Service minimum à la SNCB : la CGSP Cheminots menace d’actions sur le rail durant l’été

SNCB - Voie hors-service

La CGSP Cheminots a menacé lundi d’organiser des actions durant l’été pour protester contre le projet de loi du gouvernement fédéral de mettre en place un service minimum sur le rail. Le syndicat socialiste n’en organisera toutefois aucune d’ici à la fin de la période des examens pour les étudiants, a assuré son président Michel Abdissi. “Si le texte passe, nous nous devrons de réagir”, a-t-il d’ores et déjà prévenu, qualifiant d’“assassins en puissance” ceux qui signeraient cette loi.

La CGSP Cheminots a expliqué lundi tout le mal qu’elle pensait du service minimum sur le rail et de l’avant-projet de loi du ministre de la Mobilité François Bellot (MR), qui a été approuvé le mois passé en Conseil des ministres et qui est actuellement analysé par le Conseil d’Etat. Il doit ensuite être approuvé par le Parlement. Le gouvernement avait en effet dû reprendre la main sur ce dossier après que syndicats, d’une part, et SNCB et Infrabel, d’autre part, n’eurent pas réussi à s’entendre.

Le syndicat socialiste estime que ce texte n’est ni plus ni moins qu’une attaque contre le droit de grève, qu’il représente un “recul social” et qu’il entraînera des sanctions pour les cheminots qui ne respectent pas les mesures qui y sont inscrites. “Le gouvernement est plus occupé par avoir des trophées et avancer dans des dossiers symboliques que de s’occuper de la concertation sociale et d’un dialogue constructif. Ca ne donne aucune chance de réussir”, estime Ludo Sempels, le secrétaire général de l’ACOD Spoor, pendant flamand de la CGSP Cheminots. Le nombre restreint de travailleurs qui mettront en place ce service minimum fait en outre courir des risques aux usagers, les probabilités d’accidents étant plus importantes avec un personnel pas nécessairement suffisamment formé aux tâches demandées et en sous-effectif.

“Les gens risquent de se battre pour prendre le train et d’agresser des cheminots en raison de leur colère ou frustration”, prédit Michel Abdissi. Ces mêmes usagers auront par ailleurs l’obligation de se présenter au travail en raison de l’organisation de ce service minimum, ce qui fera en sorte de remplir les trains comme un jour normal. Et puis les navetteurs n’auront pas la garantie d’avoir un train en soirée pour rentrer chez eux, détaille la CGSP Cheminots. “Appliquer ce service minimum serait hyper dangereux!”, résume le président du syndicat socialiste. “On sera face à des situations très différentes du quotidien pour les travailleurs. Et que fera-t-on le jour où l’on met deux trains en face à face?”, s’interroge-t-il. “Avec ce projet, le gouvernement donne l’impression que nous pouvons toujours faire grève. Mais, dans les faits, certaines conditions essentielles pour pouvoir arrêter le travail, comme des piquets de grève, sont interdites”, constate encore Michel Abdissi. “Cela est inacceptable et, à un certain moment, nous allons devoir réagir”, dit-il.

L’été s’annonce donc chaud sur le rail et des grèves ne sont pas à exclure si l’avant-projet de loi passe, laisse-t-il entendre. Les services juridiques du syndicat analysent actuellement le texte, auquel s’ajoutent d’autres dossiers problématiques comme celui de la réforme des pensions. Les sessions d’examens dans l’enseignement – qui se termineront en date du 24 juin aux yeux de la CGSP Cheminots – ne seront toutefois pas perturbées. Aucun préavis de grève n’a d’ailleurs été déposé pour le moment.

“L’imposition d’un service minimum sur le rail vaudrait une réponse collective de l’ensemble des secteurs de la CGSP”, a en outre prévenu son président fédéral Michel Meyer. “Ce serait une erreur au regard de la paix sociale actuelle, qui dure depuis près d’un an. Si le gouvernement veut passer en force, il tire une balle dans le pied de la nouvelle CEO de la SNCB.” La Chambre se penchera normalement à la fin du mois sur l’avant-projet de loi, à condition que le Conseil d’Etat n’ait pas trop de remarques à formuler. Le ministre Bellot a, par ailleurs, déjà fait savoir que la mise en place d’un tel service minimum ne serait pas terminée avant le début de la prochaine année scolaire. (Belga)