Rue de la Loi : comment la STIB augmentera ses tarifs en 2020
Ce fut le feuilleton de l’automne au gouvernement bruxellois : allait-on oui ou non augmenter les tarifs de la Société des Transports Intercommunaux Bruxellois l’an prochain ? Sur la table du gouvernement, une demande en ce sens émanant du management de la STIB, qui veut pouvoir compter sur plus de recettes pour absorber la croissance de son réseau et l’impact attendu de la gratuité annoncée pour certaines catégories de la population par l’accord de gouvernement. Dans les rangs de la majorité, des grognements venus des rangs socialistes et écologistes avaient croisé des messages plus conciliants venant de la part d’autres ministres (Bernard Clerfayt mettant en avant l’exigence d’un service de qualité par exemple), à tel point qu’on ne savait plus vraiment ce que la majorité voulait vraiment, devenant du coup la cible de flèches empoisonnées décochées des rangs cdH et MR. La situation était d’autant plus compliquée que le conseil d’administration était en plein renouvellement. Officiellement, rien n’est encore décidé, et le gouvernement a prié la STIB d’étayer sa demande. Dans les faits pourtant, selon les informations qui nous reviennent et recoupées à plusieurs sources, la STIB augmentera bien ses tarifs l’an prochain et cela se fera en deux temps.
Premier temps, et cette décision-là est bien ficelée, avec le ticket pour un voyage unique (“jump 1 voyage”) que vous pouvez acheter dans les stations de métro mais aussi auprès du conducteur. Pour décourager l’achat de ce ticket unique en papier et encourager le voyageur à opter pour une carte Mobib et une recharge de plusieurs tickets, le prix du “jump 1 voyage” grimpera de 50 centimes, passant de 2,10 euros à 2,60 euros dans sa version ticket papier, et même de 2,50 à 3 euros si vous l’achetez à l’avant du bus (pour tout ceux qui n’ont pas de carte mobib et voyagent occasionnellement par exemple). Cette mesure interviendra lorsqu’entreront en service les nouveaux terminaux qui permettront de payer son ticket par carte à l’entrée des bus et trams. L’argumentaire est le suivant : l’installation de ces terminaux et la transaction facturée par les banques coûtent cher, il faut donc pousser les consommateurs à opter pour des recharges 10 tickets plutôt que pour des tickets à l’unité. Par ailleurs la vente du ticket sous son format papier faire perdre du temps au conducteur et l’oblige à manipuler du cash. La STIB préfère donc promouvoir rapidement le paiement par carte bancaire ou par smartphone. Toutes les raisons sont donc là pour imposer un “surcoût” à ceux qui veulent rester au format papier. Toujours selon nos informations, l’entrée en vigueur des terminaux et de ces nouveaux tarifs interviendrait en avril ou mai (le test des terminaux de paiement embarqué débute à la mi -janvier).
La seconde phase concernera l’ensemble des tarifs (et pas seulement le ticket 1 voyage) mais elle ne devrait pas intervenir avant plusieurs mois. Traditionnellement, la STIB augmente ses tarifs en février, mais il faut que la décision soit adoptée en conseil d’administration au moins deux mois avant. Ce n’est pas le cas cette fois-ci et les arbitrages attendront que le gouvernement tienne son conclave budgétaire en mars. Toujours selon nos informations, la majorité converge désormais vers l’idée d’une indexation (ne dites plus augmentation) de l’ordre de 2 à 3% de l’ensemble des tarifs. La majorité insistera donc sur la notion de rattrapage : les tarifs des abonnements de la STIB n’ont pas bougé depuis 5 ans. Pour équilibrer les comptes, une autre mesure plus radicale encore est désormais à l’étude : il s’agirait de phaser en deux étapes la gratuité promise par l’accord de gouvernement en juillet dernier. La gratuité pour les moins de 25 ans serait ainsi bien concrétisée en 2020, comme annoncé… mais celle des séniors (les plus de 65 ans) pourrait attendre quelques mois de plus et ne pas devenir effective avant 2021.