Molenbeek : les demandeurs d’asile non-relogés sont hébergés à l’Allée du Kaai, mais les conditions sont difficiles

Après l’évacuation, hier, des tentes devant le Petit-Château, une cinquantaine de personnes n’ont toujours pas pu être relogées. Elles ont été prises en charge par des associations. Un hébergement d’urgence leur a été trouvé à l’Allée du Kaai, mais de nouveau, dans des conditions très difficiles.

Les berges du canal sont débarrassées du camp de fortune qui s’y était constitué depuis plusieurs mois. La veille, les tentes occupées par les demandeurs d’asile devant le Petit-Château ont été évacuées. Quelque 139 personnes étaient prises en charge par la commune de Molenbeek et les structures de Fedasil.

Hier soir, pourtant, une cinquantaine de demandeurs d’asile étaient encore à la rue, dépossédés de leurs tentes. La seule solution d’hébergement, trouvée en urgence par les associations et bénévoles, se trouve à l’Allée du Kaai. “On est entré dans le bâtiment et il y a eu contact avec le propriétaire ce matin. On a rassemblé tout le matériel et les gens sont venus ici, se poser ici dans le calme“, explique Sasha, bénévole et membre du comité de soutien.

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Ceux qui n’ont pas pu être pris en charge par les autorités communales et fédérales, c’est une alternative à la rue et aux intempéries. “Il y a des gens qui n’étaient pas là pendant l’évacuation, qui étaient partis chercher à manger ou qui avaient des rendez-vous médicaux chez Fedasil. Quand ils sont arrivés, il n’y avait plus rien. Ces gens-là se sont retrouvés sur le carreau“, regrette Sasha.

Un demandeur d’asile rencontré par notre journaliste était à l’hôpital au moment de l’évacuation. Son frère a pu être pris en charge par un centre d’accueil, alors que ses demandes sont refusées, explique-t-il : “J’ai montré les photos, là où je dormais sous la tente, j’ai aussi montré ma tente, mais ils disent que c’est impossible, ils ne peuvent pas me prendre. Du coup, ils ont pris la tente, où vais-je dormir maintenant ?“, témoigne-t-il.

Tous les demandeurs d’asile n’ont pas pu être redirigés vers les structures d’aide de Fedasil. Une situation que déplorent les associations humanitaires et qui rappelle la situation de la rue des Palais à Schaerbeek, évacués à la mi-février. François Bertrand, directeur de Bruss’Help, le soulignait ce matin dans Bonjour Bruxelles : “Leur accès très rapide au réseau Fedasil est une nécessité. Après, sur la manière de faire, il y a des manières de faire dans la dignité avec un suivi de ces personnes. Hier, ça a été fait dans la rapidité”, déplorait-il.

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L’Allée du Kaai, occupée pour des événements festifs ces dernières années, est aujourd’hui vouée à la démolition. Il n’y a ici pas d’électricité, d’eau potable ou de sanitaires. Le risque est de voir les lieux se transformer à nouveau en un squat insécurisé.

■ Reportage de Bernard Denuit, Charles Capreaux et Apolline Feron