L’édito de Fabrice Grosfilley : il est où le bonheur ?

Dans son édito du mercredi 20 mars, Fabrice Grosfilley revient sur le rapport annuel sur l’état du bonheur dans le monde.

Il est où le bonheur, il est où ? Il est là le bonheur, il est là” … Si cette chanson de Christophe Maé vous agace, vous m’excuserez de vous l’avoir remis en tête, mais je voudrais effectivement vous entretenir du bonheur aujourd’hui. Et plus précisément des pays où l’on peut se sentir heureux. Aujourd’hui, le 20 mars, c’est la journée internationale du bonheur. A cette occasion, la très sérieuse Organisation des Nations Unies publie un rapport annuel sur l’état du bonheur dans le monde. Dans ce rapport, figure notamment un classement des pays où l’on peut être heureux. Pour la 7eme année consécutive, c’est la Finlande qui arrive en tête. Les pays nordiques sont d’ailleurs un aimant à bonheur, en deuxième position on trouve le Danemark, en 3e l’Islande, et la Suède occupe la 4e place. Ce classement est basé sur l’évaluation que les gens font de leur bonheur, on interroge donc les populations, ainsi que sur des données économiques et sociales objectives : le rapport prend en compte six facteurs clé : le soutien social, le revenu, la santé, la liberté, la générosité et l’absence de corruption.

Pourquoi les Finlandais sont-ils plus heureux que les autres ? Peut-être parce qu’ils ont une plus grande proximité avec la nature et un bon équilibre entre travail et vie privée a expliqué à l’AFP une chercheuse spécialisée dans cette thématique à l’Université d’Helsinki. Les Finlandais auraient une “compréhension plus accessible de ce qu’est une une vie réussie”, comparé par exemple aux Etats-Unis où la réussite est souvent associée aux gains financiers, ajoute-t-elle. La confiance dans les institutions, la faible corruption et l’accès gratuit aux soins et à l’éducation sont également primordiaux : “la société finlandaise est imprégnée d’un sentiment de confiance, de liberté et d’un niveau élevé d’autonomie”. Il en faudrait donc peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux : ll faut se satisfaire du nécessaire.

Heureux finlandais donc, heureux scandinaves d’une manière générale. Il faut d’ailleurs souligner que d’une manière générale l’Europe est un continent plutôt heureux. Dans le top 20 de ce classement on trouve pas moins de 13 nations européennes. Les Néerlandais sont ainsi en 6e position, la Belgique pointe à la 16e place, derrière le Canada et devant l’Irlande. On notera que de grand pays européens comme l’Allemagne ou la France en revanche sont sortis du top 20. Même chose pour les États-Unis qui sont en 23e position :  les petits pays s’en sortent d’ailleurs mieux que les grands dans ce classement. A l’autre bout du hit parade de la joie, l’Afghanistan, en proie à une catastrophe humanitaire depuis le retour au pouvoir des talibans en 2020, occupe la dernière place des 143 pays étudiés. Le Liban, la Sierre-Leone, le Lesotho, la République Démocratique du Congo font également parti des pays où l’on a de vrais raisons de ne pas être heureux.

Le rapport annuel met également en évidence un sentiment de bonheur plus fort chez les jeunes générations que les plus âgées dans la plupart des régions, mais pas toutes.
Ainsi l’indice de bonheur a reculé de façon spectaculaire depuis 2006-10 chez les moins de 30 ans en Amérique du Nord, Australie et Nouvelle-Zélande, où il est désormais inférieur aux plus âgés dans ces régions. C’est un signal interpellant. Que la jeunesse ne s’estime pas toujours heureuse, ou pas aussi heureuse que les générations qui l’ont précédé est une donnée à laquelle nous devons être attentif. Le réchauffement climatique, la guerre en Ukraine, les difficultés économiques, tout cela pèse évidement sur ce sentiment de bonheur. Pour conclure, je vous souhaiterai, cher lecteur, tout le bonheur du monde, pour aujourd’hui, comme pour demain, que votre chemin évite les bombes et que quelqu’un vous tende la main.

Fabrice Grosfilley