La ministre Galant présentera mardi au secteur son plan de réforme des médias de proximité

C’est un rendez-vous qu’ils ont certainement entouré de rouge dans leur agenda: les dirigeants des douze médias de proximité que compte la Fédération Wallonie-Bruxelles sont attendus ce mardi matin à la première heure par la ministre des Médias pour leur présenter son plan de réforme du secteur.
Fusions, synergies avec la RTBF, implication d’acteurs privés,… : Jacqueline Galant (MR) avait annoncé la couleur à l’automne dernier en affichant son ambition de réduire de moitié le nombre de médias de proximité, anciennement connus sous le nom de “télévisions locales”.
La Fédération Wallonie-Bruxelles en compte actuellement douze, financées par la FWB à hauteur d’un peu plus de 13 millions d’euros par an. La distribution géographique de ces médias varie toutefois sensiblement d’une province à l’autre, avec par exemple quatre télés locales dans la seule province du Hainaut contre deux dans celle de Liège. Pour la Jurbisienne, l’heure est venue de rationaliser le secteur avec l’objectif assumé de faire des économies vu la situation budgétaire compliquée de la FWB. “Tout le monde doit participer à l’effort”, insiste son cabinet. “L’objectif n’est toutefois pas de détruire, mais de faire beaucoup mieux”.
Les médias de proximité vivent une passe difficile. La moitié d’entre eux sont actuellement en déficit, avec des réalités très différentes. Leur structure de financement varie en effet d’une entreprise à l’autre, avec des subsides (inter)communaux (ou provinciaux) fort inégaux. Parfois des sources alternatives de financement, parfois pas… Le secteur pâtit aussi aujourd’hui de recettes des câblo-opérateurs en repli. Autre signe de sa fragilité: une grande partie du personnel des médias de proximité dépend des aides à la promotion de l’emploi (APE), un outil lui aussi récemment rationalisé. Face à ce constat, la ministre voudrait voir à l’avenir les médias de proximité mutualiser davantage leurs moyens. Des incitants financiers pourraient les y encourager. Elle souhaite aussi une collaboration plus étroite avec la RTBF, elle aussi présente sur le terrain de l’information locale. Outre l’ambition de rationalisation, le projet de réforme de la libérale s’accompagne aussi d’un large volet de simplification administrative, avec pour objectif notamment d’alléger les contraintes fixées dans les contrats de gestion des médias de proximité.
Jacqueline Galant a passé ces derniers mois à se rendre dans chacun de ces médias. Elle a aussi rencontré la RTBF et sondé les éditeurs de presse écrite sur leur possible implication. Sur base de ces différents échanges, elle a élaboré un texte “très précis” qui sera présenté mardi aux responsables des médias de proximité. Sondée par Belga sur son contenu, la ministre a indiqué vouloir en réserver la primeur aux acteurs, dont elle entend être “à l’écoute”, assure-t-on. L’annonce il y a quelques mois de ses projets avait reçu un accueil assez mitigé des acteurs, certains craignant d’être forcés de fusionner au risque de perdre leur identité et leur proximité avec leur audience. Parmi les journalistes et techniciens de ces médias, l’annonce de “synergies” génère aussi des craintes, économies d’échelle étant souvent synonyme de compression du personnel.
Après présentation de son projet et concertation avec les acteurs, la ministre déposera par après un avant-projet de décret à son partenaire de gouvernement. Aucun calendrier pour la réforme n’a été communiqué. Par leur existence, les douze médias de proximité de la FWB contribuent au pluralisme de médias. Ils sont aussi un important vecteur de cohésion et d’identité dans les différents bassins de vie de la Wallonie et de Bruxelles. Ensemble, ils rassemblent une audience quotidienne de quelque 600.000 téléspectateurs et attirent plus de 3 millions de visiteurs uniques sur leurs sites web, selon des chiffres fournis par le Réseau des médias de proximité.
Belga