Les Régions parleront avec les maisons de repos pour ne pas précipiter leur réouverture

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Des concertations seront menées par les Régions avec le secteur des maisons de repos pour ne pas précipiter leur réouverture, qui reste une possibilité et non une obligation, ont précisé jeudi matin les autorités face aux inquiétudes exprimées par le secteur après l’annonce mercredi du Conseil national de sécurité. A Bruxelles, Iriscare réfléchit à la mise en place concrète.

“Il y aura des concertations pour que chacun puisse s’organiser. La décision est avant tout une mesure d’humanité, ce n’est pas une obligation, chaque maison de repos décidera de ses modalités”, a souligné le ministre-président wallon Elio Di Rupo (PS), interrogé sur Bel RTL. Il insiste notamment sur la nécessaire capacité de tests.

Le ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre-Yves Jeholet (MR), parle d’un accord ce jeudi matin entre les trois Régions “pour ne pas aller trop vite”. Interrogé sur La Première (RTBF) et BX1, il évoque lui aussi la nécessité de tests ainsi que la concertation avec les maisons de repos pour définir les modalités.

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La Première ministre Sophie Wilmès (MR) a, quant à elle, répété sur Bel RTL que la réouverture n’était pas une obligation mais une possibilité, et que les maisons de repos pouvaient “prendre le temps de se préparer”.

C’est pour lutter contre la détresse psychologique générée par l’isolement que le Conseil national de sécurité a décidé mercredi que les résidents vivant en maisons de repos ou dans des centres pour personnes handicapées pourraient à nouveau recevoir des visites d’un proche. Ce dernier devra être une personne désignée, toujours la même pour chaque visite, et devra n’avoir manifesté aucun symptôme du coronavirus durant les 15 jours précédant cette visite. Ce droit de visite sera aussi valable pour toute personne isolée ne pouvant se déplacer.

Iriscare à la manœuvre à Bruxelles

A Bruxelles, Iriscare, organisme public qui gère la politique et le financement du secteur de la santé, va s’atteler, ces prochains jours, à examiner comment mettre en pratique la nouvelle mesure décidée par le gouvernement fédéral mercredi concernant les visites dans les maisons de repos. Le porte-parole d’Iriscare, Sven Heyndrickx, indique que la situation est très différente d’une maison de repos à l’autre en Région bruxelloise, certaines comptant un grand nombre de résidents présentant les symptômes du Covid-19 ou déjà testés positifs au virus, et d’autres ne comptant que quelques cas. L’organisation des visites sera donc plus difficile à mettre en place dans certains établissements que dans d’autres.

 “Nous travaillons actuellement avec le secteur pour voir comment organiser les visites de manière sure. Cette nouvelle mesure s’accompagne de nombreuses questions pratiques auxquelles nous voulons répondre aujourd’hui/jeudi et demain/vendredi”, a déclaré Sven Heyndrickx. “Nous voulons aussi éviter que les gens viennent dans les centres de soins aujourd’hui, pensant qu’ils peuvent déjà rendre visite à leurs proches”, a-t-il ajouté.

“Il est très difficile de dresser un tableau général de la situation actuelle dans les maisons de repos à Bruxelles. Il existe des maisons de repos où un grand nombre de résidents ont été touchés par le Covid-19, mais il y en a d’autres où peu de résidents ont été infectés. La situation est donc meilleure dans un centre de soins que dans un autre. Nous continuerons à mettre en place autant de mécanismes de soutien que possible pour les aider”, a encore indiqué le porte-parole.

“Sans aucune concertation”

“Quand on voit sur le terrain les difficultés que vivent au jour le jour les équipes, (…) quand, après avoir attendu le matériel de protection (…) après avoir vu les collègues tomber comme des mouches, on vous annonce que des visites vont à nouveau être organisées dans trois jours, vous avez l’envie de jeter l’éponge”, réagit jeudi matin la CNE au sujet des visites en maisons de repos et de soins.

Cette décision du CNS a été prise “sans aucune concertation avec les employeurs et les syndicats du secteur”, dénonce la CNE. Le syndicat fait part de l’incompréhension et du découragement des travailleurs du secteur face à cette annonce. Il pointe les difficultés quotidiennes que les équipes affrontent déjà depuis le début de la crise “pour assurer le bien-être des résidents, et les protéger de l’infection”, l’attente de matériel de protection “en ayant le sentiment d’être non prioritaire pendant des semaines”, des demandes de dépistage généralisé,…

“Quand, après avoir vu les résidents en détresse, ne pas pouvoir rejoindre l’hôpital, ne pas pouvoir bénéficier d’une aide respiratoire efficace et suffisante (…), après avoir vu les difficultés d’approvisionnement en oxygène, après avoir vu les collègues tomber comme des mouches, après s’être entendu dire que si on est dépisté positif mais qu’on n’est qu”un peu malade’, on doit rester au boulot (…), on vous annonce que des visites vont à nouveau être organisées dans trois jours, vous avez l’envie de jeter l’éponge, de rentrer chez vous et de dire, ‘mais qu’ils viennent seulement, ces décideurs !'”, écrit la CNE, qui fait remonter les nombreuses questions et inquiétudes des travailleurs. “On ne comprend plus rien.”

Avec Belga – Photo : Belga/Hatim Kaghat

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16 avril 2020 - 11h50
Modifié le 16 avril 2020 - 11h54