L’édito de Fabrice Grosfilley : pourquoi la mission De Beukelaer – Van den Brandt est prolongée

Ils avaient annoncé une mission d’information qui devait durer deux semaines. Il y en aura finalement une troisième, et peut-être même un peu plus. Christophe De Beukelaer et Elke Van den Brandt annonceront ce vendredi qu’ils prolongent leurs travaux au moins jusqu’à la fin de la semaine prochaine. À ce stade, il est donc trop tôt pour conclure au succès ou à l’échec de cette « opération déminage » lancée à la suite du « pas de côté » de David Leisterh. Se laisser un peu de temps en plus ne permet pas de voir enfin la fin du tunnel bruxellois, mais dans l’entourage des formateurs, où l’on se montre d’un optimisme mesuré, on indique que si les travaux se poursuivent, c’est bien dans l’espoir de faire bouger les lignes« on ne s’entêterait pas, et on ne jouerait pas la montre si c’était pour arriver à un constat d’échec ».

Ces deux dernières semaines, Elke Van den Brandt (Groen) et Christophe De Beukelaer (les Engagés) ont donc mené une série de discussions, d’abord en bilatérale, puis dans des formats à 4 ou 5 interlocuteurs (eux deux et des invités). Leur principal acquis aura été de maintenir tout le monde à bord et d’avoir forcé tout le monde à se rencontrer. Sous leur égide, Ahmed Laaouej a accepté de discuter avec Cieltje Van Achter. On ne dira pas que la réunion a permis d’avancer, mais le fait qu’elle ait pu avoir lieu est en soi un petit événement. PS et Open VLD se sont également vus, il reste, d’après nos informations, à organiser une rencontre formelle entre MR et PS et c’est probablement là que la suite des évènements s’écrira en partie, tant les relations entre Georges-Louis Bouchez et Ahmed Laaouej semblent aujourd’hui dégradées.

Ces deux (et donc bientôt trois) semaines d’information auront donc permis de faire baisser la pression. Le fait qu’elles tombent pendant les congés scolaires et que l’attention médiatique se focalise sur la crise americano-ukrainienne aura sans doute un peu aidé. Les observateurs auront aussi noté une certaine retenue médiatique de la part du président du Mouvement Réformateur (comprenez qu’il reste politiquement et médiatiquement hyperactif, mais qu’il n’aura pas évoqué Bruxelles plusieurs jours d’affilée).

A ce stade, les informateurs n’ont pas encore fermé de pistes. Celle avec la N-VA ou celle sans la N-VA restent sur la table. Les prochains jours devraient permettre de resserrer l’équation en allant au plus près de la question qui fâche : avec qui acceptez-vous de négocier ou non ? C’est donc tout l’enjeu des réunions passées et à venir : avoir permis à tout le monde de voir tout le monde pour lever un maximum de malentendus et communiquer les yeux dans les yeux sans passer par des formules assassines par presse interposée.  Un « moment de vérité » qui va donc être suivi d’une nouvelle « phase d’atterrissage » où chacun devra confirmer ou infirmer ses exclusives des derniers mois. On attend évidemment beaucoup de la position du CD&V, mais ce n’est pas le seul verrou : une ouverture socialiste ou la perspective que l’Open VLD et MR consentent à lâcher la N-VA restent hypothétiques.

Il reste donc une semaine pour savoir si la mission d’information De Beukelaer – Van den Brandt a permis de faire bouger les lignes. Si la réponse est positive, les informateurs passeront le relais à un formateur. Le nom le plus probable reste celui de David Leisterh… à la condition, bien sûr, qu’une perspective de coalition se dessine.