Mehdi Nemmouche conteste son identification dans des vidéos de l’État islamique
Confronté aux vidéos qui, selon les enquêteurs, établissent sa présence dans les couloirs des geôles du groupe État islamique en Syrie, Mehdi Nemmouche a de nouveau contesté jeudi, jugeant qu’il n’y a “pas une once de ressemblance”.
Ces vidéos, datées de fin 2013, permettent de voir les mouvements de djihadistes et de prisonniers dans un escalier et un sous-sol de l’hôpital ophtalmologique d’Alep. Il s’agit de l’un des lieux où ont été détenus des otages occidentaux, dont les quatre journalistes français parties civiles au procès qui se tient depuis le 17 février devant la cour d’assises spéciale de Paris. Depuis son box, le Français de 39 ans est formel : lui ne se reconnaît pas sur les images. Il ne reconnaît “personne”.
“Vous trouvez pas qu’il y a une ressemblance ?”, avance le président Laurent Raviot. “Je suis surpris qu’il y ait des gens qui trouvent qu’il y a une ressemblance”, répond-il. “Moi je trouve qu’il y a une ressemblance”, confesse le magistrat, préférant jouer “cartes sur table”.
Quant à la ressemblance vocale, “là il se trouve que je parle avec un micro, et là on est plus de 10 ans plus tard”, objecte Mehdi Nemmouche. “Je suis précautionneux, je me méfie de mes impressions”, poursuit le magistrat, mais “c’est de mon devoir de vous le soumettre”.
Mehdi Nemmouche appelle Jean Gabin à son secours, dans “Deux hommes en ville”: “A force de créer un coupable, on le fabrique”.
Selon le récit qu’il a livré à la cour jeudi matin, Mehdi Nemmouche est parti en Syrie début janvier 2013, avec 8.000 euros en poche. Il ignorait la réalité du terrain: “J’avais jamais guerroyé avant ça”. A-t-il combattu ? Oui, “quand vous êtes un jeune homme de moins de 30 ans, vous n’allez pas distribuer des boîtes de conserve”.
Il déroule son récit, répond fréquemment régulièrement “secret défense” quand les questions le gênent. Mehdi Nemmouche raconte avoir été blessé par balle au genou en janvier 2014, puis son départ en passant par la Turquie pour aller en Malaisie, avant un voyage en Asie du Sud-Est.
Confronté aux éléments incriminants du dossier, l’accusé balaie d’un revers de main: “Une pluralité d’insuffisances ne fait pas une suffisance”.
Quant à sa position sur l’attentat du musée juif de Bruxelles de mai 2014, pour lequel il a été condamné en Belgique à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre assassinats terroristes, il répond encore “secret défense”. “Il y a une vérité judiciaire”, dit-il, “il va falloir s’en contenter”.
Belga