L’édito de Fabrice Grosfilley : chantons, maintenant

Et si on arrêtait tout et qu’on se mettait à chanter ? C’est la proposition que j’ai envie de te faire ce matin, Bruxelles : prendre quelques minutes, marquer un temps d’arrêt, respirer un grand coup et chanter à pleins poumons. L’air de ton choix. Le chant, c’est la diversité : Lady Gaga ou Snoop Dogg pour les uns,Jacques Brel ou Léo Ferré pour les autres, peu importe. Mais chanter, avec un sourire dans la voix. Relever la tête, s’approprier l’espace qui nous entoure, l’habiter par la voix.

Chanter, c’est être en connexion avec les autres. On chantonne ou on sifflote pour soi, on chante pour ceux qui nous entourent. Chanter, c’est se nourrir l’esprit, faire fonctionner son cerveau, partager sa vision du monde ou son humeur. “Le chant est le reflet de notre être et de nos émotions”, disait déjà Aristote, 400 ans avant Jésus-Christ.

Le chant secrète des endorphines, dope notre dopamine et aide à la gestion du stress. Donner de la voix nous détend, nous relaxe, fait fonctionner notre mémoire.  Raison pour laquelle on encourage le chant dans les maisons de retraite. Mais le chant, si on le pratique en collectivité, est aussi un moyen de s’inscrire dans un groupe, de conjuguer nos talents, de s’aider les uns les autres. La polyphonie, le chant à plusieurs, c’est la force de l’assemblée, où la conjugaison des talents fait bien plus qu’additionner des voix. On crée des harmonies, on apprend à s’écouter et à se compléter. On sort de son isolement et on fait société dans le plus beau sens du terme.

Ce bienfait du chant, vous êtes nombreux, sûrement, à l’éprouver.  Soit en chantant seul, soit en participant à une chorale. Il faut l’encourager, redonner le goût du chant aux plus jeunes comme aux plus âgés. Dans les prochains jours et prochaines semaines, vous aurez peut-être l’occasion d’entendre les chœurs de la Flagey Academy , des jeunes enfants et adolescents, recrutés à travers toute la Région bruxelloise, qui se produiront à la fin du mois à l’abbaye de la Cambre. Mais aussi les chœurs d’enfants de la Monnaie, l’association Singing Molenbeek, la Maison qui chante à Ixelles. Et on pourrait en citer beaucoup d’autres… Au total, ce sont des milliers d’enfants, et des milliers de séniors qui chantent. Et pour nous, adultes actifs, la tranche du milieu, qui avons tant de mal à trouver de la place dans nos emplois du temps et tant de difficulté à dépasser nos blocages (je n’ai pas une belle voix, je chante faux), il y a par exemple la Chorale d’un soir qui se réunit à la Tricoterie de Saint-Gilles.

Un chant n’est pas l’autre. On pourra toujours citer les chants martiaux et belliqueux comme la Marseillaise ou ceux, pas toujours inspirés, qu’on entend dans les stades. On trouvera beaucoup plus de plaisir à chanter “Give peace a chance” de John Lennon ou (bien plus difficile, mais d’une troublante actualité) le “Russians” de Sting. On se rappellera aussi que le chant, moyen de protestation pacifique par excellence, peut mobiliser les foules et faire reculer les tyrans, comme la révolution chantante qui démarre après un festival de chant en Estonie et débouche sur l’indépendance des États baltes. À chacun sa chanson, donc. Joe Dassin, Eminem, Arno, le Grand Jojo, Angèle ou les Sex Pistols. Mais, chantez et vous verrez la vie autrement. Et les actualités qu’on délivre ici chaque matin, auront une saveur un peu moins négatives.

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Fabrice Grosfilley