Unia et le CCSP dénoncent l’état “alarmant” des détenus avec des besoins psychiatriques
Plus de 80 recommandations ont été adressées aux autorités pour faire face aux constats alarmants du rapport. Pour en parler, Marie Horlin de la cellule Handicap Convention d’Unia était l’invitée du 12h30.
Unia, l’ex-centre interfédéral pour l’égalité des chances, et le Conseil central de surveillance pénitentiaire (CCSP) tirent jeudi la sonnette d’alarme dans un rapport sur la prise en charge de la santé mentale en prison.
Selon les recherches d’Unia et du CCSP, plus de 1.000 personnes internées se trouvent dans des prisons belges sans y recevoir les soins adaptés. Et ce, alors que la Belgique a été appelée par le comité des ministres du Conseil de l’Europe à “mettre fin aux violations des droits fondamentaux des personnes internées”. Les deux organisations ont visité cinq établissements pénitentiaires avec une annexe psychiatrique ou d’une section de défense sociale et en reviennent avec des constats alarmants : un seul psychiatre désigné pour jusqu’à 200 patients; un personnel de surveillance non-formé ou soutenu; l’absence de perspective, faute d’activités, de personnel ou de locaux disponibles; une invisibilisation des besoins spécifiques; des sanctions disciplinaires et des mesures de sécurité qui aggravent l’état des personnes les plus fragiles; et des conditions de vie indignes en raison de la surpopulation carcérale et de la vétusté des infrastructures, notamment.
Une liste de 87 recommandations a été adressée aux ministres de la Justice et de la Santé, à l’administration pénitentiaire, aux directeurs de prison et à la Régie des bâtiments afin d’appeler à garantir le respect des droits humains de ces personnes. Les deux institutions demandent que les ressources soient “réorientées en priorité vers la prévention, la réinsertion et le plein respect des droits fondamentaux plutôt que vers le renforcement d’un dispositif sécuritaire, coûteux et nullement restaurateur”.
Ils appellent à mettre en place “un cercle vertueux du soin” pour les personnes concernées. “Il faut promouvoir des alternatives à la détention pour toutes les personnes souffrant de troubles mentaux, en soutenant leur recherche d’hébergement et de soins”, a plaidé Marc Nève, président du CCSP, par communiqué. “Nous plaidons avant tout pour leur accès à des soins ambulatoires ou résidentiels ouverts, où l’autonomie des patients est stimulée”, a ajouté le directeur d’Unia, Patrick Charlier.
Belga
■ Interview de Marie Horlin de la cellule Handicap Convention d’Unia au micro de Maël Arnoldussen