Le nombre d’euthanasies en hausse en Belgique : voici le profil des demandeurs

Le nombre d’euthanasies pratiquées en Belgique continue d’augmenter, année après année. Il y en a eu 3.991 l’an dernier pour 3.423 en 2023, 2.966 en 2022 et 2.699 en 2021, selon les derniers chiffres transmis mercredi par la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie. L’euthanasie représentait ainsi 3,6% des décès enregistrés en 2024 en Belgique.

Les néerlandophones sont les plus nombreux à demander l’euthanasie en Belgique (76,2% contre 23,8% des francophones). Le nombre de documents d’enregistrement rédigés en néerlandais a augmenté de 25%, tandis que le nombre de documents d’enregistrement en français a légèrement diminué.

En 2024, l’augmentation du nombre de patients masculins ayant eu recours à l’euthanasie est légèrement plus forte que celle des patientes féminines. Toutefois, la répartition par genre reste stable et équitable au fil des ans.

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En ce qui concerne l’âge des demandeurs, un seul cas d’euthanasie chez une personne mineure a été déclaré. En dix ans, après l’extension de la loi aux mineurs, six mineurs ont eu recours à l’euthanasie. En 2024, la grande majorité des patients concernés (72,6%) avaient plus de 70 ans, et les euthanasies chez des personnes de moins de 40 ans sont restées rares (1,3%).

Le cancer comme première cause

La majorité des demandes est justifiée par un cancer. Dans plus de la moitié des cas (54%), une ou des tumeurs, sans perspective de guérison, étaient à l’origine de la demande. Mais, derrière les cancers, les polypathologies gagnent en importance dans les affections à l’origine des euthanasies. Elles sont passées de 23,2% des dossiers en 2023 à 26,8% en 2024. Les affections psychiatriques, comme les troubles de la personnalité, ne représentent qu’une part marginale du total : 1,4%.

Certains patients peuvent présenter à la fois des souffrances physiques et psychiques. En 2024, ils étaient une large majorité, à savoir 82,3% (contre 76,2 % en 2023). Les souffrances physiques seules diminuent (15,8 % en 2024 contre 21,9 % en 2023), contrairement aux souffrances psychiques seules qui restent stables.

Les patients inconscients en diminution

Dans 76,6% des cas, le décès était attendu à brève échéance. Toutefois, l’euthanasie pour des patients dont le décès n’était pas attendu à brève échéance continue d’augmenter (932 cas en 2024, contre 713 en 2023), principalement pour des patients atteints de polypathologies.

La grande majorité des euthanasies (99,8%) concerne des demandes actuelles, émises par des patients conscients. Les euthanasies de patients inconscients réalisées sur base de déclaration anticipée continuent de diminuer (9 en 2024 contre 19 en 2023). Ces neuf patients souffraient majoritairement de cancers, d’affections cardiaques ou d’une combinaison des deux et étaient dans un état d’inconscience irréversible.

Versus | 20 ans d’euthanasie (2022)

Quelque 120 personnes domiciliées à l’étranger – dont des Belges – sont spécialement venues en Belgique pour se faire euthanasier en 2024,. Il s’agit principalement de Français (106 sur les 120).

La Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie est chargée d’évaluer les dossiers de chaque euthanasie pratiquée en Belgique, et de vérifier que toutes les conditions légales ont été respectées. Si elle soupçonne la violation d’une condition essentielle, elle transmet le dossier à la justice. Cela reste très rare, puisqu’aucun dossier n’a été transmis au procureur du Roi
en 2024.

Le cas bruxellois

Les déclarants doivent désormais indiquer la région dans laquelle le patient habite. Dès lors, il est possible de connaître la situation bruxelloise : “5,5% des patients euthanasiés habitaient dans la Région bruxelloise“, nous précise Jacqueline Herremans, avocate. Les provinces flamandes sont les plus nombreuses à loger des patients demandant à être euthanasiés. Après les cinq provinces flamandes, on retrouve la province de Liège et puis la Région bruxelloise.

La Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie ne peut par contre pas donner de chiffres concernant le nombre d’euthanasies effectuées sur le territoire bruxellois. En effet, les 5,5% de patients bruxellois n’ont pas forcément été euthanasiés dans un hôpital de la Région. Et d’autres patients, provenant par exemple des deux Brabants, ont pu se rendre à Bruxelles pour effectuer l’acte médical.

Rédaction avec Belga – Photo : Canva

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19 mars 2025 - 15h31
Modifié le 19 mars 2025 - 15h31

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