Sophie Rohonyi demande la lumière sur le “scandale” du Métro 3 : “Il faut une commission d’enquête parlementaire”
Alors que le chantier est toujours en cours, le budget a explosé. La présidente de DéFI demande une pause dans les travaux et davantage de soutien du fédéral.
La Cour des comptes a rendu ce jeudi un rapport provisoire qui s’inquiète de la viabilité financière du projet de construction du Métro 3, qui doit relier le nord et le sud de la Région bruxelloise. Le rapport, qui attend encore les remarques des ministres concernés par le projet, pointe ainsi que la Région bruxelloise “reste confrontée à un déficit de financement du Métro 3 de près de quatre milliards d’euros, tandis que sa dette brute consolidée a atteint 14 milliards d’euros en 2024“. Le coût global du projet a explosé entre 2015 et 2024 pour un surcoût de 255%, alors que la mise en service a été retardée de dix ans.
Pour rappel, la première phase, en cours de construction, doit relier Forest et la Gare du Nord alors que la seconde phase, pas encore entamée, doit relier la Gare du Nord à Bordet.
“Je pense qu’il faut avoir la lucidité de se dire que, quand bien même ce projet de Métro 3 est fondamental pour les Bruxellois, aujourd’hui au regard des finances, c’est devenu impayable“, réagit Sophie Rohonyi dans Bonjour Bruxelles. “Ce que l’on plaide, ce n’est pas un stop mais une pause.”
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La présidente de DéFI déplore par ailleurs le manque de soutien de la part du fédéral sur ce projet. “Ce que j’observe, c’est que dans toutes les capitales européennes, on voit le niveau national soutenir sa capitale, en particulier pour des projets d’envergure comme un métro. (…) Chez nous, un engagement très fort a été pris au lendemain de la sixième réforme de l’Etat, avec le refinancement de cette communauté métropolitaine. Plus de dix ans après, on en a jamais vu la couleur. Le fonds Beliris est fait aussi pour ça, mais il ne cesse de voir son budget réduit. On voit que le niveau fédéral, avec la N-VA, ne veut pas soutenir et n’aime pas Bruxelles.”
Pour Sophie Rohonyi, il faut qu’une commission d’enquête parlementaire soit mise en place pour “enquêter sur le dérapage budgétaire qui a pu être observé dans le cadre de ce dossier”. “On voit que le budget a explosé, c’est un scandale. Et donc il faut pouvoir faire la lumière par rapport à cela.”
Le manque de transparence du ministre Gatz critiqué
Alors que les négociations budgétaires sont toujours en cours à Bruxelles, le journal De Tijd et le magazine Brussels Today ont jeté un pavé dans la mare cette semaine : ils pointent le manque de transparence dans le budget bruxellois et font état de l’usage d’artifices comptables pour cacher la vérité. En réalité, le déficit bruxellois serait plus élevé que ceux annoncés par le ministre des Finances et du Budget en affaires courantes, Sven Gatz.
“Ce que j’observe c’est que le ministre de l’Emploi Bernard Clerfayt a été fort isolé sur cette question au sein du gouvernement bruxellois“, réagit Sophie Rohonyi. “À plusieurs reprises, tout au long de ces dix dernières années il a tiré la sonnette en disant qu’il y avait toute une série de tableaux budgétaires qui passaient directement de l’administration de Mr Gatz au Parlement. Donc, le Parlement avait l’ensemble des informations, mais pas toujours les collègues de Mr Gatz au sein du gouvernement bruxellois. (…) Aujourd’hui, la question est que le prochain gouvernement bruxellois puisse tirer les leçons de cela.”
■ Une interview de Sophie Rohonyi au micro de Fabrice Grosfilley dans Bonjour Bruxelles





