Le bulletin d’Elke Van den Brandt: une ministre active qui rêve de diminuer la place de la voiture

Le bulletin de Elke Van den Brandt, Groen, ministre de la Mobilité, des Travaux publics et de la Sécurité routière.

Analyse Vanessa Lhuillier

Note globale

0
/100

Action : 32/50

Lorsqu’elle endosse le costume de ministre, Elke Van den Brandt est une inconnue pour les francophones et le poste de la mobilité est certainement un des plus clivants depuis une dizaine d’années. Pascal Smet ou Brigitte Grouwels ne diront pas le contraire. Dès le début, Elke Van den Brandt annonce la couleur. Le vert coule dans ses veines et sur le macadam. La mobilité bruxelloise du futur se fera à pas de sénateur (les 30km/h généralisés) et sera douce (60km de pistes cyclables créées). Les réalisations sont là et respectent l’accord gouvernemental.

Pour la politique de mobilité douce, ou active comme certains aiment l’appeler maintenant, Elke Van den Brandt va finalement avoir un allié inattendu : la pandémie de covid. En quelques jours, les habitudes des Bruxellois changent. Le télétravail généralisé met fin aux trajets domicile-travail et les citadins se mettent au vélo, refusant de prendre des transports en commun où un inconnu peut répandre ses particules fines dangereuses pour la santé.

Dans l’urgence et vu la demande, elle crée des pistes cyclables dites corona, sans permis d’urbanisme, avec quelques blocs de béton pour protéger les utilisateurs. La majorité d’entre elles rencontrent le succès et c’est donc naturellement qu’elles deviennent définitives et sont progressivement régularisées. On compte en tout 513 km de pistes cyclables sur la Région et la part modale du vélo a triplé.

Par contre, le nombre d’emplacements sécurisés reste un problème, le vol de vélo étant un frein pour les Bruxellois.

Quant aux trottinettes, la réglementation est arrivée en cette fin de mandature.

Une ville à 30km/h

Les automobilistes n’ont cependant pas été oubliés. Le premier point a été la généralisation de la ville à 30km/h. C’était une des mesures phares qui a été mise en place, même si les aménagements définitifs restent très rares. Une conséquence de l’état des finances bruxelloises. Des caméras ANPR ont été achetés ainsi que des radars Lidar, comme prévu.

Cela a été par contre plus complexe pour la mise en place de Good Move. Même si les communes devaient choisir les itinéraires et les boucles de quartier, la ministre n’a pas joué un rôle de coordinatrice. Si elle l’avait fait, certains échevins de la Mobilité auraient certainement jugés qu’ils perdaient de leur très chère autonomie communale. Quoi qu’il en soit, Good Move est devenue une marque à proscrire de toutes les communications.

Un autre échec est celui de la création des parkings de dissuasion. 50 places ont été inaugurées cette législature, auxquelles il faut ajouter les 100 places du Heysel. Avec 2.777 places, on est loin de 10.000 places promises.

Le monstre du métro 3

A l’inverse du vélo, la Stib a été pénalisée par la pandémie. Le nombre de voyageurs a chuté drastiquement, entraînant de facto une diminution des revenus. L’offre de la Stib a tout de même augmenté de 15%, la quasi-gratuité pour les moins de 25 ans et les plus de 65 ans a pu finalement voir le jour. Cependant, la fréquence des métros prévue dans l’accord n’est pas atteinte, le plan bus n’a pas pu être totalement mis en route et le plan tram n’a pas avancé.

Et évidemment, il y a le dossier du métro 3 qui empoisonne les finances bruxelloises. La date de 2040 est maintenant avancée pour sa mise en circulation. Certains craignent que sa direction soit la même qu’un autre dossier bien célèbre, celui du RER. Elke Van den Brandt n’a évidemment pas de prise sur les problèmes techniques rencontrés, mais elle n’apporte pas de solution à court terme ni pour les Bruxellois impactés directement par les travaux, ni pour ceux qui empruntent la ligne 55. Malgré les critiques, la volonté de construire ce métro 3 de la gare du Nord à Bordet ne dévie pas de ses rails.

Vision : 20/25

Ça pédale dure

La vision de Elke Van den Brandt est limpide. Elle souhaite une ville plus durable avec une mobilité douce mise en avant. Dans le cadre de sa vision de la ville, elle veut mettre en place des coulées vertes et végétaliser les espaces publics pour plus de fraicheur. Enfin, elle vise le 0 pour le nombre de tués sur la route. Malgré son opposition au métro, elle est restée loyale envers le projet du gouvernement.

Quant à la taxe kilométrique intelligente, SmartMove, elle l’a défendue au niveau des autres régions même si ce dossier n’a pas pu aboutir et se trouve dans les compétences de Sven Gatz (Open VLD).

Communication : 18/25

La plus célèbre

Inconnue en 2019, tous les Bruxellois connaissent aujourd’hui Elke Van den Brandt et ont une opinion sur sa politique. C’est l’avantage et l’inconvénient de ses matières. Elle est omniprésente dans les médias, sauf pour le plan Good Move. Elle n’a pas provoqué de tensions au sein du gouvernement malgré des projets marqués politiquement et ne se défile pas en cas de polémique, même si elle a tendance à ne pas sortir de sa ligne de communication, prédéfinie avec son équipe.

Une fierté

Un regret

Je suis fière de l’immense investissement dans la STIB avec 15% d'offre supplémentaire. On enregistre plus de fréquences partout, 30% d’offre de bus et 6 nouvelles ligne au coeur des quartiers, une nouvelle ligne de tram qui sera inaugurée en octobre, la quasi gratuité pour les jeunes et les personnes âgées. 307 arrêts de la STIB et 8 stations de métro aux PMR pour le plus grand confort de tous les voyageurs. Et il y a aussi le lancement du sans contact et de Floya. 
La STIB est le réseau sanguin qui irrigue la ville.

Nous n’avons pas réalisé, malgré la parole des partenaires de la coalition, la taxe kilométrique intelligente qui aurait pu permettre un coût plus juste de l'utilisation de la voiture et limiter les embouteillages.

Partager l’article

Facebook
Twitter - X
LinkedIn
WhatsApp
jours avant les élections

Sur le même thème:

Méthodologie

Les notes décernées dans ce dossier sont le fruit d’un travail de fact-checking et d’une collaboration entre BX1 et Bruzz.

Les journalistes ont passé au crible la déclaration de politique générale commune et ont vérifié ce qui avait été réalisé ou non. Cela permet de délivrer une note pour l’action (50/100) sur base de ce qui a vu le jour. Puis la vision (25/100). Il s’agit de déterminer si le ministre a montré une vision pour les compétences qui lui incombent sur le court, le moyen et le long terme.

Enfin, la communication (25/100) reprend la communication envers la presse, mais aussi envers les citoyens via les réseaux sociaux et les acteurs des secteurs concernés.

Ensuite, BX1 s’est réuni avec les journalistes politiques de Bruzz pour échanger leur point de vue et attribuer une note à nos femmes et hommes politiques.