L’Etat belge a son accord sur le nucléaire avec Engie : voici les conditions posées

Après plusieurs mois de négociation, le gouvernement fédéral et Engie ont annoncé ce jeudi matin la prolongation de deux réacteurs, Doel 4 et Tihange 3, pour dix années supplémentaires, alors que la loi prévoyait l’extinction de tous les réacteurs avant fin 2025. Un accord obtenu sous plusieurs conditions.

  • Un financement partagé

La première concerne le financement de cette prolongation. L’Etat et Engie se sont engagés pour cela à être partenaires à 50-50 dans une structure juridique. Concrètement, ils supporteront chacun 50% des coûts d’investissement pour préparer les deux réacteurs à leur fonctionnement pendant dix ans.  

Par ailleurs, un “strike price”, une sorte de coût de revient, a été fixé. Ce coût représente l’ensemble des charges qu’Engie doit payer pour faire fonctionner ces réacteurs. Si le prix du marché de l’électricité devait être inférieur à ce coût, l’Etat comblera la différence. À l’inverse, en cas de prix du marché supérieur, les bénéfices excédentaires reviendront à l’Etat.   

Un système est mis en place pour inciter Engie à avoir un coût de revient le plus bas possible tout en ne générant pas des bénéfices excessifs.

  • Des réacteurs opérationnels pour l’hiver 2025 -2026

La sécurité énergétique semble donc assurée pour le long terme, mais les inquiétudes portaient surtout sur le court terme et l’hiver 2025-2026, étant donné que la prolongation de la durée de vie de ces réacteurs nécessite des travaux de rénovation et de mise en conformité. Pour  l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), réaliser tous ces travaux d’une traite aurait demandé l’arrêt des deux réacteurs jusqu’à l’hiver 2026-2027, soit trop tard par rapport à l’hiver de 2025-2026.

Pour pallier cela, le mécanisme “flex LTO” a été adopté dans l’accord. Il prévoit que les travaux nécessaires et indispensables à la prolongation seront réalisés l’été – avant l’échéance de redémarrage fixée à l’hiver 2025-2026 – et que le reste des travaux sera étalé sur les premières années de la prolongation.

Ce scénario doit permettre aux deux réacteurs de Tihange 3 et Doel 4 d’être opérationnels dès l’hiver 2025-2026.

  • Un prix fixe pour la gestion des déchets

Le point sensible des discussions portait sur la mise en place de la fin de ces réacteurs, et plus particulièrement la gestion des déchets nucléaires et son coût. Là aussi un accord a finalement été trouvé.

Jusqu’ici, Engie approvisionnait régulièrement le fonds Synatom qui devait servir à terme à payer la facture de la gestion des déchets nucléaires. Tous les trois ans, le montant de la facture pour Engie était recalculé en fonction des évolutions, ce qui engendrait de grandes incertitudes pour l’opérateur énergétique qui plaidait pour un prix fixé à l’avance. 

C’est désormais chose faite avec cet accord. Il a été décidé qu’Engie paierait en deux fois une enveloppe fermée à hauteur de 15 milliards d’euros – en plus des sommes déjà déposées sur le fonds Synatom – et que l’Etat se chargerait du surplus. “Le montant total des engagements nucléaires d’Engie envers la Belgique s’élève désormais à minimum 23 milliards d’euros“, indiquent les parties.

À voir désormais comment tout cela va s’appliquer dans la pratique, mais tant du côté d’Engie que du côté de l’Etat, on se félicite de cet accord.

Voir aussi | Jean-Marc Nollet : “Le nucléaire n’est pas une solution d’avenir”

■ Les explications de Victor de Thier dans le 12h30