Les cabinets politiques après un an d’affaires courantes : “On continue de mettre de l’essence dans la voiture sans savoir où l’on va”
Alors que le premier anniversaire des élections régionales approche, aucun gouvernement bruxellois ne semble à l’horizon. Après un an en affaires courantes, quel impact au sein des cabinets ministériels. La charge de travail a-t-elle diminué ? En tout cas, le nombre de collaborateurs, oui. Et drastiquement.
Au sein même des cabinets ministériels, 40% des effectifs ayant quitté leur fonction depuis l’été dernier n’ont pas été remplacés. Le nombre de collaborateurs a donc largement chuté en seulement un an, entraînant pour certains une charge de travail plus conséquente.
Du côté du cabinet d’Alain Maron et de Barbara Trachte pour Ecolo, on comptait 94 personnes en juin 2024, contre 35 en 2025, soit une diminution de plus de 61%. Chez Nawal Ben Hamou (PS), secrétaire d’État en charge du Logement et de l’Égalité des chances, le nombre de collaborateurs est passé de 45 à 25, soit 33% de moins. Même constat chez son confrère socialiste, Rudi Vervoort, ministre-président bruxellois, où de 73 temps plein en 2024, on n’est plus qu’à 43 à ce jour. Dans le cabinet de Bernard Clerfayt (DéFI), on comptait 43 collaborateurs en juin dernier, contre 27 actuellement. Du côté du ministre néerlandophone, Sven Gatz (Open Vld), le nombre a diminué de 28.5%.
Le cabinet d’Ans Persoons (Vooruit) indique ne pas “avoir attendu pour prendre des mesures visant à réduire les effectifs. Depuis juin 2024, 17 personnes sur 40 ont quitté notre cabinet. Nous continuons actuellement avec 24 membres du personnel. Pour un post critique, nous avons cherché un remplaçant. Il s’agit donc d’une réduction totale du personnel de 40 %“
Quant au cabinet d’Elke Van den Brandt, il n’échappe pas à la règle et a vu son nombre de collaborateurs diminuer de plus de 25%.
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Mais à quoi ces réductions sont-elles dues ? Sont-elles justifiées? Pour certains, pas vraiment, même au contraire. “Le rythme de travail est redevenu comme avant les affaires courantes, sinon la machine ne tournerait plus. On a dû faire un budget vu l’absence de gouvernement. On agit dans l’urgence et on tente de gérer des difficultés qu’on ne pensait jamais devoir résoudre à ce stade. Ce n’était pas à nous de le faire”, nous confie-t-on.
"On marche sur un fil"
À l’unanimité des sources interrogées, c’est une ambiance pesante et difficile qui est pointée du doigt. “C’est très inconfortable pour mes équipes de travailler ainsi et assez démotivant, car on ne construit rien”, “Les interactions humaines ont vachement diminué. Ce n’est pas vraiment porteur de bosser dans ces conditions”, affirment deux collaborateurs.
À titre d’exemple, l’un deux évoque l’absence du renouvellement du parc informatique. “On ne pas se mettre à acheter du matériel neuf en affaires courantes. Résultat, après 5 ans, on en est tous à venir avec un câble lors des réunions pour que nos ordinateurs fonctionnent sur secteur, car les batteries ne marchent plus.” Certains collaborateurs seraient d’ailleurs proches du “bore-out”, nous explique-t-on, ou encore: “On continue de mettre de l’essence dans la voiture sans savoir où l’on va“.
Dans d’autres ministères, c’est le manque de personnel qui est pointé du doigt : “Chez nous, ça bosse encore plus qu’avant, car on a gardé moins de gens par rapport aux autres. On a même dû réengager en urgence des conseillers avec une expertise spécifique”. Certains profils n’auraient même pas été remplacés, mais globalement, pour ce cabinet, la charge de travail est plus faible que durant la législature. “Maintenant à 17h00, on peut rentrer à la maison, avant c’était impossible. Mais on marche sur un fil et personne ne sait de quel côté va tomber la pièce”.
60 millions d'économies
Lors d’une audition devant la commission des Finances du Parlement bruxellois ce lundi, le ministre du Budget Sven Gatz (Open Vld) a expliqué que le moratoire sur les recrutements dans les administrations, en vigueur depuis le 1er décembre 2023 a permis d’économiser 25 millions d’euros. Cette somme correspond aux 517 postes qui n’ont pas été pourvus en raison de cette mesure. De plus, s’ajoutent 844 départs qui n’ont pas été remplacés et qui représentent une économie supplémentaire estimée à 35 millions d’euros.
Retrouvez la question parlementaire et la réponse du ministre ci-dessous :
Romuald Lamorté – Emma Druelles