Le PTB remet en question la bonne gouvernance dans le conseil d’administration de Neo
Lundi, lors du dernier conseil communal, les élus ont dû se prononcer sur un changement au sein du conseil d’administration de la SCRL Neo. L’administrateur-délégué, Henri Dineur, devient représentant de la Ville de Bruxelles et plus de Brussels Expo. L’occasion pour le PTB de revenir sur les vieux dossiers que traîne le CEO de la société rassemblant la Région bruxelloise et la Ville de Bruxelles.
Petit retour en arrière pour mieux comprendre. Lorsque la Ville de Bruxelles décide d’aménager le plateau du Heysel, elle crée une société anonyme du nom de EXCS qui emploie alors Henri Dineur, ancien chef de cabinet du ministre-président Charles Picqué. En 2015, la société est fermée et se crée la SCRL Neo. Elle mêle 50% de fonds régionaux et 50% de fonds de la Ville de Bruxelles. Au conseil d’administration, il y a donc des représentants de la Région et de la Ville de Bruxelles. Henri Dineur en est le CEO.
Cependant, Henri Dineur n’est pas rémunéré par Neo mais par Brussels Expo dont il est également administrateur. A l’origine, Brussels Expo s’occupe du développement du plateau du Heyzel. L’ASBL détient aussi des parts dans la coopérative Neo. “Il y a donc un lien structurel entre les deux”, se défend le bourgmestre Philippe Close, président de Brussels Expo.
Avec la nouvelle gouvernance que la Ville de Bruxelles met en place lors de l’entrée en fonction comme bourgmestre de Philippe Close (PS), les rémunérations des administrateurs sont plafonnées. Henri Dineur touche donc 185.000 euros bruts annuels. On est loin des montants dont il disposait à l’époque d’EXCS (on parlait alors de 342.000 euros). Il ne touche rien, tout comme les autres administrateurs, de la part de Neo.
Une opposition de principe
Pour le PTB, Henri Dineur ne devait pas être maintenu à la tête de Neo car sa gestion avait été dénoncée par la Cour des comptes. Elle avait en effet pointé l’utilisation non justifiée de cartes de crédit. Henri Dineur s’est défendu en disant qu’il ne savait pas qu’il était devenu un mandataire public lors de la création de la SCRL. “On va tout nettoyer nous disait la nouvelle majorité, explique Mathilde El Bakri, conseillère PTB. Mais très vite, les vieilles habitudes remontent à la surface. Henri Dineur est le symbole de cette politique entre amis où l’on se sert avec des salaires mirobolants et où l’on ferme les yeux sur la mauvaise gestion au sein d’ASBL semi-publiques.”
Pour le cdH, rien de choquant au fait qu’Henri Dineur soit maintenu et payé par Brussels Expo puisqu’il n’a jamais été condamné et est rémunéré sur les fonds propres de Brussels Expo qui viennent de ses recettes. “On ne met pas d’argent public dans son salaire alors que s’il était payé par Neo, cela serait des subsides venant de la Ville et de la Région”, commente Christian Ceux (cdH), administrateur régional de Neo.
Au MR, on n’a rien à redire non plus sauf peut-être un conflit d’intérêt entre le poste chez Neo et le poste de président du conseil d’administration de Square, le centre de congrès existant au Mont des arts. “Par contre, le conseil d’administration de Neo n’est pas ouvert à l’opposition, ce qui est bien dommage”, regrette le conseiller communal libéral David Weytsman.
En effet, contrairement aux autres ASBL de la Ville, Neo n’a pas de membre de l’opposition dans son conseil d’administration. Comme la Région n’a pas ouvert ses structures, la Ville a décidé de ne pas le faire avec Neo qui est à moitié régionale.
Alors pourquoi Henri Dineur est-il passé de représentant de Brussels Expo à celui de représentant de la Ville au sein de Neo? “C’était pour permettre à Philippe Close de libérer un poste d’administrateur sur le quota PS, explique Henri Dineur. Les socialistes perdent ainsi un représentant qui a été donné à Défi pour que tous les membres de la majorité à la Ville de Bruxelles soient représentés. Cela nous semblait être une bonne gestion.”
Vanessa Lhuillier – Photo: BX1