Le gouvernement Michel II remis en cause à la Chambre : le gouvernement devra demander un vote de confiance

Ce mercredi après-midi, la Chambre s’est exceptionnellement réunie à l’occasion d'”échanges de vues” sur la composition du gouvernement Michel II et sur le climat. L’occasion pour l’ensemble des députés de s’interroger sur la suite du gouvernement fédéral.

Le gouvernement Michel II est-il légitime ? Doit-il être confirmé par un vote de confiance ? L’opposition va-t-elle lancer un prochain vote de méfiance ? Autant de questions qui continuent d’agiter le Parlement depuis ce samedi soir et la démission des ministres N-VA du premier gouvernement Michel. Avec 52 députés sur 150 qui soutiennent ce gouvernement “minoritaire”, de nombreux partis demandent des clarifications sur l’avenir du gouvernement. Suite à ces interrogations, la conférence des présidents de groupe a donc décidé la mise en place d’une séance extraordinaire d’échanges de vues à la Chambre, afin de discuter des dispositions de ce nouveau gouvernement Michel II, ce mercredi après-midi.

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Lors de ces débats, le Premier ministre Charles Michel (MR) a encaissé de nombreux coups, notamment de la part du chef de groupe de la N-VA à la Chambre, Peter De Roover. “En formant un gouvernement qui ne représente qu’un tiers du Parlement, vous êtes, vous, du mauvais côté de l’histoire”, lance-t-il, rappelant la phrase de Charles Michel, parlant d’une Belgique du bon côté de l’histoire en adoptant le Pacte des migrations des Nations Unies, à Marrakech. “Jusque la semaine dernière, vous aviez un gouvernement qui poursuivait une politique solide depuis quatre ans et demi, mais la semaine dernière, la position de la N-VA sur le pacte des Nations Unies a été ignorée et nous sommes devenus une quantité négligeable”. Avant une nouvelle charge : “Vous pouvez difficilement attendre de l’épouse trompée pour une aventure d’un soir qu’elle prépare le petit déjeuner. Il n’est pas question à ce stade d’un vrai gouvernement pour ce pays mais d’un canard boiteux”.

“Irresponsable”

De son côté, le chef de groupe PS à la Chambre Ahmed Laaouej estime pour sa part que le gouvernement de Charles Michel ne représente qu’une “minorité”. “Votre façon de faire de la politique est irresponsable”, affirme le député socialiste. “Vous continuez à négocier avec la N-VA, le parti qui vous a mis à genoux et qui continue de vous faire danser au son de sa musique. (…) Nous ne laisserons pas abimer le Parlement, comme vous avez laissé abimer votre gouvernement. (…) Un gouvernement en affaires courantes respecterait mieux la constitution. Notre message est celui-là : plutôt un gouvernement en affaires courantes que la politique de régression sociale de votre gouvernement”, lance Ahmed Laaouej.

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David Clarinval, chef de groupe MR, répond de son côté à son confrère socialiste en répliquant sur “les 541 jours de négociations du PS avec la N-VA” en 2009. Il estime, concernant la crise actuelle, que “ce n’est pas la première fois que le pays traverse une période de questionnements” et que “des solutions créatives sont à chaque fois trouvées”. Il souhaite donc trouver une solution à cette crise : “Nous sommes à la croisée des chemins. (…) Il serait très peu judicieux de venir ici au Parlement pour lancer des slogans. Cela ne peut que renforcer les extrêmes”.

“Prendre des responsabilités et gouverner”

Le même ton était adopté par Servais Verherstraeten, du CD&V. “On a dit et écrit suffisamment sur la démission des ministres de la N-VA. Beaucoup de choses ont également été dites et écrites sur la situation difficile d’aujourd’hui”, affirme-t-il. Il confirme que le gouvernement orange-bleue (MR-Open VLD-CD&V) va assumer ses responsabilités : “La démocratie, c’est prendre des responsabilités et gouverner”. Alors que Patrick Dewael, chef de groupe Open VLD, s’est voulu plus virulent, notamment à l’encontre de la N-VA. “En tant que pays, nous n’allons pas nous recroqueviller dans notre coquille. Nous sommes heureusement du bon côté de l’histoire”, a-t-il répliqué à Peter De Roover. Avant de lancer à l’encontre de l’opposition, qui ne risque pas de créer une majorité alternative selon lui : “Est-ce que la N-VA et le PS vont négocier pour former cette majorité ces prochaines semaines ?” L’Open VLD et le CD&V ont tous deux confirmé qu’ils voteront les projets de loi, dont le budget, de l’orange-bleue.

Kristof Calvo, chef de groupe Ecolo-Groen, annonce pour sa part qu’il ne votera pas le budget proposé par le gouvernement pour 2019, et demande des prochaines négociations ainsi que la confiance du Parlement pour “trouver des modalités de coopération” et “discuter de nouveaux choix socio-économiques”. Alors que Catherine Fonck, cheffe de groupe cdH, évoque, concernant le gouvernement Michel II, “un tour de passe-passe qui permet de passer d’un gouvernement MR-N-VA à une majorité MR-NVA“.

Charles Michel répond

Après avoir entendu l’ensemble des chefs de groupe, le Premier ministre Charles Michel (MR) a pris la parole au perchoir. “J’ai assumé les conséquences de la décision du Parlement d’approuver le Pacte des migrations”, affirme-t-il, avant de “remercier la N-VA pour ces quatre années” au pouvoir. “Ceux qui disent ne pas vouloir d’élections anticipées me poussent, par leurs actes, à un immobilisme, à des élections anticipées justement”, se défend-il. “Un gouvernement sans majorité au Parlement ne peut jamais forcer un Parlement à voter une loi. C’est l’évidence même. Tout comme la constitution permet au Parlement de mener une motion de méfiance”, explique encore Charles Michel.

“Entre des élections anticipées et un gouvernement démissionnaire, y a-t-il un chemin qui est possible ? Il y en a un qui existe déjà dans treize autres pays européens. Dans ces pays, il y a parfois des situations des gouvernements qui ne sont pas soutenus par une majorité au Parlement, mais plutôt dans un partenariat”, confie le Premier ministre, qui souhaite que le Parlement approuve “cet autre chemin” politique. Il souhaite un gouvernement “prudent et responsable”, qui “travaille avec le Parlement”, sans toutefois donner des précisions sur ce que cette direction implique.

Une motion de la part de l’opposition

Après les réponses des députés, la séance des “échanges des vues” a été suspendue et la conférence des présidents a été convoquée pour discuter notamment des suites à donner à ces débats. En effet, le PS, le sp.a, Ecolo-Groen, le CDH et DéFI ont déposé ensemble une motion afin de pouvoir voter la confiance ou non du gouvernement Michel II. “La Chambre souhaite exiger le respect non seulement de l’institution parlementaire, mais aussi des règles démocratiques et constitutionnelles de la Belgique”, explique notamment cette motion. “Nous sommes convaincus que les règles démocratiques et constitutionnelles”, indiquent l’opposition qui demande que le gouvernement propose son “nouveau programme” et vienne “chercher la confiance du parlement au plus tard mardi”.

Si ces motions sont jugées recevables par la conférence des présidents, elles seront soumises au vote ce mercredi. Si elles sont adoptées, le gouvernement sera prié par le parlement de demander la confiance mardi prochain.

Gr.I. – Photo : Belga/Nicolas Maeterlinck

■ Images de la Chambre et duplex de Michel Geyer et Thierry Dubocquet.

Motion votée: le gouvernement devra présenter une déclaration et demander un vote de confiance

La Chambre a approuvé mercredi en séance plénière une motion d’ordre du chef de groupe PS Ahmed Laaouej cosignée par le sp.a, les écologistes, le cdH et DéFI proposant au gouvernement orange-bleu de présenter son nouveau programme et chercher la confiance du parlement au plus tard mardi. La N-VA a soutenu la demande.

Jusqu’à présent, le Premier ministre Charles Michel, dont le gouvernement dans sa forme actuelle a perdu sa majorité, a laissé entendre que cette demande de la confiance au parlement était une “possibilité”. Mardi, des interpellations au Premier ministre sont prévues. Pour une majorité au parlement, il ne fait pas de doute que le gouvernement Michel II, qui ne réunit plus que le MR, le CD&V et l’Open Vld, est bien un nouveau gouvernement, qu’il doit présenter une nouvelle déclaration et donc requérir la confiance.

Source : Belga