Fusillades à Bruxelles: le procureur du roi Julien Moinil est “très optimiste mais il y a 250 fusillades de retard”

Les incidents de tirs à l’arme à feu liées au trafic de drogue se sont multipliés depuis l’année dernière en Région bruxelloise. Si les fusillades semblent un peu moins fréquentes ces dernières semaines, “on ne peut pas faire de projection à si court terme même s’il y a eu une légère accalmie“. Le procureur du roi de Bruxelles Julien Moinil veut rester “prudent face à ce travail de longue haleine“. Il est l’invité de +d’actu ce vendredi.

En poste depuis janvier, le procureur du roi de Bruxelles Julien Moinil alerte les politiques et a élaboré un plan d’action contre le narcotrafic en “s’attaquant à tous ses aspects. On était à 24% de réponse pénale, on a manifestement doublé cela dès les cinq premiers mois“, explique-t-il.

Plus précisément, “en ce qui concerne le meurtre qui a été perpétré à la station de métro Clémenceau, ce jeune qui a été abattu d’une balle dans le dos, une opération a eu lieu et divers mandats d’arrêt ont été délivrés. Donc, les personnes impliquées semblent être pour l’instant hors d’état de nuire. Et en ce qui concerne une deuxième fusillade qui a eu lieu au Peterbos avec un individu d’une cinquantaine d’années abattu, là aussi, nous avons mené une opération et les auteurs sont sous mandat d’arrêt. Je souligne l’exceptionnel travail de la police fédérale qui travaille d’arrache-pied.

Notre dossier sur les fusillades à Bruxelles

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“Il y a 250 fusillades de retard”

Le procureur du roi reste toutefois prudent et avertit: le travail sera long. “Forcément, les auteurs qui ont perpétré des fusillades qui ont été appréhendés ne peuvent plus en commettre, puisqu’ils sont derrière les barreaux. Mais ça ne veut pas dire que le travail est derrière nous. Il est devant nous“, précise-t-il. “C‘est un travail de longue haleine et pour moi, c’est même un travail de plusieurs années pour démanteler tous ces groupes organisés. Je suis très optimiste vu la qualité des enquêteurs qui travaillent sur ces dossiers là. Mais il y a 250 fusillades de retard. Donc le travail de démantèlement du crime organisé à Bruxelles, c’est un travail de longue haleine.

Julien Moinil “tient aussi à rassurer les citoyens. Nous travaillons d’arrache pied, mais il y a du retard. Il y a un enracinement du crime organisé qui nécessite beaucoup de temps et de moyens pour arriver à ce qu’on fasse place nette.

Un commanditaire qui était tranquillement installé à Dubaï

Retrouver les auteurs, on le fait. Et d’ailleurs, la preuve, c’est que la plupart, ou certains en tout cas, sont en prison“, poursuit le procureur du roi, y compris les commanditaires mais, insiste-t-il:  “c’est très problématique que certains commanditaires se trouvent derrière les barreaux et puissent encore, avec leurs moyens d’action, perpétrer ce genre de faits.”

Et quand les commanditaires opèrent depuis l’étranger? “On le fait aussi. Ça a été par exemple un peu plus compliqué avec les Émirats arabes mais grâce à la coopération que nous avons pu mettre en place, le parquet fédéral, les parquets locaux et certainement le parquet d’Anvers également avec les autorités judiciaires, nous extradons maintenant depuis Dubaï. Nous avons réussi à extrader un commanditaire qui était tranquillement installé à Dubaï et il est dans nos geôles. Donc oui, ça fonctionne et on s’améliore, certainement avec les pays qui collaboraient moins au départ.”

 

Dans la nuit de mercredi à jeudi, le gouvernement réuni en comité restreint s’est accordé, selon le cabinet de la ministre de la Justice Annelies Verlinden, sur des “mesures d’urgence” visant à désengorger les prisons. Comme annoncé dans le cadre de l’accord de Pâques, la ministre de la Justice entend toucher aux catégories de détenus purgeant une peine égale ou inférieure à trois ans de prison, qui peuvent bénéficier de “modalités d’exécution de la peine”, par exemple la surveillance électronique ou la libération conditionnelle.

Moi, je plaide pour que les jugements soient exécutés“, réagit Julien Moinil. “Si un juge décide qu’une personne doit être condamnée à deux ans d’emprisonnement, c’est qu’il a estimé que les mesures alternatives n’étaient pas adéquates, puisque le juge peut très bien prononcer une surveillance électronique ou un sursis probatoire avec des conditions. Et donc je trouve que c’est vraiment un manque de respect vis à vis des décisions judiciaires. Moi je fais confiance à la justice, aux juges et il faut exécuter les décisions.”

Mais je ne plaide pas pour plus de prisons. On a quand même 4200 détenus qui ne sont pas belges et dont il y a des difficultés certainement pour beaucoup d’entre eux, de réinsertion, puisqu’ils sont sans titre de séjour pour certains. Je suis pour un éloignement des détenus étrangers, peu importe le pays.”

BX1

 

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23 mai 2025 - 16h41
Modifié le 23 mai 2025 - 18h41

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