La fin du cordon sanitaire à Grimbergen ? Bart Laeremans, ex-Vlaams Belang, bientôt bourgmestre
C’est une première en Flandre : un ancien membre du Vlaams Belang va devenir bourgmestre, et cela se passe à la frontière de Bruxelles. Bart Laeremans va prendre la tête de Grimbergen après le vote d’une motion de défiance contre l’actuelle majorité.
Revenons aux dernières élections communales, en 2018. À l’époque, la liste Vernieuwing (Renouveau) de Bart Laeremans arrive en tête des élections avec plus de 21% des voix et s’annonce comme la force politique majeure avec laquelle la négociation d’une majorité s’annonce indispensable. Le problème est celui-ci : Bart Laeremans a été député fédéral Vlaams Blok, puis Vlaams Belang entre 1995 et 2010 et sénateur Vlaams Belang entre 2010 et 2014. Il a quitté le parti en 2015 pour des bisbrouilles autour de la stratégie électorale du parti d’extrême-droite. Il a alors lancé sa propre liste locale, Vernieuwing, pour poursuivre son action à Grimbergen, au nord de la capitale.
Malgré ce passé, l’Open VLD et N-VA ont trouvé un accord avec Vernieuwing pour former une majorité. Avec une seule condition : le poste de bourgmestre doit revenir à l’Open VLD. Chris Selleslagh est ainsi devenu bourgmestre afin d’éviter l’arrivée d’un ex-parlementaire d’extrême-droite à la tête de la commune.
Beaucoup de problèmes ont depuis lors éclaté en interne. Le dernier du genre est le fameux dossier du magasin Jumbo. Ce supermarché néerlandais devait s’installer… dans un parking souterrain sous le centre de Grimbergen. Le projet a été présenté en février dernier et a été décrié, notamment par des riverains du centre-ville à coup de bâches et de tracts, depuis lors.
La majorité s’est déchirée sur ce dossier et la N-VA et Vernieuwing se sont rapprochés du CD&V pour former une nouvelle majorité et éjecter l’Open VLD. Ce qui permettra donc à Bart Laeremans de devenir bourgmestre. Le dépôt de cette motion de méfiance doit intervenir le 2 juin.
Déjà la question du cordon sanitaire en 2018
Face à cette nouvelle, on peut se poser la question : vu que Bart Laeremans n’est plus au Vlaams Belang, cette nomination est-elle une rupture du cordon sanitaire avec l’extrême-droite ? La question s’était déjà posée en 2018.
La présidente de l’Open VLD à l’époque, Gwendolyn Rutten, avait dit s’opposer à la formation d’une majorité avec Vernieuwing si des membres de Vlaams Belang arrivent dans la coalition. La section locale de l’Open VLD et Bart Laeremans avaient répliqué que Vernieuwing était une liste locale, sans lien avec le Vlaams Belang. Et ce, alors qu’au moins un candidat avait bien sa carte de parti et que le Vlaams Belang n’avait pas de liste à Grimbergen, pour ne pas faire de l’ombre à Vernieuwing.
Chris Selleslagh de l’Open VLD avait alors obtenu le poste de bourgmestre pour éviter une nouvelle polémique. Mais ce ne sera bientôt plus le cas. Et la nouvelle coalition avec le CD&V ne s’embarrasse pas de cette question du cordon sanitaire. Surtout, après un vote de méfiance, le code de la démocratie locale en Flandre implique le bourgmestre doit être l’élu avec le plus de voix de préférence au sein du plus grand parti de la majorité. Soit Bart Laeremans, dans ce cas.
Pour la nouvelle majorité, il n’y pas de rupture du cordon sanitaire vu que Bart Laeremans n’est plus Vlaams Belang. Pourtant, ses liens avec l’extrême-droite et les pontes du Vlaams Belang sont clairs depuis plus de vingt ans.
En vue de 2024
Cette nomination à Grimbergen est une victoire symbolique de l’extrême-droite, quoiqu’en disent les élus locaux. Ce n’est pas une victoire claire et personnelle du Vlaams Belang car Bart Laeremans a dû quitter le parti pour devenir bourgmestre. Mais le Vlaams Belang peut voir en cette annonce une confirmation de son implantation dans le paysage flamand. Et cela, deux ans seulement avant les prochaines super-élections. Les Belges seront en effet invités à voter pour les régionales, fédérales, européennes et locales, en même temps !
Le Vlaams Belang veut s’appuyer sur ce type d’accord pour légitimer sa place dans le paysage politique.
Grégory Ienco – Photo : Belga/Filip De Smet