Accueil des migrants : Médecins de Monde appellent les bourgmestres à plus d’humanité

Les opérations de police sont quotidiennes au parc Maximilien et aux alentours de la gare du Nord, où se trouvent des centaines de migrants en attente de transit ou d’une réponse de l’Office des Étrangers dans des conditions sanitaires déplorables. Les associations dénoncent des pratiques inhumaines et un blocage politique. Pour Médecins du Monde les pouvoirs locaux peuvent agir et mettant des abris à disposition et en signant des conventions avec les services d’accueil.

“Nettoyage”, c’est avec ce terme que Théo Francken tweet plusieurs fois par jour à propos de la situation au Parc Maximilien. Depuis plusieurs jours, chaque matin, la police procède à des interpellations, des migrants sont envoyés en centre fermé et le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration ne manque pas de s’en réjouir sur les réseaux sociaux. Des publications qui choquent citoyens, associations mais aussi parlementaires.

Sur notre antenne, le bourgmestre de Bruxelles Philippe Close (responsable de la police qui mène chaque jour des actions) confirmait ce mardi que des réunions avaient lieu avec la commune de Schaerbeek et les autorités fédérales, sans toutefois donner de solution concrète.

“Les pouvoirs locaux peuvent agir sans l’aide du Fédéral”

Pour Médecins du Monde, Philippe Close et Bernard Clerfayt (bourgmestre de Schaerbeek) ne sont pas responsables de ce qui arrive au Parc Maximilien et à la Gare du Nord, “Depuis début août au moins, ils interpellent le pouvoir fédéral dont la politique migratoire, concertée au niveau européen, porte la responsabilité de l’errance et de l’indignité dans lesquelles sont plongés quelques centaines de migrants, Erythréens et Soudanais pour la plupart.” mais ils peuvent toutefois “rendre un peu d’humanité à ceux qui se la voient refusée. Ils peuvent le faire seuls, sans l’aide du Fédéral.”

Concrètement, l’ONG demande que les bourgmestres mettent un abri à disposition des migrants et passent des conventions avec des services d’accueil. “La dignité humaine n’est pas une compétence exclusive du pouvoir fédéral.  Les autorités de Bruxelles et de Schaerbeek mènent d’ailleurs et fort pertinemment plusieurs politiques d’aide de première nécessité, à l’intention des personnes sans-abri, victimes de violences, ayant perdu leur maison dans un incendie, etc. Les CPAS locaux jouent un rôle de premier ordre puisque leur mission est de « garantir à chacun de vivre dans les conditions respectueuses de la dignité humaine”.

“On doit donc imaginer que le silence du Bourgmestre et du CPAS de la Ville de Bruxelles cache la préparation d’une solution, comme on peut trouver particulier de voir la commune de Schaerbeek se contenter de regretter l’inaction du fédéral en matière de dignité, alors que tous deux mettent en œuvre la politique strictement répressive préconisée par… le fédéral.”

“Ils peuvent légalement décider de ne pas collaborer à une politique qu’ils subissent”

“Les interventions actuelles sont le fruit d’une décision politique commune entre le Fédéral et les deux bourgmestres. La Police n’est que l’exécutant de ces ordres.” continue Médecins du Monde. L’ONG rappelle que, si l’on prend la peine d’écouter les forces de police, elles constatent que l’essentiel des éloignements s’opèrent dans le cadre du règlement de Dublin, c’est-à-dire que la Belgique renvoie les migrants non pas dans leur pays d’origine mais dans le pays européen où ils ont été pour la première fois enregistrés. “Ce qui revient à déplacer et reporter le problème au prix d’une humiliation et parfois de violences”.

Médecins du Monde demande aux autorités locales de Bruxelles et de Schaerbeek de mettre un terme aux opérations de police et d’entamer, avec les polices locales, un dialogue avec les services “qui œuvrent quotidiennement en faveur d’un contrôle réel de la situation et d’une protection des personnes exclues.” Et cela pour sauver la dignité des migrants, la quiétude des riverains ou encore le bon fonctionnement de la gare.