Le 11 septembre des Bruxellois : que faisiez-vous ce jour-là ?
Il y a vingt ans, jour pour jour, l’Amérique était attaquée en son coeur, lors de quatre attentats-suicide. Près de 3.000 personnes perdront la vie, à New York, près de Washington et en Pennsylvanie.
Lorsque l’on évoque les attentats du 11 septembre, tout le monde semble se souvenir ce qu’il faisait ce jour-là, presque minute par minute : lorsque l’on a appris qu’un avion avait percuté l’une des tours du World Trade Center, lorsqu’un second avion entra en collision avec la seconde tour, leur effondrement, l’attentat sur le Pentagone, et le crash du vol 93.
► Reportage | Vingt ans plus tard, les Belges présents à New York le 11 septembre 2001 se souviennent
Vingt ans après, nous avons interrogé quelques Bruxellois, qui se souviennent de cette journée.
Gaëtan, 51 ans, infirmier le 11 septembre 2001
Il y a vingt ans, Gaëtan était infirmier aux soins intensifs du CHU Saint-Pierre. “Le 11 septembre 2001, après avoir terminé ma journée de travail, j’ai pris ma voiture pour rentrer à la maison. J’allume la radio, et j’écoute longuement les propos d’un animateur radio. Au vu des informations, j’ai d’abord cru qu’il s’agissait de la sortie d’un nouveau film au cinéma : après de longues minutes, ayant envie d’écouter de la musique, je change de station de radio, et je me rends vite compte que toutes les autres stations parlaient de la même chose. Non, il ne s’agissait pas d’un film catastrophe, mais d’une réalité impensable“, relate ce Bruxellois, âgé aujourd’hui de 51 ans.
À l’écoute de la radio, Gaëtan apprend alors l’attentat sur le Pentagone, près de Washington D.C. : “En direct, j’apprends que le Pentagone est touché. Je rappelle le service des soins intensifs, où je hurle au téléphone qu’il faut allumer la télévision, que c’est la guerre aux Etats-Unis. En rentrant à la maison, j’ai regardé en boucle jusqu’au bout de la nuit les terribles images de ces attaques. Le monde avait changé, et reste marqué à jamais. Encore aujourd’hui, le terrorisme touche des milliers de victimes. J’ai une pensée émue pour l’ensemble des victimes qui sont décédées en ce jour de septembre 2001. Les pompiers, secouristes, policiers auront payé un lourd tribu en essayant de sauver les victimes“, conclut-il.
Today marks the 20th anniversary of the 9/11 terrorist attacks.
We remember the courage and sacrifice of the firefighters that day and all the people who bravely responded with them to save lives and help the injured to safety. pic.twitter.com/fdx6MVwGM2
— International Fire Training Centre (@iftcentre) September 11, 2021
Pascale, 54 ans, employée le 11 septembre 2001
Pascale, aujourd’hui cinquantenaire, a une histoire particulière avec la date du 11 septembre… puisqu’il s’agit de son anniversaire. Elle fêtait alors ses 34 ans. “J’étais au bureau, et j’avais apporté une énorme boîte de pralines, je passais d’un bureau à l’autre. Quand je suis arrivé dans celui d’un collègue, il m’a expliqué ce qu’il avait vu sur Internet : un premier avion dans une des tours du World Trade Center. On a cru que c’était un accident“.
Mais Pascale comprend rapidement que la situation est bien plus grave. “Au second avion, on a réalisé que ce n’était pas un accident. Cela a été un énorme choc. Mais il faut savoir qu’à l’époque, l’accès à Internet n’était pas si facile dans les bureaux, on avait donc une information limitée, avec seulement quelques personnes qui y avaient accès, et qui nous disaient ce qu’ils lisaient“.
“Je suis ensuite rentrée à la maison, en métro, avec la boule au ventre, en ne sachant pas s’il se passerait quelque chose ici“, ajoute cette employée, qui travaillaient à l’époque pour une compagnie d’assurances. “De retour à la maison, on a regardé les images à la télévision, mais c’était compliqué car on essayait que notre fils, qui avait quatre ans, ne voit rien. Il était trop petit que pour pouvoir lui expliquer, mais nous, on voulait s’informer“.
L’image qu’elle garde de cette journée ? Les employés se jetant des étages en feu, “mais aussi, les passagers héroïques du vol 93. Je me souviens aussi avec beaucoup d’émotion des coups de fil que différentes victimes ont pu passer à leurs familles avant de mourir“, conclut cette Bruxelloise.
Phone call from Brian Sweeney, passenger on Flight 175, to his wife. #NeverForget #September11th pic.twitter.com/6yHVxrzZ6z
— The Pottery Shop (@shoppotteryshop) September 10, 2021
Eric, 54 ans, agent de voyage le 11 septembre 2001
Le 11 septembre 2001, Eric était agent de voyage, et occupe toujours cette fonction. C’est par téléphone, depuis Bruxelles, qu’il apprend la chute de la première Tour Jumelle. “J’étais au téléphone avec un client libanais, à Beyrouth. Il était occupé à me commander un billet, en regardant la télévision. Lorsque la première tour s’écroule, il s’interrompt et me dit ‘Une des tour du World Trade Center vient de s’écrouler. Deux avions se sont crashés, c’est probablement terroriste'”, se souvient ce Bruxellois.
Plus tard, Eric reste à son travail, “on entendait des infos de part et d’autres. On avait aussi des clients qui nous appelaient en demandant quoi faire suite à la fermeture des frontières et de l’espace aérien américain. Certains de mes clients, qui volaient vers les Etats-Unis étaient déroutés, notamment vers le Canada“.
Les jours suivants, cet agent de voyage devra notamment gérer les retours des Etats-Unis de clients coincés là-bas. “On était très occupés, pour changer les dates de voyage, voir quand nos clients pourraient être rapatriés“, conclut-il.
11 septembre 2001 : le premier jour d’un autre monde…Une foule de New Yorkais assiste éberluée à l’effondrement de la tour sud du World Trade Center à 9 h 59 précises. Photographie incroyable de force et d’émotion prise par Patrick Witty. pic.twitter.com/ENLzCc3nrK
— Stephane Celerier (@stephanecel) September 11, 2021
Morgane, 25 ans, élève de primaire le 11 septembre 2001
Morgane a aujourd’hui 25 ans. À l’époque des attentats de 2001, elle était donc élève en primaire, mais a pourtant de vifs souvenirs de cette journée. C’est au retour à la maison, en fin de journée heure belge, qu’elle apprend les attentats aux Etats-Unis. “On était au moment de souper, et comme souvent mes parents avaient allumé la télévision. C’était une toute petite télé, en noir et blanc, que mon père avait gagné à un concours, et donc souvent on écoutait plus le son des nouvelles plutôt que de les regarder“, relate la jeune femme, “Et je m’en souviens, comme si c’était hier, de ces images incroyables. On a arrêté de manger, on s’est rassemblé autour de la télévision, et on était scotchés à l’écran, sans parler“.
Malgré son jeune âge à l’époque, cette Bruxelloise reste très marquée par ces événements, tout comme sa famille : “depuis, mon frère a vraiment peur de l’avion, il appréhende à chaque fois qu’il doit prendre un vol, et je suis persuadée que cela vient de là“, explique-t-elle.
“C’était vraiment de la consternation : tu prends conscience, au fur et à mesure, sans parler. Il n’y avait plus que l’écran qui existait. C’était choquant, même si j’avais encore ma naïveté d’enfant. Le fait de voir ces images, de mettre des visuels dessus. C’est un truc, encore maintenant, quand j’y penses, cela me rend profondément triste, surtout ces images de personnes qui se défenestraient“, explique-t-elle, en référence aux terribles images de victimes coincées dans les étages supérieurs des Tours Jumelles, qui se jetaient dans le vide.
Parmi les victimes du 11 Septembre certaines demeurent encore inconnues. On ignore toujours qui est l’homme qui se trouve au cœur de la photo très célèbre “The Falling Man” du photographe Richard Drew.
[ #11settembre #11Sep #11Septembre ] pic.twitter.com/zMGX5fybjT
— Image d’archive (@photo_histoire) September 10, 2021
Roland, 80 ans, retraité le 11 septembre 2001
Il y a vingt ans, Roland était déjà retraité, ancien directeur d’école primaire. “J’avais appris les attentats par la radio, et j’avais allumé la télévision. Une demi-heure plus tard, une ancienne collègue m’a appelé, en panique, en disant que sa fille se trouvait à New York à ce moment-là. J’ai dû la rassurer au téléphone, et heureusement sa fille n’a rien eu, mais ne pouvait donner de nouvelles“, explique-t-il.
“L’image qui m’a le plus marqué, c’est l’effondrement des tours. Lorsque le deuxième avion a percuté l’une des tours, on savait que ce n’était plus un accident, mais quelque chose de volontaire“, relate Roland, “je me souviens aussi de ces visions de gens couverts de poussière grise, qui sortaient comme des fantômes hors du nuage, qui couraient ou marchaient. Presque des zombies…“.
En ce 11 septembre 2021, ce Bruxellois indique aussi avoir une pensée émue pour les pompiers morts ce jour-là, “on a notamment appris en direct qu’une colonne de pompiers montait dans une des tours, juste au moment où elle s’effondrait“.
This photo shows an American flag through the cloud of dust on the evening of September 11, 2001. I remember where I was on 9-11, SWE pic.twitter.com/TuBGSdv9x1
— Julie Borque (@JulieBorque) September 6, 2021
Et à BX1 ?
Il y a vingt ans, BX1 s’appelait encore Télé Bruxelles. À l’époque, une de nos équipes, composée de Marie-Noëlle Dinant et Béatrice Broutout, se trouvait à Boston, pour suivre une délégation belge avec notamment du Prince Laurent. Quelques heures après l’attentat, elles prennent la direction, en voiture, de New York, où elles seront la première équipe de télévision belge sur place.
Que faisaient les autres journalistes de BX1 ce jour-là ? C’était le sujet de la Tour de contrôle de Jean-Jacques Deleeuw, ce vendredi dans Toujours + d’Actu :
Arnaud Bruckner – Photo : Belga (archives)