Déclaration de politique générale bruxelloise : l’opposition critique l’absence de réforme
Le débat ouvert vendredi sur la déclaration de politique générale lue jeudi par le ministre-président bruxellois a pris les allures de positionnement de pré-campagne électorale, au gré de diverses interventions et des critiques de l’opposition, .
“Si l’électeur nous fait confiance l’an prochain, nous pensons qu’il faudra forcer les bonnes réformes dans les 100 premiers jours“, a ainsi dit d’emblée le chef du groupe MR David Leisterh, en tant que représentant du premier groupe de l’opposition. Celui-ci ne croit pas que le gouvernement Vervoort arrivera à enclencher un processus de réformes dignes de ce nom durant les 200 jours de fin de législature. Sur le mode du récit imaginaire de l’arrivée d’une entrepreneuse londonienne à la gare du Midi, confrontée d’emblée à une série de situations, il a dépeint sa propre vision d’un nombre de défis non relevés par l’actuel gouvernement bruxellois, en matière d’aménagement de l’espace public; de rénovation; de formation à des métiers en pénurie; de lutte contre le chômage, ou encore de lutte contre la précarité. Dans les domaines de la propreté et de la mobilité, malgré un budget en hausse, ce n’est pas mieux, selon lui. En 20 ans, plus un kilomètre de métro n’a été mis en service. Le prix du transport des personnes a augmenté “depuis que certains ont empêché ces véhicules Uber de rouler“. Il faut dix ans pour accéder à un logement social, et nombre d’habitants et d’entreprises prennent encore toujours le chemin des autres Régions, a-t-il ajouté.
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Pour réformer la Région bruxelloise, Gilles Verstraeten a aussi proposé les services de la N-VA, garantissant “une autre politique, responsable et économe qui s’attaque résolument aux nombreux abus – sans tabou“, a-t-il dit. L’élu de la formation nationaliste a attribué la cause de la situation actuelle à “plusieurs décennies d’un modèle politique du PS en faillite” reposant sur des charges élevées face à des recettes trop faibles. Sa cheffe de groupe, Cieltje Van Achter a quant à elle souligné que l’on avait dépassé le scénario maximaliste avancé en 2020 par l’Université de Namur en termes de niveau de la dette. “Même lorsque l’on ne tient pas compte de l’effet de la crise“. Pour elle, cela suffit à démontrer que l’on est loin du budget responsable annoncé par le gouvernement pour l’année prochaine, et des moyens d’arriver à un équilibre structurel. Le gouvernement file la patate chaude à son successeur.
Sans s’attarder à la situation budgétaire en elle-même, Françoise De Smedt (PTB) a reproché au gouvernement de centre gauche de manquer d’ambition face à un pouvoir d’achat des citoyens qui fond comme neige au soleil et une précarité toujours croissante. “Vous faites consciemment le choix d’aggraver les choses en leur demandant encore une fois de payer les efforts. Vous aviez déjà augmenté le prix de l’eau de 30% en deux ans et maintenant vous allez augmenter les tarifs de la STIB et la taxe de circulation“, tout en coupant dans les services publics. “Vous n’avez aucune idée de ce que vivent les travailleurs bruxellois“, a-t-elle lancé.
Pour Les Engagés, Céline Fremault a notamment pointé l’absence de cohésion au sein de l’équipe gouvernementale, tout en soulignant “l’absence d’une feuille de route politique claire et ambitieuse”. “Après une première impression d’« affaires continuantes » en début de législature par rapport aux politiques menées en 2014-2019, on assiste à un retard colossal dans de nombreux dossiers majeurs: réforme du Cobat et du RRU, construction de nouveaux logements – sur le site Josaphat notamment- gouvernance climatique intra-belge, Housing first, lutte contre le sans abrisme, etc. Tout cela, sans parler d’un budget régional complètement dans le lac qui va grever inévitablement les politiques du prochain gouvernement”, a-t-elle souligné.
Dans la majorité, le ton était tout autre pour défendre les mérites du gouvernement d’avoir pris des mesures dans un contexte de crise pour lutter contre les inégalités sociales et territoriales, et faire face aux défis environnementaux et climatiques.
Belga – Photo : Belga