Communales 2024 : à Saint-Josse, la répression contre la prostitution pose question

Le quartier Brabant, dans la commune de Saint-Josse-ten-Noode, est connu pour la prostitution. La commune tente depuis quelques années de se débarrasser de cette pratique sur son territoire, une tentative qui crée des problèmes selon les travailleuses et travailleurs du sexe.

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La commune de Saint-Josse a pris des mesures pour invisibiliser la prostitution et tenter de la faire quitter la commune. La majorité communale a décidé de racheter plusieurs carrés pour les murer et, de ce fait, freiner la pratique. Une politique qui pose question pour “Dédé”, travailleuse du sexe : “La prostitution reconnue est une bonne chose, tout ce qui est illégal, en cachette, ce sont des agressions, ce sont des prix qui diminuent. Tout ce qui est caché est plus dangereux.”

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Ces fermetures poussent des femmes vers la clandestinité, les exposant parfois à la traite des êtres humains. De nombreuses Ghanéennes et Nigérianes travaillent dans le quartier. D’anciennes prostituées évoquent des pratiques sordides envers ces femmes africaines, qui gagnent très peu. La police estime que la politique menée à Saint-Josse envers la prostitution précarise davantage les travailleurs du sexe concernés.

Les remarques de la police et le sentiment des travailleurs du sexe sont partagés par les associations de défense des prostituées, qui ont du mal à avoir un regard clair sur la situation depuis la fermeture de certains carrés : “Nous ne savons pas où sont parties les personnes qui exerçaient là, donc nous, en termes de suivi et d’accompagnement social de ces personnes, c’est très compliqué de pouvoir continuer à les accompagner et à les suivre”, confie Isabelle Jaramillo, coordinatrice de l’ASBL Espace P. Les associations tentent de nouer des contacts avec ces travailleuses du sexe.

Des problèmes de sécurité

La commune est aussi confrontée à des problèmes de sécurité. Les riverains se plaignent d’une hausse de l’insécurité ces dernières années. “On n’a jamais eu de problèmes entre nous, ça fait deux ans qu’on voit des gens avec des couteaux, des gens qui sont drogués.” Comme dans toute la région, le problème de la drogue touche la commune, et les dealers semblent intouchables pour la police.

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“Ça devient vraiment pénible”, nous dit “Dédé”, travailleuse du sexe. Cette insécurité complique le travail des travailleuses du sexe : “L’insécurité fait que la clientèle a du mal à venir.” Cela représente aussi un risque plus important pour les travailleurs.

■ Reportage de Thomas Dufrane, Loic Bourlard et Corrinne De Beul