La procès du meurtre d’Eunice Osayande, prostituée tuée à Schaerbeek, débute ce lundi

La cour d’assises de Bruxelles procédera, lundi après-midi, à un nouveau tirage au sort des jurés pour le procès d’un jeune homme accusé du meurtre d’une prostituée, après avoir échoué à former un jury en septembre. Les débats commenceront ensuite jeudi matin.

Ce procès, initialement planifié en septembre 2021, avait été ajourné avant même d’avoir commencé, faute de candidats jurés présents en suffisance. Près d’un tiers des citoyens appelés à être jurés ne s’étaient pas présentés à la convocation. La présidente de la cour d’assises n’avait eu d’autre choix que de reporter le procès.

Dans ce dossier, un jeune homme est accusé d’avoir tué une prostituée nigériane de 23 ans, Eunice Osayande. Elle avait été tuée à coups de couteau, dans sa carrée située rue Linné à Schaerbeek, durant la nuit du 4 au 5 juin 2018. L’accusé était mineur d’âge au moment des faits, mais le juge de la jeunesse s’est dessaisi de son cas, raison pour laquelle il a été renvoyé devant la cour d’assises.

L’accusé a été reconnu sur des images de caméras de vidéo-surveillance du quartier, filmées juste après les faits. Il y est observé courant vers la gare du Nord, puis montant dans un tram, et arborant un t-shirt déchiré. Il a ensuite été identifié sur base d’empreintes digitales relevées sur un paquet de cigarettes se trouvant dans un sac, vraisemblablement abandonné sur place par l’auteur.

Le jeune homme, qui était déjà connu de la police et des services judiciaires de la jeunesse, a été arrêté le 20 juin 2018, soit une quinzaine de jours après les faits. Après avoir tout d’abord nié toute implication, il est passé aux aveux, expliquant son geste par un différend dans le cadre d’une relation sexuelle tarifée avec la victime. Il a déclaré s’être défendu face à la prostituée qui le chassait violemment, précisant qu’il n’avait pas l’intention de la tuer. Il est ensuite revenu une nouvelle fois sur ses déclarations pour nier son implication, tout en admettant qu’il était présent lorsque les faits ont eu lieu.

En avril 2019, l’accusé a encore changé de version, affirmant qu’il était bien l’auteur des coups de couteau. Il a déclaré qu’il était stressé et se sentait humilié parce que la relation sexuelle se passait mal. La victime le pressait de se dépêcher et il s’est énervé. Il l’a poussée, frappée puis poignardée, a-t-il déclaré, expliquant avoir perdu tout contrôle de lui-même.

Un émoi dans la capitale

Le décès d’Eunice avait provoqué l’émoi parmi les travailleuses du sexe du quartier Nord de la capitale. Elles avaient organisé une marche silencieuse, le 14 juin 2018, en mémoire à la jeune femme. Environ 150 personnes y avaient participé, dont une quarantaine de prostituées nigérianes, pour réclamer plus de protection policière dans les rues de Saint-Josse-ten-Noode et Schaerbeek où elles travaillent, mais aussi un véritable statut pour leur profession.

La Ville de Bruxelles a récemment décidé qu’une nouvelle rue, qui reliera bientôt le Quai des Péniches et le Quai de Willebroeck, portera le nom de cette jeune femme.

 

Belga – Photo : Belga (archives)