La moitié des logements bruxellois “Airbnb” proposés par des professionnels ou des investisseurs

Une équipe de recherche en sociologie et démographie de la VUB a mené une étude sur la plateforme Airbnb à Bruxelles. 

L’objectif de l’étude était de faire un état des lieux et de déterminer comment les logements proposés sur la plateforme Airbnb se distribuent à Bruxelles, et d’évaluer l’impact du système sur le marché locatif bruxellois, explique Sylvie Gadeyne, sociologue à la VUB et co-autrice de l’étude avec Pieter-Paul Verhaege.

Il ressort des données qu’en 2019, 45 % des logements proposés sur la plateforme le sont par des professionnels ou des investisseurs. “La différence se situe au niveau de la durée de la mise en location et du nombre de logements proposés“, indique Sylvie Gadeyne.  Ainsi un professionnel louera trois unités ou plus par an. Un investisseur louera une ou deux unités pendant plus de 120 jours par an. En revanche, les amateurs proposent une chambre chez eux, ce qui correspond à la philosophie originelle de la plateforme.

Ce fonctionnement se marque également dans la localisation des biens proposés. Investisseurs et professionnels préfèrent les zones touristiques ou le quartier européen. Les “amateurs” se retrouvent dans une plus grande diversité de quartiers.

Pour avoir accès aux données, les deux chercheurs ont dû faire appel à une société de web-scraping. “Airbnb ne partage pas ses données, ne met pas ses données à disposition de la recherche. Nous avons dû faire appel à la société AirDNA qui nous a vendu des données.” Des données sur le nombre de biens loués, le prix, la localisation, mais qui sont anonymes, précise Sylvie Gadeyne.

Les deux chercheurs doivent désormais attaquer la deuxième partie de leur enquête :  l’impact de ces pratiques sur le marché locatif bruxellois et le prix des loyers. “Il est certain que si 5000 logements échappent au marché locatif bruxellois, cela n’est pas sans effet“, conclut Sylvie Gadeyne.

Contestation

La plateforme Airbnb a réagi. Dans un communiqué, la société conteste les chiffres relevés par la VUB. Elle prétend ne pas avoir été contactée par les deux chercheurs et remet en question la fiabilité des données utilisées : “Cette étude est basée sur des données qui ne sont pas fiables et qui sont obsolètes et formule des suppositions trompeuses sur notre communauté. Moins de 5% des hôtes à Bruxelles proposent 3 ou plus d’annonces. Près d’un tiers des hôtes belges disent que l’argent qu’ils gagnent les aide à joindre les deux bouts. Les dépenses des voyageurs Airbnb à Bruxelles soutiennent directement près de 1500 jobs et contribuent à hauteur de plus de 145 millions de dollars à l’économie locale.”

Ecouter l’interview de Sylvie Gadeyne, sociologue à la VUB et co-autrice de l’étude