64 croix devant l’ambassade de Colombie pour dénoncer les assassinats de défenseurs de l’environnement
À l’occasion de la journée internationale de la Terre, une dizaine de militants d’Amnesty International ont planté ce jeudi, en face de l’ambassade de Colombie à Bruxelles, 64 croix en bois qui portent les noms de 64 défenseurs de l’environnement assassinés dans ce pays en 2019 en raison de leur engagement en faveur des droits humains, selon le dernier rapport annuel de l’ONG Global Witness.
Les participants à la mobilisation ont également arboré des portraits de plusieurs défenseurs des droits humains actuellement menacés en Colombie, parmi lesquels ceux de María Ciro, Jani Silva, Joel Rodríguez et Danelly Estupiñan.
“En cette journée symbolique, nous voulons non seulement rendre hommage à ces femmes et à ces hommes qui ont payé de leur vie leur courageux militantisme pour la défense de l’environnement, mais aussi et surtout exiger des autorités colombiennes qu’elles protègent de façon adéquate ces personnes qui, chaque jour, courent de très grands dangers parce qu’elles défendent les droits humains”, explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.
L’ONG estime que la Colombie est le pays le plus dangereux au monde pour les personnes défendant les droits humains, les droits à la terre des communautés locales et les ressources naturelles, et ce notamment parce qu’elles ne bénéficient pas d’une protection suffisante de la part des autorités et que ces crimes demeurent impunis. La pétition d’Amnesty International pour appeler le Congrès colombien à mettre en œuvre des garanties afin d’assurer la protection des défenseurs des droits humains a dépassé en quelques mois les 7 000 signatures en Belgique.
“Des groupes armés au service d’intérêts économiques”
“Des textes législatifs existent, mais ne sont pas suivis d’effets”, précise Claudio Guthmann, spécialiste de la Colombie chez Amnesty International Belgique. “Des groupes armés incontrôlés continuent de sévir en Colombie. Ils sont souvent au service d’intérêts économiques opposés aux intérêts des groupes paysans et indigènes locaux qui occupent des terres, convoitées par exemple par des entreprises minières établies ou clandestines. Les liens de complicité sont difficiles à établir.”
Ce dernier critique par ailleurs le décret colombien du 12 avril qui présage une reprise de l’épandage du glyphosate sur des cultures illicites de coca pour lutter contre le trafic de drogues, ce qui aurait des conséquences négatives sur l’environnement et serait contraire à l’accord de paix entre les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) et le gouvernement. Celui-ci recommande d’aider les paysans à réaliser des transitions viables économiquement vers des cultures de substitution. (avec Belga)
■ Interview de Claudio Guthmann, spécialiste de la Colombie chez Amnesty International Belgique, par Élodie Fournot.