Christian Van Eyken et son épouse écopent de 23 ans de prison pour assassinat

Le tribunal correctionnel de Bruxelles a reconnu mardi l’ancien député au Parlement flamand Christian Van Eyken et l’épouse de celui-ci, Sylvia B., coupables de l’assassinat du premier époux de cette dernière, Marc Dellea. Il les a condamnés chacun à 23 ans de prison.

Marc Dellea, âgé de 45 ans, avait été retrouvé mort dans son appartement, avenue Mutsaard à Laeken, le 8 juillet 2014. Il avait reçu une balle dans la tête et aucune arme n’avait été retrouvée sur place.

Le tribunal a estimé qu’il était impossible qu’une personne soit entrée chez Marc Dellea par la fenêtre, en s’introduisant par l’interstice laissé par le moustiquaire, comme l’avait soutenu la défense des prévenus. “L’enquête n’a par ailleurs pas permis de montrer que quelqu’un en voulait à la victime au point d’intenter à sa vie. Par contre, un contentieux manifeste opposait les prévenus à la victime qu’ils traitaient de porc, de monstre et de cocu”, ont exposé les juges. Le tribunal a conclu que les seules personnes qui ont pu s’en prendre à Marc Dellea étaient les deux prévenus, Christian Van Eyken et Sylvia B., soit les dernières personnes à l’avoir vu vivant. Ils avaient été filmés en train de sortir de l’appartement de Marc Dellea quelques heures avant que son corps ne soit découvert.

“L’attitude des prévenus n’a cessé d’interpeller le tribunal”

Pour fonder ensuite la préméditation, les juges ont relevé que le moment du crime coïncide avec les congés du concierge de l’immeuble et l’absence des chiens et de la fille de la victime et de Sylvia B. dans l’appartement. Tenant compte de la personnalité des prévenus et particulièrement du fait qu’ils ont tenté tout au long de la procédure de décrédibiliser les témoins entendus, le tribunal a prononcé une peine de 23 ans de prison à leur encontre.

“L’attitude des prévenus n’a cessé d’interpeller le tribunal tout au long de la procédure”, ont déclaré les juges, relevant entre autres la “mise en cause personnelle des témoins” par les prévenus. Ceux-ci avaient affirmé au tribunal que tel témoin était une aguicheuse, amoureuse de Christian Van Eyken, ou encore qu’une autre faisait partie d’une secte, a rappelé le tribunal.

Les juges ont également relevé que les prévenus n’avaient pas hésité à mentir, notamment Sylvia B. lorsqu’elle affirmait ne plus avoir de relations intimes avec la victime alors qu’il s’est avéré qu’“elle partageait encore son lit”. Ils ont encore retenu que Sylvia B. n’avait pas hésité à nouer des liens avec l’ex-épouse de Christian Van Eyken qu’elle était allée voir en France sans dire qui elle était, uniquement pour obtenir des informations. Elle n’avait pas hésité non plus à proposer à l’époux de l’ex-femme de Marc Dellea d’adopter la fille que ce dernier avait eue avec sa première femme.

Concernant Christian Van Eyken, le tribunal a tenu compte des témoignages des trois premiers enfants de celui-ci. Ils avaient décrit leur père, avec lequel ils ont rompu tout lien, comme un homme violent physiquement et surtout moralement, mais aussi manipulateur.

Retour sur les faits

Le parquet de Bruxelles avait ouvert une enquête qui avait mené à Sylvia B., épouse de la victime, et Christian Van Eyken, alors patron et amant de Sylvia B. Cette dernière était sa collaboratrice parlementaire lorsqu’il était député au Parlement flamand et tous deux entretenaient une relation amoureuse. Les prévenus avaient soutenu devant le tribunal que Marc Dellea était au courant de leur relation et qu’il était prêt à se séparer de Sylvia B. Mais selon l’accusation et la partie civile, rien ne permettait de le penser.

Christian Van Eyken et Sylvia B. étaient les dernières personnes à avoir vu Marc Dellea vivant. Ils s’étaient rendus dans l’appartement de celui-ci, avenue Mutsaard à Laeken, où Sylvia B. était toujours domiciliée, le 6 juillet 2014. Ils y avaient passé toute la soirée jusqu’au retour de Marc Dellea vers 23h00.

Selon les images de caméra de vidéo-surveillance, les prévenus étaient ressortis de l’appartement plusieurs heures après, le 7 juillet 2014 vers 02h00 du matin. Ces images montrent que personne n’était ensuite entré dans l’appartement ou sorti de celui-ci jusqu’à la découverte du corps sans vie de Marc Dellea le lendemain.

“Ils continuent à crier leur innocence”

Laurent Kennes, l’avocat de Christian Van Eyken, conteste la décision. D’après lui, son client  a été condamné sur base d’éléments qui n’ont pas été débattus, notamment un moustiquaire qui ne pouvait être ouvert de l’extérieur.  “Nous allons analyser le droit de nos clients d’interjeter appel et nous soutiendrons encore leur défense. Ils continuent à crier leur innocence”. 

■ Reportage de Camille Tang Quynh avec Belga – Vidéo/Maarten Weynants – Photo/Eric Lalmand

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03 septembre 2019 - 17h40
Modifié le 03 septembre 2019 - 18h18