier Gosuin et récupérant l’une de ses attachées de presse. Des pôles emploi-formation et un plan pour endiguer les métiers en pénuries sont concoctés. La garantie solution est étendue à tous les âges (auparavant seuls les jeunes se voyaient proposer systématiquement un stage, une formation ou une validation de compétences).

Certaines idées n’aboutissent pas réellement, telles que la création d’une véritable Cité des Langues ou la multiplication de tests à l’aveugle en matière de discrimination à l’embauche. La faute à divers obstacles mais aussi à un « manque de moyens et diverses résistances » confie un acteur bruxellois, un peu dépité.

Emploi toujours, Clerfayt porte une délicate réforme des titres-services, qui assure la pérennité du système et renforce (un peu) les contrôles sociaux et les formations. Tout bénéfice pour ces travailleurs peu qualifiés. Et pour les caisses publiques, puisque ce système de paiement subsidié sort du travail au noir un grand nombre de personnes.

Celui qui est aussi bourgmestre empêché de Schaerbeek met de l’ordre dans les pratiques locales, en augmentant les salaires des élus locaux tout en fixant de nouvelles règles de déontologie.

Clerfayt porte aussi, malgré l’inquiétude de fracture numérique évoquée par certains partenaires, l’ordonnance Bruxelles Numérique qui assure l’accès online des services communaux.

Bref, beaucoup de boulot. Souvent ingrat. Pour autant, les chiffres de l’emploi à Bruxelles restent inquiétants. L’opposition ne cesse de contester ceux avancés. Estimant que la situation se dégrade plus qu’elle ne s’améliore. Personne ne nie qu’une partie du public échappe à toutes les aides mises en place. Cela impacte les finances publiques de multiples manières. Et le bulletin de celui qui est en charge de l’emploi et de la formation.

Vision : 18/25

Faire partout comme à Schaerbeek

Ancien député fédéral et régional, secrétaire d’Etat au fédéral et bourgmestre souvent challengé mais jamais battu à Schaerbeek… Bernard Clerfayt affiche l’un des CV les plus impressionnants de ce gouvernement. Sa vision c’est celle de son parti : centre-droit, cohabitation, et écoute mais fermeté des valeurs.

Capable de s’exprimer dans plusieurs langues (bravo-proficiaat) il ne rechigne à aborder aucun sujet. Et il est difficile de contester qu’il sait façonner un espace public. Schaerbeek en est la preuve, cette commune qui a connu le Nolsisme et qui aujourd’hui voit coexister diverses communautés et couches sociales.

On a pointé plus haut quelques-unes des non-réalisations de son mandat. Notamment en matière de contrôle des entreprises. Et l’on se demande si cela le dérange vraiment que ces vœux plutôt marqués à gauche n’aboutissent pas.

Communication : 18/25

Le Lord anglais

La compétence bien-être animal est assez exemplaire de la manière dont Bernard Clerfayt se positionne. Qui eût cru à l’époque qu’il en ferait un véritable marqueur politique ? « Le Lord anglais » (ainsi l’appelle un de ses collègues de gouvernement) a bien su user de celle-ci pour marquer sa différence par rapport aux autres partis de la majorité. Défendre les animaux et leur bien-être c’est défendre la laïcité, lutter contre l’électoralisme et même l’obscurantisme.

Pareil dans le dossier Uber où il n’a pas hésité à flinguer le « calcul politique et électoraliste du Parti Socialiste »  (les chauffeurs de taxi conventionnels étant réputés proches du PS).

A noter que toutes ses sorties ne passent pas forcément bien. Ainsi, celle sur le « modèle méditerranéen » (sous-entendu : ces familles où la place de madame est à la maison) il y a un an lui a valu une volée de bois vert. Et même une forme de rétropédalage. Mais encore une fois, on peut se demander si ce n’était pas voulu.

Une fierté

Un regret

Le bilan de compétence qui sera progressivement réalisé pour tous les chercheurs d’emploi et servira de base au plan d’action individuel (notamment son volet formation).

Le déficit budgétaire. Et l’absence de révision de la dotation générale aux communes pour garantir plus d’égalité entre les citoyens et plus de solidarité entre les communes bien et moins bien dotées (l’objectif étant de réduire les écarts de fiscalité et de services publics locaux, par exemple avec l’offre de crèches).

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Méthodologie

Les notes décernées dans ce dossier sont le fruit d’un travail de fact-checking et d’une collaboration entre BX1 et Bruzz.

Les journalistes ont passé au crible la déclaration de politique générale commune et ont vérifié ce qui avait été réalisé ou non. Cela permet de délivrer une note pour l’action (50/100) sur base de ce qui a vu le jour. Puis la vision (25/100). Il s’agit de déterminer si le ministre a montré une vision pour les compétences qui lui incombent sur le court, le moyen et le long terme.

Enfin, la communication (25/100) reprend la communication envers la presse, mais aussi envers les citoyens via les réseaux sociaux et les acteurs des secteurs concernés.

Ensuite, BX1 s’est réuni avec les journalistes politiques de Bruzz pour échanger leur point de vue et attribuer une note à nos femmes et hommes politiques.

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10 avril 2024 - 11h06
Modifié le 10 avril 2024 - 12h10