CPAS d’Anderlecht : les syndicats dépeignent une situation catastrophique pour le personnel

La charge de travail des assistants sociaux est bien plus élevée au CPAS d’Anderlecht que dans d’autres communes comparables, ont indiqué les représentants syndicaux mercredi en commission des Affaires sociales de la Chambre.

A Anderlecht, les assistants sociaux doivent traiter 200 dossiers. Dans la commune voisine de Molenbeek-Saint-Jean, “on a réussi à diminuer la charge de travail pour arriver à 120 dossiers en moyenne, ce qui est déjà beaucoup”, a fait observer Matthias Baert, délégué permanent CSC. Conséquence, il y a des dossiers “qui passent à la trappe, qu’on oublie”, a appuyé Jérôme Malazdra, délégué permanent CGSP. “Impossible de tout faire dans les règles de l’art”.

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Au CPAS d’Anderlecht, il manque 13 à 16 assistants sociaux pour compléter le cadre. Le turn-over est important avec une ancienneté moyenne de 2 ans. Le “middle management” a pratiquement disparu. Le burn-out et la dépression sont la règle, ont-ils énuméré. Ces auditions ont lieu à la suite d’un reportage de l’émission Pano de la VRT qui a révélé un certain nombre d’abus. L’auditorat du travail de Bruxelles a ouvert une enquête sur une éventuelle fraude dans l’octroi d’allocations. Quelques jours plus tard, la chaîne publique flamande a aussi fait état de l’octroi d’aides au paiement de factures d’énergie à des personnes qui n’auraient pas dû en bénéficier.

Outre l’enquête de l’auditorat du travail, un audit externe est en cours. “Leurs conclusions vont être très dures et chacun devra se remettre en question”, ont anticipé les représentants syndicaux. La société experte en prévention et protection au travail Mensura mène également une enquête. Les syndicats disent avoir signalé tous ces problèmes en interne. Ils assurent être montés au conseil communal et jusqu’à la ministre de l’Intégration sociale Karine Lalieux. Mais “on n’a pas eu le même écho qu’un reportage de télévision. La prochaine fois, on fera peut-être un reportage…”, a ironisé M. Malazdra. Leur “plus grosse demande” est la mise en place d’un plan d’urgence “avec une vision politique, budgétaire et managériale”. Mais, à ce stade, “la seule réponse que nous avons reçue, c’est que le travail est en cours… en cours mais depuis bien longtemps…”

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Les syndicalistes ont enfin plaidé en faveur d’une statutarisation des agents, vue comme une protection pour dire ‘non’ à une injonction politique. “Un président de CPAS, un échevin n’est pas un chef de service !”, a de son côté lancé Sophie Faut, présidente bruxelloise du SLFP ALR (Administrations Locales et régionales). “Nous avons peur des dossiers disciplinaires qui vont tomber”. Un préavis de grève a été déposé au sein du CPAS anderlechtois. Une réunion du personnel aura lieu vendredi “pour établir nous-même un plan d’urgence”.

Belga