Les violences faites aux personnes LGBTQIA+ peu signalées à la police

Une enquête de Bruxelles Prévention et Sécurité (BPS) montre que les violences et discriminations vécues par des personnes en raison de leur orientation sexuelle et/ou identité et expression de genre sont bien présentes en Région bruxelloise mais peu signalées à la police.

En 2020, la police bruxelloise a rédigé 34 PV relatifs à des faits liés à une discrimination homophobe. Seuls 13 d’entre eux ont été encodés comme “homophobes” au Parquet correctionnel de Bruxelles, dont 10 ont été classés sans suite, affirme lObservatoire de BPS dans son rapport.

L’association RainbowHouse Brussels a quant à elle reçu 42 signalements. Parmi ceux-ci, seuls 4 ont fait l’objet d’une plainte à la police. “Les victimes parlent essentiellement de manque de confiance envers cette institution (en particulier pour les personnes précarisées ou issues de minorités ethno-culturelles)”, indique BPS dans un communiqué. “Elles pensent aussi que le dépôt de plainte ne sert à rien, ce que le taux élevé de classement sans suite ne contredit pas. Les victimes peuvent aussi ne pas signaler les faits par honte ou par crainte que leur famille ou leur entourage n’apprenne leur orientation sexuelle”.  

L’enquête révèle également que pour de nombreuses victimes, les discriminations sont multiples. “Les victimes sont donc discriminées non seulement en raison de leur orientation sexuelle ou identité/expression de genre, mais aussi en raison d’une couleur de peau, d’une origine, d’une profession, d’un état de santé etc. C’est ce qu’on appelle l’intersectionnalité.”

Plus de violence

De son côté, Unia a ouvert, en 2021, 176 dossiers liés à l’orientation sexuelle. Cela représente 6,4 % de l’ensemble des dossiers traités par l’institution, contre 4,3 % en 2020. Au-delà de cette augmentation, l’organisme pour l’égalité des chances et la lutte contre la discrimination constate davantage de violence dans les dossiers liés à l’orientation sexuelle que dans les autres affaires. “Les dossiers pour homophobie que nous traitons à Unia comportent des actes de haine, par exemple des coups et blessures, dans près de 43 % des cas. Et malheureusement, ces chiffres ne constituent que la partie émergée de l’iceberg : nous plaidons pour un meilleur encodage du motif homophobe dans les systèmes d’enregistrement de la police et du ministère public”, explique Patrick Charlier, directeur d’Unia.

Unia souligne toutefois que “la justice condamne régulièrement des agresseurs avec la circonstance aggravante du mobile homophobe”.

En cas de propos, gestes, actes discriminants en lien avec votre orientation sexuelle et/ou votre identité de genre, vous pouvez contacter la RainbowHouse au 0492/40.84.84 ou par email à fiche@rainbowhouse.be. Mais aussi Unia et l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes (IEFH).

A.V. – Photo d’illustration : Belga