Après un an sans gouvernement, retour sur des négociations douloureuses et infructueuses
Il y a un an déjà , plus de 500 000 Bruxellois se rendaient dans les urnes, pour élire un gouvernement régional. Depuis le 9 juin, le quotidien politique est rythmé par des négociations, des échecs, des vétos… mais pas par la formation d’un gouvernement de plein exercice. Retour sur les épisodes marquants de ces douze derniers mois.
Cet après-midi, le Mouvement Réformateur, qui avait remporté le scrutin en juin dernier, organise une réunion avec les partis qui ont accepté. Parmi eux, six partis ont répondu favorablement (Open Vld, Vooruit, Groen, Les Engagés, CD&V, N-VA). L’absence du PS (qui n’a pas été invité), de DéFI et d’Ecolo posent question quant à la possibilité de former une majorité côté francophone. En effet, le front commun MR – Les Engagés ne comptabilisent que 28 sièges sur les 37 nécessaires.
Pour les deux partis francophones (DéFI et Ecolo), il n’est pas imaginable de se rendre à cette réunion sur les bases d’un “gouvernement minoritaire”. Ils regrettent également la présence de la N-VA. Le coprésident de la régionale bruxelloise d’Ecolo, Kalvin Soiresse affirmait que “le forcer à discuter avec la N-VA” revenait à maintenir une “manoeuvre dilatoire pratiquée depuis des mois” par les libéraux francophones.
Ces absences ne semblent pas découragés le président du MR, Georges-Louis Bouchez qui confiait à notre antenne ce matin : “Moi je vise une majorité parlementaire à 45 députés”, excluant ainsi l’option d’une majorité côté francophone.
■ Interview de Georges-Louis Bouchez dans Bonjour Bruxelles (06/06)
Retour par ordre chronologique inversé sur les événements marquants de ces 12 derniers mois.
Le MR propose un accord politique
La rencontre prévue ce jour fait suite à une proposition de déclaration politique présentée par le MR, intitulée “Pour que Bruxelles prenne son destin en main”.
Si certains partis ont salué l’initiative des libéraux, et se réjouissent d’enfin parler du fond, la majorité d’entre eux regrette la méthode employée. Sur notre antenne, Ans Persoons, cheffe de file de Vooruit déplorait que le texte ait été envoyé aux journalistes avant d’être présenté aux partis. “La méthode utilisée pose beaucoup de questions”.
■ Reportage | Formation bruxelloise : entre intérêt et mise en garde, les partis réagissent à la proposition du MR (28/05)
Une coalition progressiste
Le 24 avril, Georges-Louis Bouchez déclairait “qu’une majorité avec le PS n’est pas possible, car le parti a une attitude communautariste, ne veut pas de réforme budgétaire ou d’activation des chômeurs”. Ahmed Laouej dit prendre acte de “l’exclusion définitive” de son parti.
À l’occasion du 1er mai, le chef de file socialiste appelait à former un gouvernement progressiste. “Le PS veut prendre ses responsabilités (…) Voilà dix mois qu’on est sans gouvernement car le MR a été incapable de rassembler une majorité“, expliquait-il.
L’objectif est clair pour le socialiste : avoir un accord d’ici le 21 juillet. Celui-ci a d’ailleurs présenté une note à cinq partis de gauche (Ecolo, PTB, Groen, Vooruit et la Team Fouad Ahidarà.
Le document intitulé “Bruxelles, une région autonome, solidaire et populaire qui protège, répare et cultive”, et dont nous avons pu prendre connaissance, fixe un objectif : ramener la Région bruxelloise à l’équilibre budgétaire en dix ans.
"L'option d'un gouvernement minoritaire n'est pas un poisson d'avril"
Face au refus constant du PS de former un gouvernement avec la N-VA, le MR annonçait le 1er avril vouloir former un gouvernement minoritaire. “Ce n’est pas un poisson d’avril”, expliquait Georges-Louis Bouchez. “On ne va pas explorer la piste d’un gouvernement minoritaire, on va la travailler et la mettre en oeuvre”.
Une annonce qui n’avait pas fait l’unanimité auprès des autres partis. Si Groen se disait prêt à participer à une solution pour sortir Bruxelles de son impasse politiques, le parti s’interrogeait sur la stabilité de cette option.
Du côté d’Ecolo, l’hypothèse est tout simplement rejetée par Alain Maron, ministre sortant de l’Environnement. “Ça ne fonctionne pas un gouvernement minoritaire. Comment voulez-vous voter un budget?”, s’interrogeait-il.
Même son de cloche pour DéFI, “la proposition ne dispose même pas d’une majorité simple”, regrettait Sophie Rohonyi, présidente du parti.
Malgré ces refus, David Leisterh maintenait son appel à DéFI. “Il faut parfois laisser du temps au temps et nous continuerons de tenter de convaincre”, lançait-il à notre antenne.
■ Revoir l’émission + d’Actu (18/04)
Un commissaire de gouvernement pour la N-VA
Face à l’annonce du refus de l’Open Vld de poursuivre les discussions à sept partis, le président du MR, Georges-Louis Bouchez a demandé à chaque parti de se prononcer sur une proposition visant à adjoindre un commissaire N-VA au potentiel gouvernement. Une option que les socialistes ont immédiatement refusé.
■ Reportage | Formation bruxelloise : Bouchez propose un commissaire N-VA, Laaouej dit non (28/03)
Quelques jours auparavant, le 17 mars, le chef de file de l’Open Vld, Frédéric De Gucht signifiait que son parti ne monterait pas dans un gouvernement sans la N-VA. Alors que de nouvelles réunions ont eu lieu pour tenter de sortir de l’impasse, le libéral flamand n’y a pas participé.
■ Revoir l’interview de Frédéric De Gucht | Formation bruxelloise : “La N-VA doit faire partie de ce gouvernement”, insiste l’Open Vld
Fin de la mission des deux informateurs
À la suite de leur nomination, les deux informateurs, Elke Van den Brandt (Groen) et Christophe De Beukelaer (Les Engagés) ont initié des réunions et des rencontres avec les autres partis, pour tenter de débloquer la situation de crise politique. Leur objectif est clair : tenter de comprendre ce qui se cache derrière les vétos mis par les uns et les autres et essayer de les dépasser.
Après trois semaines de mission et plus de 40 rencontres, les informateurs bruxellois avaient demandé vendredi à sept formations de se prononcer d’ici lundi sur l’option d’une coalition MR, PS, Les Engagés, Groen, Vooruit, Open Vld, CD&V.
Leur nomination fait suite à l’annonce du retrait du formateur initial David Leisterh (MR).
David Leisterh n'est plus formateur bruxellois
Après huit mois de négociations pour tenter de former un gouvernement bruxellois, aucune coalition ne semble se dessiner. Le formateur David Leisterh (MR) s’était fixé un ultimatum à 17h avant de présenter sa démission en cas d’échec.
Il y a deux semaines, le formateur bruxellois, David Leisterh (MR) annonçait entamer ses “consultations de la dernière chance”, en vue de former un gouvernement bruxellois. Il affirmait à l’époque, être prêt à “tirer toutes les conclusions qui s’imposent au terme de ce processus”.
De son côté, le PS avait indiqué accueillir positivement l’initiative de David Leisterh. “Il est clair à présent que l’option poussée ces derniers mois de vouloir imposer la N-VA au gouvernement bruxellois ne recueille pas de majorité au Parlement bruxellois. Il est nécessaire de remettre sur la table de nouvelles formules. Le PS sera force de propositions dans ce cadre”, avait-il fait savoir dans un communiqué.
Changement de cap
Afin de contourner la NVA, une option reste sur la table : le CD&V. Si le parti se disait prêt à revenir dans les négociations, un mandat ne suffit pas pour le parti flamand.
Pour Benjamin Dalle, chef de file du parti à Bruxelles, une participation du CD&V ne se fera que s’il y a un changement fondamental de cap et s’il peut exercer un rôle à part entière dans le gouvernement bruxellois. “Avoir un ministre ou un secrétariat d’Etat au sein du gouvernement, mais sans changement de cap substantiel par rapport à la législature précédente, n’est pas non plus une option : la consistance du projet a la priorité pour notre parti”, déclarait-il.
Lors de ses consultations de la dernière chance, David Leisterh s’est entretenu avec Benjamin Dalle. “Il n’appartient pas au CD&V de fixer l’agenda des négociations. Il est également inacceptable que le PS veuille déterminer qui fera partie d’une majorité néerlandophone. C’est le travail des formateurs”, avait déclaré le formateur à l’issue de la réunion.
Veto du PS
Depuis le début des négociations, plusieurs formations ont émis des vétos : le MR, l’Open Vld et Les Engagés à l’égard du PTB et la Team Fouad Ahidar, et surtout le PS vis à vis de la NVA.
En effet, après l’annonce de la présence de la NVA dans la majorité côté néerlandophone, le parti tiré par Ahmed Laaouej s’était tout simplement retiré des négociations. “Les conditions pour sa participation aux négociations actuelles pour la formation d’un gouvernement bruxellois ne sont plus réunies”, avait-affirmé le parti à l’époque.
Reportage | Formation bruxelloise : la réticence de certains partis face à l’arrivée de la N-VA (18/11/24)
Pour le Bureau de la Fédération, les conditions de l’accord entre Groen, la NVA, l’Open Vld et Vooruit, présentées par la formatrice néerlandophone, Elke Van den Brandt (Groen) : “remettent en cause les équilibres institutionnels de la Région bruxelloise et les intérêts des francophones, autant que les intentions de ce document menacent les politiques de proximité des communes en matière de prévention, de sécurité ou de cohésion sociale”, selon le PS.
La décision du PS de quitter la table des négociations a été largement dénoncée par les autres partis francophones. “La capitulation du PS bruxellois ressemble plus à un manque de courage face à l’ampleur des réformes à mener à Bruxelles”, affirmait Les Engagés.
Une "supernota" controversée
Fin novembre, Elke Van den Brandt, chef de file de Groen avait présenté sa note de départ, aussi appelée “supernota” à ses partenaires de négociations Cieltje Van Achter (NVA), Frédéric De Gucht (Open Vld) et Ans Persoons (Vooruit). Celle-ci avait fuité dans la presse et n’avait pas fait l’unanimité.
Le document évoquait entre autres choses la piste d’une fusion des zones de police, des CPAS et des communes qui seraient remplacées au niveau local par des districts où l’on conserverait un guichet d’accueil pour les citoyens. Il n’en fallait pas plus aux francophones pour réagir vivement. Ils qualifient la note de “vieux fantasmes flamands”, ou encore de “servir la soupe à la NVA”.
Majorité côté néerlandophone
Alors que la formation écologiste néerlandophone est sortie en tête des listes flamandes lors des élections régionales du mois de juin dernier, Elke Van den Brandt cherchait à nouer une coalition miroir de celle trouvée côté francophone (MR, Les Engagés et PS). Pour cela, elle misait sur l’Open Vld, Vooruit et le CD&V. Mais avec seulement trois postes de ministre pour quatre partis, une formation devait être prête à renoncer à un portefeuille. L’Open VLD était disposé à le faire, à condition d’une majorité avec la NVA.

Le CD&V quant à lui, refusait de se contenter d’un mandat de commissaire du gouvernement. Si Groen a réaffirmé sa préférence pour le parti chrétien démocrate, la NVA est finalement sur la table des négociations.
► Reportage | Que veut la NVA Bruxelloise ? (14/02/25)
Retrait d'Elke Van den Brandt
Majorité francophone
Au terme de plusieurs semaines de tractations discrètes, le PS bruxellois a finalement marqué son accord jeudi 1er août pour entrer en négociation avec le MR et Les Engagés pour tenter de former un gouvernement bruxellois. En effet, depuis les élections du 9 juin, le MR avait entamé une phase d’information via son chef de file David Leisterh.
Mais fin juin, le bureau du PS Bruxellois avait acté “l’absence d’une note programmatique précise” à ses yeux, rencontrant les enjeux économiques, sociaux et environnementaux et s’appuyant sur une trajectoire budgétaire pluriannuelle qui “ne procède pas d’une austérité néfaste pour le corps social bruxellois”. Le chef de file du PS, Ahmed Laaouej en avait profité pour rappeler ses priorités politiques.
Alliance MR - Les Engagés
Au lendemain du scrutin, le MR et Les Engagés entament des discussions en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles et se présenteront en “bloc” au fédéral et dans le cadre des négociations bruxelloises.
► Reportage | Le MR et Les Engagés en binôme et “en bloc” à Bruxelles, en Wallonie et au fédéral (11/06/24)
"Je pense que je suis ministre-président"
Alors que les résultats des élections régionales du 9 juin sont connus, il y a un gagnant très clair : le MR qui devient ce soir le premier parti dans la capitale, avec une forte progression par rapport à 2019. Deuxième gagnant : le PTB, également en progression et qui va se hisser sur la troisième marche du podium. En deuxième position, un parti qui se stabilise et qui n’a pas perdu autant que ce que les sondages annonçaient : le PS. Ces trois partis dominent ce soir la politique bruxelloise.
Si cette soirée a été stressante pour la tête de liste bruxelloise libérale, David Leisterh, il nous confiait à l’époque, se voir déjà “Ministre-président”.
► Reportage | Hors Cadre – Le dimanche bleu de David Leisterh (14/06/24)
Parmi les perdants, difficile d’oublir Ecolo, qui a perdu une partie substantielle des électeurs qu’il avait réussi à conquérir il y a cinq ans. Revers aussi pour DéFI, qui connait une grande baisse par rapport à 2019.
Côté francophone, le MR est sorti en tête, avec 21 sièges, devant le PS (16) et le PTB (15). Les Engagés (8) sont remontés à la quatrième place, profitant du net recul d’Ecolo (7) et de DéFI (6). Du côté néerlandophone, Groen a conforté sa première place (4 sièges), précédant la Team Fouad Ahidar, nouvelle liste forte de 3 sièges, devant un quatuor N-VA/Open Vld/Vooruit/Vlaams Belang à deux sièges chacun et le CD&V (1).
E.D
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