Lutte contre le terrorisme : la vigilance reste de mise contre l’extrémisme islamiste
La vigilance contre l’extrémisme islamiste reste de mise en dépit de la défaite militaire sur le terrain du groupe djihadiste Etat islamique (EI), a affirmé jeudi l’administrateur général de la Sûreté de l’Etat, le service de renseignement civil, Jaak Raes.
“C’est un fait que d’un point de vue militaire l’EI a perdu en bonne partie sa force de frappe militaire. Mais la menace ne s’est pas réduite“, a-t-il prévenu au cours d’une conférence de presse à Bruxelles en compagnie de son homologue militaire, le lieutenant-général Jacques Van de Voorde. Cette défaite du groupe djihadiste en Irak et en Syrie ne s’est toutefois pas traduite par un “retour massif” de combattants de ce théâtre – en jargon des “Foreign Terrorist Fighters” (FTF), souligne la Sûreté de l’Etat dans son rapport annuel présenté jeudi à l’occasion du 20ème anniversaire de la loi sur les services de renseignement.
Jaak Raes a toutefois prévenu que les combattants de l’EI ou du groupe terroriste al-Qaida encore présents dans la région pourraient se regrouper dans d’autres pays dotés d’une “structure moins forte”, comme la Libye. Un certain nombre de FTF belges pourraient déjà s’y trouver, a-t-il dit.
La Sûreté de l’Etat (qui se présente sous l’acronyme VSSE) estime que quelque 400 Belges sont partis combattre au Moyent-Orient. Environ 130 d’entre eux sont rentrés au pays, dont les auteurs des attentats de Paris et de Bruxelles, et la moitié environ auraient péri. Quelque 150 se trouveraient toujours dans la région.
Jaak Raes a aussi été interrogé sur l’attitude à tenir envers les femmes de nationalité belge qui ont rejoint les rangs des djihadistes et qui souhaitent rentrer au pays, souvent détenues dans des camps en Irak ou en Syrie. “Leur éventuel retour est une décision politique“, a-t-il prudemment répondu, en soulignant que les opinions variaient en Europe de pays en pays et selon les cas. Il existe ainsi des femmes, épouses de djihadistes, n’ayant pas pris part aux combats. D’autres ont effectivement combattu, sont radicalisées et ont peut-être reçu une formation terroriste, qui ne peuvent, selon Jaak Raes, rentrer au pays. D’autres encore ont rejoint le califat autoproclamé de l’EI (ou Daesh, selon son acronyme arabe) avec les intentions terroristes et qui souhaitent être jugées sur place. Un autre groupe souhaite rentrer illégalement en Belgique. “Les services de renseignement (VSSE et SGRS militaire) peuvent aider le gouvernement à prendre une décision“, a souligné Jaak Raes. “Nous ne sommes pas encore à la fin du trajet. Le djihadisme continuera à exister et les causes pour lesquelles des jeunes sont partis en Syrie n’ont pas disparu“, a-t-il ajouté.
Il a aussi mis en garde contre les appels lancés par des chefs djihadistes à commette des attentats en Europe avec des moyens simples, comme des camions ou de simples couteaux – un type d’arme utilisé à plusieurs reprises pour attaquer des militaires ou des policiers en rue. Cela peut être une source d’inspiration pour des “lone wolfs (loups isolés”), a prévenu le patron de la Sûreté de l’Etat. “Nous restons présents dans la région” en dépit de la baisse d’activités de l’EI, a pour sa part assuré le commandant du SGRS, le général Van de Voorde.
Belga (Photo : Belga / Dirk Waem)