Le bulletin de Nawal Ben Hamou: presque tout est fait, mais quasiment rien ne suffit

Le bulletin de Nawal Ben Hamou, PS, Secrétaire d’Etat chargée du Logement et de l’Egalité des chances.

Analyse Michel Geyer

Note globale

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Action : 36/50

La recrue surprise du gouvernement en début de législature semble apprécier ses compétences régionales. Après les visites d’usage (chantiers menés par Citidev, rencontre avec des associations…) la benjamine de l’équipe Vervoort développe sa vision de l’aide au logement. Celle-ci prend la forme d’un PUL, pour Plan d’Urgence Logement. Présenté début 2021, il comporte 5 axes et 33 mesures. Qui se veulent concrets et applicables rapidement.

Socialisation des logements sociaux communaux (120 sur la législature), allocation loyer pour compenser le manque de logements construits (très lente à démarrer, elle profite aujourd’hui à 9300 ménages environ), création d’une commission paritaire spécifique pour mettre propriétaires et locataires d’accord quant aux loyers…

Faire des crises une opportunité

A la faveur de la crise énergétique, Nawal Ben Hamou arrache à l’aile droite du gouvernement une interdiction d’indexer les loyers de l’immense majorité des habitations bruxelloises, au nom de leur mauvais indice d’isolation. Au départ temporaire, cette interdiction est finalement figée dans le temps à l’exception des biens particulièrement neufs ou rénovés.

La socialiste fait aussi interdire les expulsions hivernales de locataires mauvais payeurs. Au syndicat des propriétaires, on s’étrangle à chacune de ses sorties. Son approche volontariste ne plaît pas à tous. Ben Hamou n’en a cure. Elle sait que son parti doit regagner des voix auprès de ceux qui peinent à se loger. En fin de législature elle fait aussi un (petit) geste pour la classe moyenne, en rendant un peu moins stricte l’accès Fonds du Logement. De quoi laisser certains candidats propriétaires rêver d’une aide que les banques ne fournissent pas.

Une autre crise met ses compétences en lumière : celle générée par des plaintes d’agressions sexuelles dans des lieux de fête comme des bars fréquentés par des jeunes. Alors que le ,monde de la nuit manifeste, que le PTB infiltre la grogne (celle-là aussi), la secrétaire d’Etat à l’égalité des Chances accompagne la création du conseil régional de la nuit, fait former les policiers à réceptionner et accompagner les victimes qui veulent déposer plainte… Le budget pour l’accueil des victimes et les politiques de sensibilisation est multiplié par trois. Un véritable plan de lutte contre les violences faites aux femmes est mis sur pied et une commission égalité des chances et des droits des femmes voit le jour. Le plan de soutien aux familles monoparentales a été créé. Reste à voir maintenant quelles seront les portées de ces différentes réformes.

Reste que près de 50.000 ménages bruxellois sont dans l’attente d’un logement social. Que devenir propriétaire apparaît toujours davantage réservé aux classes supérieures. Peut-on tout mettre sur le dos du manque de budget et des lourdeurs diverses ? Comment ne pas reconnaître l’échec global des politiques publiques en la matière ?

Si les objectifs formellement écrits dans l’accord de gouvernement sont remplis, si les mesures et les plans se sont empilés depuis cinq ans, la crise du logement n’est certainement pas résorbée. Augmenter et améliorer l’offre de logements sera l’un des enjeux majeurs de la législature à venir.

Vision : 18/25

Prête à se fâcher, avec un peu tout le monde

Socialiste réaliste et engagée, membre du gouvernement et mère de famille, avenante mais ferme dans ses convictions… voilà l’image qu’aime renvoyer Nawal Ben Hamou.

En terme politique, crisper le syndicat des propriétaires ou renvoyer le PTB à l’aspect irréaliste de son programme correspond à la ligne que le PS veut incarner.

L’incident de la sourate au Parlement bruxellois en dit long sur sa vision personnelle du vivre ensemble. Si elle contribue à le révéler c’est en expliquant avoir quitté la salle. Alors que pour certains le PS est pris en flagrant délit de communautarisme musulman, elle évoque la laïcité et son engagement pour la stricte séparation des cultes et de l’Etat. Les derniers socialistes à l’avoir fait ouvertement l’ont payé politiquement. Mais cela ne semble pas l’inquiéter. En cinq ans de gouvernement, elle a pris des coups et appris à les rendre.

Communication : 19/25

La gauche réaliste, c’est moi

Nawal Ben Hamou a souvent choisi de faire face à l’opposition. Comme sur les plateaux télé de BX1 où elle est venue débattre avec le MR, les Engagés et l’adversaire ultime : le PTB.

Coachée dès le départ par une ancienne attachée de presse fédérale du Parti Socialiste, Nawal Ben Hamou a su maitriser une appréhension forte des caméras et des micros.

On constate sur les réseaux sociaux qu’elle semble les tenir elle-même. Et y dose les messages politiques ou ceux d’apparence plus personnelle. On apprécie aussi qu’elle fasse partie des (trop) rares francophones à s’exprimer aisément en néerlandais. A voir si ces qualités se transformeront en voix lors du prochain scrutin où elle sera, logiquement, en bonne place à la Région.

Une fierté

Un regret

Avoir pu faire des liens entre mes compétences, le Logement et l’Egalité des chances, pour mettre en place des politiques qui améliorent concrètement le quotidien des Bruxelloises et Bruxellois, avec une attention particulière aux plus vulnérables. Par exemple : la majoration de l’allocation loyer pour les familles monoparentales et l’inscription de la responsabilité familiale (la monoparentalité) comme critère de discrimination dans le Code du logement, l’ouverture de refuges LGBTQI et VIF (violences intrafamiliales) et d’un centre d’accueil pour la prise en charge multidisciplinaire des victimes de violences, ou encore d’un centre de jour pour femmes vivant dans la rue….

Ne pas avoir pu faire aboutir le conventionnement, qui est le seul dossier toutes matières confondues qui n’aura pas pu être concrétisé durant cette législature.

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Méthodologie

Les notes décernées dans ce dossier sont le fruit d’un travail de fact-checking et d’une collaboration entre BX1 et Bruzz.

Les journalistes ont passé au crible la déclaration de politique générale commune et ont vérifié ce qui avait été réalisé ou non. Cela permet de délivrer une note pour l’action (50/100) sur base de ce qui a vu le jour. Puis la vision (25/100). Il s’agit de déterminer si le ministre a montré une vision pour les compétences qui lui incombent sur le court, le moyen et le long terme.

Enfin, la communication (25/100) reprend la communication envers la presse, mais aussi envers les citoyens via les réseaux sociaux et les acteurs des secteurs concernés.

Ensuite, BX1 s’est réuni avec les journalistes politiques de Bruzz pour échanger leur point de vue et attribuer une note à nos femmes et hommes politiques.