L’édito de Fabrice Grosfilley : courses parallèles

Ce sont deux courses en parallèle.  D’un côté, le MR prétend vouloir déposer une déclaration de politique générale. De l’autre, le PS explore des pistes de majorité alternative. Quand on parle de course, ne vous attendez pas à un sprint. Ce serait plutôt l’un des nombreux épisodes d’un triathlon qui n’en finit plus. On envisageait un 400 mètres haies, ce fut finalement un 3 000 mètres, puis le stade du marathon fut largement dépassé, et maintenant qu’on a voté il y a quasiment 12 mois, c’est plutôt du côté d’une course à étapes, façon Giro ou Tour de France, qu’il faudrait filer la métaphore.

Dernière péripétie : une interview d’Yvan Verougstraete, désormais président du parti Les Engagés, dans le journal La Libre Belgique. Yvan Verougstraete y sommait le MR de sortir de sa léthargie et de commencer à réellement négocier la fameuse note de politique générale annoncée par GLB et David Leisterh. Délai : une semaine. « Il ne doit pas être impossible de nous envoyer un document », insistait Yvan Verougstraete, dans ce qui ressemble à un ultimatum.

On rappellera qu’en l’état actuel, l’initiative libérale est vouée à l’échec. Elle n’est pas en mesure de recueillir une majorité — c’est purement mathématique. Au mieux, c’est une opération de communication pour gagner du temps. Au pire, une stratégie de pourrissement destinée à laisser le budget de la Région s’enfoncer encore davantage.

De l’autre côté, Ahmed Laaouej a multiplié les contacts pour tenter de convaincre le PTB et Écolo de monter dans une majorité de gauche, type majorité forestoise. Pour l’instant, les ptbistes sont dubitatifs : pourquoi gouverner si c’est pour devoir faire des économies, donc mener une politique de droite ? Et les écologistes sont tout aussi réservés : pourquoi monter dans une majorité de gauche quand ce parti sait qu’il doit plutôt aller chercher des électeurs au centre droit s’il veut pouvoir gagner des élections ?

Ces deux courses en parallèle ressemblent donc aujourd’hui à deux courses vers l’échec. À ce stade, aucune des deux pistes ne semble pouvoir réussir. Ni le MR ni le PS ne peuvent s’en sortir sans l’aide d’au moins deux partis partenaires. À ce petit jeu, Écolo, Les Engagés et DéFI se retrouvent au centre. Avec un constat : les écologistes semblent avoir perdu leur boussole après leur contre-performance du mois de juin. Ce n’est ni gauche ni droite. Un refus poli — mais un refus quand même — de toute entrée en négociation.

Pour DéFI, le cœur penche plus clairement vers le centre droit, mais le parti refuse toute alliance avec la N-VA. Et on ajoutera qu’avec 4 députés et des risques de dissensions internes, DéFI ne pourra être que la cinquième roue du carrosse gouvernemental.

Restent enfin Les Engagés, qui semblaient faire la course dans la roue du MR. Les deux partis ont lié leur destin en Wallonie, au fédéral, à la Fédération Wallonie-Bruxelles. À Bruxelles, cela semblait couler de source. Mais maintenant qu’on entre dans les épreuves de haute montagne, et que l’équipier sent son chef de route en perdition, il n’exclut plus de prendre son autonomie. Sans doute pas pour viser la victoire finale, mais peut-être pour endosser une mission intermédiaire.

On imagine bien Yvan Verougstraete tenter, par exemple, de remettre MR et PS autour d’une même table. Parce qu’amener ces deux formations à collaborer reste le chemin le plus efficace pour aboutir à une majorité stable. Et si, comme c’est probable, dans les prochains jours, le MR met pied à terre, et que le PS ne parvient pas à constituer une équipe pour continuer l’aventure, cela voudra dire, en tout cas, que la ligne d’arrivée pour la Région bruxelloise est encore loin.

Partager l'article

19 mai 2025 - 10h57
Modifié le 19 mai 2025 - 10h57

Concours

Aucun concours pour l'instant