L’édito de Fabrice Grosfilley : en attendant le métro

Faut-il prévoir une alternative au projet de métro ? Cette question avait déjà été l’un des nœuds de la négociation de 2019 pour former la majorité actuelle au gouvernement bruxellois. Cette question risque à nouveau d’être le nœud de la prochaine négociation après les élections de l’année prochaine. Avec une prolongation vers Schaerbeek et Evere qui coûterait au mois 2,5 milliards, et un coût  total, si on prend la partie sud déjà en construction avec la fameuse station Toots Thielemans, qui  dépassera facilement les 4 milliards. On est loin, très loin des estimations de départ. Et puis, surtout, le projet prend du retard : selon Brieuc de Meeus, patron de la STIB,  la mise en service de la portion sud de ce métro 3  (d’Albert à Rogier) attendra 2031 ou 2032. Pour la portion nord, les 7 stations de Schaerbeek et Evere, il faudrait attendre au moins 2034, peut être même 2038 si l’on en croit une nouvelle note transmise au gouvernement. Conclusion de certains membres de la majorité : on ne peut pas rester à ne rien faire en attendant. Il faut trouver un moyen de renforcer l’offre de transport en commun vers Schaerbeek et Evere, qu’on décide ou pas, de financer cette extension du métro.

Ce matin la Libre Belgique, la Dernière Heure et l’Echo ont donc pu prendre connaissance de 13 pistes imaginées par la Stib et Bruxelles-Mobilité pour essayer de patienter. Plusieurs de ces pistes concernent la ligne de tram 55 qui relie Rogier à la station Da Vinci. Cela va de travaux  dans la station Rogier  pour avoir des infrastructures qui ne serviraient qu’à la ligne 55 (elles servent aujourd’hui aussi au tram 25), à des travaux de voiries pour améliorer la vitesse du tram, avec une meilleure protection des sites propres, des carrefours repensés pour garantir la priorité du tram sur les voitures, des feux de signalisation mieux synchronisés, ou encore le changement du matériel roulant, avec des trams T4000 (à la place du modèle  3000 qui roule aujourd’hui)  pour transporter davantage de passagers. Cela implique des travaux sur les voiries, des travaux aux stations de tram, la suppression de places de parking, au mieux des solutions qui ne seront pas prêtes avant 2030.

Parmi les autres pistes l’idée de créer une ligne de bus, qui ferait le même trajet que cette ligne 55, ou encore la création d’un tram parallèle qui irait de Bordet à Botanique et qu’on ferait passer par la chaussée de Haecht ou la déviation du tram 92 pour qu’il ne gêne plus le passage du tram 55. Ce ne sont que des pistes, elles nécessitent du temps et des investissements, mais ce ils seraient évidement sans commune mesure avec l’extension du métro : quelques dizaines de millions  d’euros, peut-être une centaine ou un peu plus d’un coté, contre plus de 2,5  milliards de l’autre.

Le problème, c’est que ces pistes ne remplaceront pas le projet de métro. Ce serait trop simple, on y aurait pensé avant. Pour la  STIB ces améliorations ne présentent qu’un gain marginal par rapport à  la situation actuelle. Les partisans du métro continueront donc  d’asséner leurs deux arguments principaux : capacité et rapidité. On transporte 8 fois plus de  passagers  dans une rame de métro que dans un tram, et le métro est  nettement  plus rapide. Le métro 3 promet de transport ses passagers de Bordet à Albert, soit de Evere à Forest en, l’espace de 20 minutes seulement. La liaison vers le centre ville ne prendrait qu’une dizaine minutes, ce sont des temps de parcours imbattables.

A ce stade, les 13 pistes  de ce document ne sont donc pas destinées à remplacer le projet de métro 3. Ce n’est pas l’un ou l’autre , c’est plutôt l’un en attendant l’autre. Des améliorations du transport en commun en surface, en attendant la réalisation du transport en commun souterrain. Pourtant, on sent bien que le débat risque de prendre une autre voie. Que la question du financement du métro 3 est sur le point de devenir une question existentielle du budget bruxellois. A tel point que pour les plus chauds partisans du métro, commencer à discuter d’aménagement temporaire, c’est peut être mettre le doigt dans un engrenage, qui de solution temporaire, en mauvaises surprises budgétaires, aboutirait au final, à faire en sorte que le métro 3 ne se fasse finalement pas.