L’ex-président du CPAS d’Anderlecht conteste tout clientélisme de sa part

L’ex-président du CPAS d’Anderlecht, Mustapha Akouz, a contesté mardi tout clientélisme de sa part dans la gestion de cette institution entre décembre 2018 et juin 2024.

Mis en cause à la suite d’un reportage de la VRT, le mandataire PS s’est longuement expliqué devant la commission des Affaires sociales de la Chambre. “Nous devons reconnaître qu’il y a eu des défaillances de la part du CPAS”, a-t-il indiqué, avant de resituer l’institution dans le paysage belge: Anderlecht est la 3e commune la plus pauvre de Belgique, son CPAS reçoit 171.000 demandes et s’occupe de 20.000 usagers par an. La part de revenus d’intégration sociale dans la population des 18-64 ans atteint 8,9% alors que le CPAS peine à recruter des assistants sociaux et que les crises se sont succédé: covid, guerre en Ukraine, crise énergétique, inflation. Entre 2016 et 2023, le nombre d’octroi de RIS a augmenté de 35%.

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M. Akouz est accusé d’avoir favorisé par des interventions personnelles le traitement de certains dossiers au détriment d’autres. Plusieurs députés ont assuré avoir reçu des témoignages en attestant. Vincent Van Quickenborne (Open Vld) a cité plusieurs cas individuels. “Saviez-vous que l’on appelait le 3e étage du CPAS, où se trouve votre bureau, le couloir des miracles?”, a-t-il lancé. “A aucun moment, il n’y a eu de passe-droit, je n’ai jamais influencé une décision individuelle, il n’y a jamais eu de clientélisme”, a affirmé M. Akouz.

Conformément à la loi, le président a certes reçu des gens, mais toujours sur rendez-vous, en présence d’un collaborateur et de l’assistant social en charge du dossier, a-t-il dit. Lui-même ne siégeait pas dans le comité spécial du service social qui statuait sur les demandes d’aide sociale, a-t-il ajouté. Il a également accordé des interventions d’urgence, comme la loi l’y autorise, mais un règlement interne impose que celles-ci soient ratifiées par les instances compétentes et les limite à 250 euros par ménage. En six ans, cela représente à peine 12.500 euros.

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Pour ce qui est des problèmes de fonctionnement, sous sa mandature, M. Akuz a commandé trois audits à des consultants. De nombreuses questions ont été posées. Plusieurs députés ont dit rester sur leur faim. “Vous êtes dans le déni, on ne pourra pas s’arrêter là, il faudra une commission spéciale, une commission d’enquête”, selon le président de la commission, Denis Ducarme (MR). Le ton est monté entre les libéraux et le PS.

 Le ton est monté entre les libéraux et le PS. Dans sa réplique, M. Van Quickenborne a répété l’accusation de clientélisme et a réclamé la tenue de séances à huis clos où des personnes pourraient venir témoigner anonymement des problèmes au CPAS. “Ce que je viens d’entendre est indécent. Vous êtes là avec une logique strictement politique. Souhaitez-vous la vérité ou imposer votre narratif personnel?” a demandé Khalil Aouasti (PS).

Parmi les témoignages de dysfonctionnements brandis par certains députés, plusieurs viennent de travailleurs sociaux d’Anderlecht. Les différents intervenants, que ce soit M. Akuz, son bref successeur Lofti Mostefa, le membre du comité spécial du service social qui a dénoncé publiquement la situation au CPAS, José Fernandez Lopez, ou la directrice du service d’action sociale, Thérèse Dunst, ont mis en avant la masse de dossiers à gérer, dans un délai légal de trente jours, pour un nombre largement insuffisant d’assistants sociaux.  “Cette charge, je n’en peux plus”, a lancé M. Fernandez, manifestement marqué par les événements des dernières semaines. “Depuis la crise du covid, la situation a explosé et le nombre de dossiers n’a cessé de croître. Je suis déçu par la gestion du CPAS, de voir un management qui ne fait pas son travail, qui n’est pas là”.

Le reportage de la VRT reposait sur la facilité de frauder pour recevoir le RIS. “La fraude est marginale, que ce soit en nombre ou dans les montants, même si elle existe, il ne faut pas se leurrer”, a expliqué le président de l’association des secrétaires de CPAS de la Région de Bruxelles, Grégory Jacques. Le fonctionnaire a dressé le tableau des problèmes que vivent les CPAS de la capitale, où se concentre une grande partie de la pauvreté du royaume: manque “criant” de moyens, harmonisation insuffisante, comptabilité inadaptée, informatique désuète, etc. Une fusion des 19 institutions, comme le réclament les partis flamands, est-elle la solution? “Je n’en sais rien. Il faut prendre le temps de l’analyse. Mais un seul CPAS ne me paraît pas souhaitable. L’aide sociale nécessite une analyse au plus près, il ne faut pas éloigner les CPAS du terrain”, a-t-il fait remarquer.

Belga

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10 décembre 2024 - 13h08
Modifié le 11 décembre 2024 - 06h58