Electricité gratuite, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce jeudi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito l’électricité produite demain entre 13h et 14h qui sera gratuite.

De l’électricité gratuite. Pendant une heure. C’est ce qui va se passer pour un certain nombre de très gros consommateurs pendant la journée de demain. Cette situation illustre la très grande complexité du marché de l’énergie.

0 euro du mégawattheure. C’est ce que paieront ou ne paieront pas un certain nombre de gros consommateurs demain entre 13 et 14 h. De l’électricité pour rien, ça fait rêver, mais ce n’est pas pour monsieur et madame tout le monde. Quand on parle de gros consommateurs, ce sont des entreprises pour lesquelles l’énergie est un des coûts de production les plus importants. Et en l’occurrence ici, les entreprises qui se fournissent auprès d’une bourse qui s’appelle Epex Spot et qui propose des contrats horaires dont le prix fluctue en fonction de l’offre et de la demande.

Si l’électricité en vient à être gratuite demain, c’est grâce aux énergies renouvelables. On attend pour demain une journée ensoleillée couplée à des vents stables et relativement forts, en particulier à la mi-journée. Conditions parfaites, on va donc produire plus d’électricité que nous en avons besoin. Pour ces gros consommateurs, le tarif horaire, cette semaine, est aux alentours de 250 euros du mégawattheure. C’est la moitié de ce qu’ils payaient ces dernières semaines. Et c’est le prix le plus bas depuis la mi-juillet.

Cette fluctuation des prix, elle est très symptomatique de la volatilité du marché de l’énergie. Où le décalage entre l’offre et la demande se traduit immédiatement par des fluctuations à la hausse et à la baisse. La situation de la journée de demain est un formidable argument pour ceux qui affirment que l’énergie renouvelable est la clef de notre futur énergétique et qu’on ne doit pas négliger son potentiel. C’est aussi un argument pour ceux qui doutent que les énergies vertes soient suffisantes pour assurer notre autonomie énergétique. Si ce mégawattheure à 0 euro est un événement, c’est bien la preuve que la plupart du temps le renouvelable ne suffit pas et qu’il faut investir dans un mix énergétique.

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Avoir plusieurs cordes à son arc électrique, c’est probablement la vision du futur. Est-ce qu’il faut que le nucléaire fasse ou non parti de ce panaché, c’est toute la question du moment. C’est ce qui amène la ministre de l’Intérieur à demander à ce qu’on ne démonte pas la centrale de Doel 3. Petite précision de vocabulaire : ne pas démanteler ne veut pas dire qu’on va prolonger une centrale. Ça veut dire qu’on se donne la possibilité de le faire, moyennant des travaux de maintenance. Dans tout ce qui touche au nucléaire, les processus de redémarrage sont longs. On ne parle pas en semaines, mais en mois, parfois en années.

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Il suffit de voir ce qui se passe en France, pays qui a tout misé sur le nucléaire et où la moitié des centrales sont aujourd’hui à l’arrêt, pour comprendre que si les énergies renouvelables connaissent des hauts et des bas, le nucléaire n’est pas l’énergie la plus fiable ni la plus souple. Et l’un des enjeux pour le futur sera assurément dans le stockage de l’énergie et aussi dans notre capacité à diminuer notre consommation, quelle que soit la source de production.

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Dernier constat sur ces tarifs énergétiques. Le prix du gaz. Lui, il est nettement à la hausse aujourd’hui. Il est repassé au-dessus des 230 euros du mégawatt heure, alors qu’on était redescendu sous la barre des 200 euros ces dernières semaines. Il faut y voir une sanction du plan présenté hier par la Commission européenne. Ursula von der Leyen a beaucoup parlé de plafonner les prix de l’électricité. Sur le gaz, elle est restée très évasive. Et visiblement pour les marchés, c’était beaucoup trop flou. 

Un édito de Fabrice Grosfilley

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15 septembre 2022 - 17h37
Modifié le 15 septembre 2022 - 17h37