L’exnovation, une nouvelle manière d’imaginer les transitions durables à Bruxelles

Décroissance, sobriété énergétique… : la question environnementale mène à des propositions radicales pour arriver à une décarbonisation complète de la société. Des concepts parfois difficiles à faire accepter à la population. Des chercheurs se sont penchés sur cette question via le prisme de l’exnovation.

Dans une nouvelle étude publiée ce lundi par un collectif de chercheurs, Brussels Studies présente le concept d’exnovation. Ela Callorda, chercheuse dans le groupe de dynamique socio-environnementale à l’ULB, a notamment participé à cette étude et définit, dans Le 12h30, ce qu’est ce concept : “Cela nous vient du champ des études sur la transition durable. (…) On peut par exemple parler de la sortie de l’automobile à moteur thermique. Cette technologie, mature et qui a caractérisé l’automobile depuis des dizaines d’années, est aujourd’hui incompatible avec les objectifs climatiques. Donc, on doit sortir de cela. On pourrait aussi penser à la sortie des SUV, des voitures déraisonnables et consommatrices de nombreuses ressources”.

Ces décisions doivent-elles toutefois venir obligatoirement d’en haut ? “Pour l’instant, l’exnovation reste tabou”, estime Ela Callorda. “L’une des rares exceptions reste la mobilité, un domaine dans lequel on retrouve beaucoup plus de politiques d’exnovation. Cela dépend aussi du niveau politique : la Région bruxelloise peut prendre certaines décisions, mais elle ne peut pas décider de la fin de la production des automobiles à moteur thermique”.

Le plan Good Move, une exnovation ?

Mais l’exnovation peut rencontrer des objections. On le voit par exemple avec le dossier Good Move en Région bruxelloise, qui concentre bon nombre de critiques de la part d’une partie de la population. “Certaines mesures du plan Good Move sont assimilables à des politiques d’exnovation comme la zone 30 ou la zone de basses émissions (LEZ)”, explique la chercheuse. “Ces mesures visent à réduire la place de l’automobile ou la sortie des voitures polluantes de la ville. (…) Les régulations antérieures, au niveau européen, ont en fait échoué, car elles n’étaient pas assez ambitieuses ou ont été détournées par les constructeurs automobiles. Donc, on cherche d’autres solutions pour limiter la qualité de l’air. Or, la qualité de l’air est très mauvaise dans les quartiers les plus pauvres. Mais on touche, d’abord, les voitures des personnes les plus pauvres. Les personnes pauvres motorisées qui n’ont pas d’alternative risquent de diminuer leur accès à la mobilité. De ce fait, il y a une question de justice environnementale à analyser”.

Cliquez ici pour lire l’étude complète sur l’exnovation sur Brussels Studies

■ Interview d’Ela Callorda, chercheuse dans le groupe de dynamique socio-environnementale à l’ULB, par Vanessa Lhuillier et Fanny Rochez dans Le 12h30.

Gr.I. – Photo : Belga