Un conseil communal particulièrement agité à Anderlecht: le PTB veut la démission du MR Gaëtan Van Goidsenhoven
Le conseil communal d’Anderlecht était particulièrement tendu, ce 6 novembre. “Depuis le début de la législature, cela a été le plus brutal“, décrit le président du conseil Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).
Outre le rejet des deux ordonnances de couvre-feu proposées par le bourgmestre Fabrice Cumps (PS), la séance a aussi été marquée par plusieurs échanges houleux entre conseillers communaux. Le lendemain, Patricia Polanco, cheffe de groupe PTB, déplore dans un communiqué avoir été interrompue à plusieurs reprises par le président du conseil.
L’élue souhaitait profiter du vote du budget du CPAS pour évoquer “les propos inacceptables” de la vice-présidente du CPAS, Marcela Gori (MR). Cette dernière avait publié, en début de semaine, un texte qui n’est pas passé inaperçu: “On arrive en Belgique en 2014, on s’inscrit directement au CPAS, on envoie chaque année un certificat médical disant qu’on ne peut rien faire, et pendant 11 ans, on touche le “win for life” sans jamais avoir cotisé un seul euro à la sécurité sociale ou aux impôts“.
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“J’ai à peine pu prononcer son nom qu’il a dit que c’était hors-sujet. Pendant plusieurs minutes, il m’a empêché de poser mes questions“, déplore la conseillère communale. “Ça n’a rien à voir avec le point madame, je suis désolé. C’est moi qui préside et je pense qu’il y a déjà eu assez d’invectives ce soir. Ça va suffire, on s’en tient au point. Je préside, j’en ai marre“, réagit alors Gaëtan Van Goidsenhoven, visiblement irrité par cette situation, tandis que Patricia Polanco insiste tant bien que mal.
Progressivement, le ton monte entre les deux élus. Pour le président du conseil, ce point ne concerne pas la commune. S’ensuivent des hurlements tant du côté de l’opposition que de la majorité. “Mais tu es malade dans ta tête toi“, lance à un moment donné l’échevin Achille Vandyck (MR) à la conseillère communale PTB. Le président du conseil, lui aussi, perd patience, et élève la voix.
Le PTB y voit un incident “inacceptable” et “condamne fermement une dérive autoritaire du MR”. Patricia Polanco estime que “le Président du conseil communal coupe systématiquement la parole de l’opposition, dès qu’un point dérange. On sent le deux poids, deux mesures, lorsque la majorité ou l’opposition intervient. Par exemple, “Arizona” est le mot qu’on ne peut pas prononcer. Tout ce qui touche au MR et à sa politique antisociale, qui a des conséquences sur les communes, est censuré“.
Pour le parti d’opposition “Gaëtan Van Goidsenhoven n’est plus apte à présider le conseil” et compte porter plainte à l’autorité de tutelle et déposer une motion de défiance à son égard au prochain conseil.
“C’était le cirque romain”
Gaëtan Van Goidsenhoven évoque, de son côté, un conseil communal particulièrement pénible. Il déplore des invectives personnelles tout au long de la séance tant du côté de l’opposition que de la majorité. “C’était le cirque romain. Ce n’est pas un combat de gladiateur que je dois présider“, réagit-il, encore remonté au lendemain de cette séance. “On a parlé de tout et de n’importe quoi hier pour susciter des hurlements. Lorsque des propos me semblent hors cadre, c’est mon rôle de revenir au débat. Il y a des conseillers des deux bancs que j’ai dû interrompre“.
Le président du conseil estime avoir été, hier soir, “on ne peut plus ouvert” et admet avoir interrompu bien trop souvent des conseillers “qui avaient une volonté manifeste de monter le désordre“.
Gaëtan Van Goidsenhoven se défend de museler l’opposition et réagit aux propos de Patricia Polanco : “C’est absolument ridicule. Ou y a t-il l’Arizona au sein de la commune d’Anderlecht ? On peut effectivement transformer le conseil communal en mini chambre de représentant, mais ce n’est pas le lieu“.
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Face à l’annonce de la motion de défiance, l’élu assume : “Si on veut quelqu’un de mou et de tolérant à l’égard de cela, il faut choisir quelqu’un d’autre. Tant que je serai président, les partisans du chaos doivent savoir que je serai face à eux“.
Le PTB, en plus de la démission de Gaëtan Van Goidsenhoven, réclame les excuses de Marcela Gori, “pour ses propos scandaleux” et de Achille Vandyck, “pour son manque de respect lors de la séance du conseil“.
Plusieurs dizaines de membres du collectif Zone Neutre et des citoyens sont également venus interpeller la majorité à propos de l’expulsion du bâtiment du square de l’Aviation, survenue le 17 octobre. Là aussi, il y a eu des cris, interruptions et tensions qui ont compliqué le travail du président.
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Maxime Dieu





