Rupture de la convention concernant la tutelle de l’Arabie saoudite sur la Grande Mosquée

Les membres de la commission d’enquête parlementaires sur les attentats du 22 mars 2016 ont affiché leur satisfaction après l’adoption unanime des recommandations sur la Grande Mosquée de Bruxelles. Il était nécessaire d’ancrer l’institution en Belgique, ont-ils souligné.

Il s’agit d’une avancée majeure dans la lutte contre le radicalisme: enfin, la communauté musulmane de Belgique ne sera plus sous une influence étrangère néfaste, qui a miné la cohésion sociale et qui a prôné une vision de l’islam hostile aux valeurs universelles et parfois contraire à nos lois“, a souligné le cdH qui a mis en avant le travail de son député Georges Dallemagne sur l’influence salafiste en Belgique.

La commission pointe du doigt l’islam d’inspiration “salafo-wahhabite” qui est prêché dans la mosquée, lieu emblématique du culte musulman en Belgique, et le rôle de celle-ci dans la propagation d’idées radicales. Cette rupture de la convention qui place l’institution sous la tutelle de l’Arabie saoudite était une nécessité, selon le MR. “Dès lors que nous posons ces constats, c’était inéluctable“, a indiqué Philippe Pivin. La commission n’a pas craint d’éventuelles tensions diplomatiques avec l’Arabie saoudite, a-t-il assuré. “Au regard des enjeux et du contrôle actuel de la Grande Mosquée, cela n’a pas vraiment pesé. Nous ne pouvions pas nous contenter d’établir une liste de reproches et ensuite ne rien faire“.

Un délai d’un an s’ouvrira après la rupture de la convention pour en rédiger une autre qui associera l’Exécutif des Musulmans de Belgique et “l’ensemble des sensibilités et courants caractérisant l’islam et les musulmans de Belgique“. L’objectif est la promotion d’un islam en phase avec les valeurs de la Convention européenne des droits de l’homme dans un esprit de promotion du vivre-ensemble. “Nous ne voulions pas nous limiter à un message de fermeté qui aurait donné l’impression que l’on stigmatisait des gens. Il faut aussi un message positif adressé à l’ensemble des citoyens musulmans. Notre objectif, c’est que la Grande Mosquée soit ancrée en Belgique et non pilotée de l’étranger, qu’elle soit l’ambassadeur d’un islam tolérant, inscrit dans les valeurs européennes“, a expliqué Gilles Van den Burre (Ecolo). “Le contexte a fondamentalement changé depuis les années 60. Aujourd’hui, les musulmans sont présents dans chaque commune de Belgique et l’immense majorité d’entre eux souhaite vivre tranquillement sa foi. C’est à ces gens qu’il faut confier le lieu représentatif de l’islam en Belgique“, a fait remarquer de son côté Willy Demeyer (PS).