Molenbeek : le campement de fortune le long du canal évacué, plusieurs personnes sans logement

Une opération menée par la commune de Molenbeek a eu lieu ce mardi matin pour déloger les personnes ayant établi leur campement autour du Petit-Château. Si les autorités se disent “soulagées”, les associations dénoncent une opération effectuée sans aucune concertation.

Des demandeurs d’asile campaient depuis plusieurs mois le long du canal à Molenbeek et sur le pont en face du Petit-Château. Avec l’évacuation du squat de la rue des Palais à Schaerbeek, leur nombre est monté à plus de 150 à la mi-février. Les autorités ont décidé de procéder à leur évacuation ce mardi matin, tout en garantissant avoir une solution de relogement pour chacun.

Depuis des semaines, la commune de Molenbeek a mobilisé l’ensemble de ses équipes afin de s’assurer que cette extension ne provoque pas d’incident vu la configuration des lieux (piétons, cyclistes, habitants et commerce). En tant que Bourgmestre, j’ai constaté, comme beaucoup d’autres, une réelle difficulté au niveau de la sécurité. La cohabitation de si nombreuses personnes dans cet espace public n’était pas envisageable“, explique Catherine Moureaux (PS), la bourgmestre de Molenbeek.

L’opération a été menée en collaboration avec la secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, Nicole De Moor (CDV), et le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS).

Solutions de relogement…

Selon la secrétaire d’Etat Nicole de Moor, les personnes vivant sous des tentes sur les quais de Molenbeek ont été transférées vers différents lieux d’accueil. Les trois partenaires de l’opération – fédéral, région, commune de Molenbeek – ont élaboré au cours des derniers jours “un scénario pour que cela se déroule le mieux possible avec la volonté d’apporter une solution à la situation désolante dans laquelle se trouvaient ces personnes“.

Quelque 139 personnes recensées la semaine dernière par le personnel communal le long du canal ont été prises en charge dans le centre médical temporaire installé dans un centre sportif de la commune de Molenbeek. Elles seront relogées à raison de deux contingents de 40 personnes par Fedasil. Les 59 autres seront hébergées temporairement par la Région bruxelloise en attendant une prise en charge par Fedasil.

Le complexe sportif à Molenbeek sert de solution de logement temporaire. Photo : BX1

… pas pour tous

Pris de court, ignorant l’opération qui se préparait, les occupants et les association qui les accompagnent, sont inquiets. Selon Lorenzo Durante Viola, coordinateur du Hub Humanitaire, une liste de 138 personnes à reloger aurait été réalisée par la commune. Qu’en est-il des autres ? Le nombre d’occupants dépasse les 150, et pourrait même dépasser les 200 personnes.

Un occupant évacué de sa tente ce mardi 07 mars 2023. Photo : Belga/Laurie Dieffembacq

Présente sur place, l’équipe de BX1 a rencontré l’un de ces occupants qui se retrouve sans solution de relogement. “Certains d’entre nous étaient partis pour bénéficier de traitements médicaux ou pour un rendez-vous avec un avocat. Nos amis sur place nous ont appelés pour nous dire qu’ils prenaient nos tentes et les endommageaient. Quand je suis revenu, c’était fini, ils ne nous ont pas autorisés à rentrer dans le bus“, explique-t-il.

Une cinquantaine de personnes serait concernée par ce problème. Elles se sont rendues par elles-même au centre sportif de Molenbeek dans l’espoir d’être pris en charge. La bourgmestre a affirmé que cela pourrait être le cas s’il apparaît qu’elles occupaient bien des tentes le long du canal. Selon elle, la commune est en mesure d’identifier en tout cas 13 personnes dans ce cas, mais chaque situation sera vérifiée attentivement. “On ne peut pas prendre en charge l’ensemble des personnes en délicatesse avec Fedasil“, a-t-elle commenté à ce propos.

Une nuit dehors sans tente

En attendant, cette cinquantaine de personnes a été prise en charge par les collectifs de citoyens et les associations au hub humanitaire afin qu’elles puissent avoir un repas et se réchauffer. Il nous revient que des associations tentaient de trouver des solutions pour minimum 40 personnes restées sans solution de logement ce mardi soir. Pour le moment, seul un toit aurait été trouvé, sans chauffage, sans eau, et sans électricité.

Pour des raisons sanitaires, liées à la présence de pathologies contagieuses au sein du public concerné, les tentes et les sacs de couchage ne seront remis ni aux ex-occupants, ni à leurs propriétaires. Plusieurs riverains avaient apporté des couvertures et des sacs de couchage ces derniers jours.

■ Reportage de Maël Arnoldussen, Yannick Vangansbeek et Corinne De Beul