Train World : une nouvelle expo sur la construction de la ligne ferroviaire Pékin-Hankou
La Belgique et la France avaient pris part à ce projet pharaonique.
TrainWorld, le musée du train situé à Schaerbeek, propose du 7 mai au 10 octobre une exposition consacrée à la construction de la ligne ferroviaire Pékin-Hankou au début du 20e siècle. Un livre rédigé par un comité d’experts et illustré par François Schuiten et Li Kunwu revient sur ce projet pharaonique s’étendant sur plus de 1.200 kilomètres et auquel ont pris part la Belgique et la France.
Un ingénieur belge mis en lumière
La plus grande ligne de chemins de fer de l’époque devait relier le nord et le sud de l’Empire du Milieu, entre Pékin et Hankou (actuelle Wuhan). Plusieurs dizaines de milliers de personnes seront impliquées dans ce chantier, sous l’égide de l’ingénieur belge Jean Jadot, âgé alors de 37 ans.
François Schuiten, scénographe de l’exposition, souhaitait remettre en avant l’histoire de ce jeune homme “plongé dans cette Chine assez mystérieuse à l’époque pour un Occidental“. “On oublie parfois que la Belgique figurait à ce moment-là parmi les plus grandes puissances industrielles mondiales et on exportait nos talents d’ingénierie partout dans le monde“, déclarait mercredi matin l’auteur bruxellois sur Matin Première (RTBF).
Une collaboration artistique sino-belge
“Il y a un basculement historique à cette époque-là; on passe de la chaise à porteur, ou du chameau, à la locomotive à vapeur“, a-t-il rappelé lors de la conférence de presse. François Schuiten a travaillé “à deux mains” avec Li Kunwu, un journaliste et illustrateur chinois, pour agrémenter de dessins originaux un beau livre édité chez Kana.
“C’est très rare d’intervenir dans les dessins d’un autre auteur, surtout avec le croisement de deux cultures“, précise M. Schuiten.
Si la collaboration artistique sino-belge s’est bien passée, le comité d’experts franco-belge qui a rédigé le livre “Pékin-Hankou, la grande épopée” a essuyé une fin de non-recevoir de la part des chemins de fer chinois notamment. “Nous les avons approchés il y a quelques années via l’ambassade de Belgique, et les Chinois étaient intéressés à l’idée de mettre en vitrine leur technologie contemporaine de trains à grande vitesse“, explique Charles Lagrange, chercheur spécialisé en histoire de Chine. “Mais ils voulaient dissocier cet aspect technologique actuel, du passé, une période mal ressentie en Chine. Ils n’ont pas voulu participer en quelque sorte à la mise en valeur d’un passé européen en Chine.“
Un bond technologique
Le bond technologique réalisé par les Chinois depuis sur le plan ferroviaire est assez impressionnant. La ligne Pékin-Hankou a été inaugurée en 1905 après sept ans de travaux. Un siècle plus tard, le tronçon devenait la plus longue ligne à grande vitesse au monde. “Ils ont construit 30.000 kilomètres de réseau à grande vitesse en 12 ans et ont l’intention d’atteindre les 40.000 kilomètres prochainement. La Chine veut faire du train son ossature du transport des marchandises et des voyageurs, notamment pour mieux résister aux intempéries“, éclaire Louis Gillieaux, chercheur en histoire ferroviaire.
La sixième exposition temporaire de TrainWorld permettra d’observer des œuvres originales en lien avec la construction de la ligne Pékin-Hankou, réalisées par Li Kunwu et François Schuiten. D’autres œuvres de Li Kunwu, inspirées de l’univers ferroviaire chinois, viendront également enrichir l’expo. Des conférences données par des spécialistes de l’histoire des chemins de fer et de l’histoire de la Chine sont aussi au programme.
Belga, image Belga