L’horeca bruxellois sous pression, deux ans après l’instauration du piétonnier

20151124 - BRUSSELS, BELGIUM: Illustration shows Nearly empty restaurant and owner, Tuesday 24 November 2015, in Brussels. The terrorist threat level is being kept at level four, the maximum in Brussels region, and has be maintained at level three for the rest of the country. The level 4 threat level for Brussels will be maintained until next Monday. All schools in Brussels and the subway stay closed. BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK

Les cafés et restaurants bruxellois souffrent toujours de l’instauration du piétonnier dans le centre-ville, mais aussi du climat sécuritaire, des problèmes de mobilité dans la capitale ou encore de la mise en place de la caisse enregistreuse. Depuis le début de l’année, 251 faillites ont été prononcées dans le secteur de l’horeca à Bruxelles, une hausse de 25% par rapport au premier semestre 2016.

“Celui qui pourra identifier une cause unique des souffrances du secteur est très fort”, relève Olivier Willocx, l’administrateur délégué de Beci, la chambre de commerce bruxelloise. “Les choses se sont ajoutées les unes aux autres.” Instauré le 29 juin 2015, le piétonnier du boulevard Anspach et des rues avoisinantes est bien l’un des éléments à prendre en compte. Il a entraîné un besoin d’adaptation pour les visiteurs et a modifié le type d’activité présente. “Un restaurant étoilé, par exemple, aura plus de difficultés à garder sa clientèle habituée à venir en voiture”, explique Olivier Willocx. Un phénomène amplifié par les problèmes de mobilité que connaît la capitale. “Mais un piétonnier à un moment où les gens ont peur, ce n’est pas la même chose que lorsque tout va bien”, pointe-t-il. Attentats de Paris en novembre 2015, “lock down” puis attaques à Bruxelles… Quelques mois après la fermeture des boulevards du centre aux voitures, la menace terroriste s’est fortement accentuée, avec un impact sur les établissements de toute la Région voire du pays. Le système de caisse enregistreuse, appelée aussi boîte noire, dont tous les restaurants doivent disposer depuis janvier 2016, est également pointé du doigt. Censée lutter contre le travail au noir, cette caisse intelligente aurait fait sensiblement chuter les revenus des restaurateurs. “Fondamentalement, il y a trop de restos à Bruxelles”, selon Olivier Willocx. “Beaucoup de gens se sont lancés à défaut d’autre chose, or c’est un métier complexe qui comporte beaucoup de contraintes.” L’horeca est en effet le secteur au taux de survie le plus bas. Seuls 55,9% des commerces sont encore debout au bout de cinq ans, un sur trois après une décennie. A Bruxelles, c’est aussi celui qui est le plus en difficulté, avec la moitié des établissements en déficit, selon les chiffres du bureau d’informations commerciales Graydon. Depuis le début de l’année, 251 faillites ont été déclarées à Bruxelles dans l’horeca, 25% de plus qu’au premier semestre 2016. En publiant ses chiffres sur les faillites en juin, le bureau Graydon affirme néanmoins que l’augmentation des faillites (tous secteurs confondus) est surtout liée à une sévérité accrue des tribunaux du commerce. Par ailleurs, les habitudes changent: les clients ont diminué leur consommation d’alcool, surtout à midi. Ils se tournent davantage vers des options saines car ils font attention à leur poids, ou se font livrer, note M. Willocx. Toutefois, le nombre de cafés et restaurants est en augmentation constante à Bruxelles, passant de 5.787 en 2006 à 6.385 fin 2016. L’an dernier, le secteur a connu une croissance nette de 87 établissements dont par exemple le spécialiste des dim sum Yi-Chan dans le centre-ville, le restaurant végétarien Oficina dans le quartier Dansaert ou encore le Crab Club à Saint-Gilles, qui embrassent les nouvelles tendances du “bien manger”. (Belga)