Rue de la Loi : de l’intérêt de se préoccuper des kurdes

Des troupes au sol. Des bombardements aériens. Des alliances de circonstance inattendues et des centaines de milliers de personnes déplacées. Des civils, qui n’ont d’autre choix que d’essayer de fuir les combats pour sauver leur peau. C’est la situation ce midi dans le nord de la Syrie. Depuis le départ des forces américaines et l’entrée de l’armée turque sur le territoire syrien, les scènes de chaos se multiplient. Cela fait maintenant une semaine que cette offensive a débuté. L’armée turque, accompagnée de milices syriennes a déjà pris une petite bande de territoire, sur plus d’une centaine de kilomètres. Un grignotage qui conduira au mieux à la création d’une zone tampon, au pire à une annexion en bonne et due forme . En face, les milices kurdes ont finalement décidé de s’allier avec les forces du régime syrien pour essayer de contrer cette avancée turque. Un comble quand on sait que les kurdes et le régime de Bachar el Assad se sont ardament combattus ces dernières années.  Sur le terrain on se bat pour contrôler une ville, une autoroute, un dépot d’essence, c’est la guerre, une vraie guerre. Avec de vraies victimes.  Dire qu’on s’en désintéresse complétement n’est pas tout à fait exact. Le conseil de sécurité  des Nations Unies se réunit, Donald Trump envoie des émissaires (son vice-président et son secrétaire d’Etat)  pour rencontrer les autorités turques. Limiter les affrontements, tenter d’obtenir un cessez-le-feu, éviter le bain de sang alors qu’il était tellement prévisible, c’est ce à quoi s’attellent les diplomates. “Pas de cessez-le-feu sans atteindre nos objectifs” répond le président Erdogan. Le seul qui semble encore en mesure de peser sur les belligérants n’est plus ni européen, ni américain, il s’appelle Vladimir Poutine.

Bien sûr on pourrait se dire que c’est loin la Turquie, que c’est flou le Kurdistan, et cela nous est très étranger ce qui se passe en Syrie. C’est oublier deux choses. La première c’est que des Turcs et des Kurdes sont installés aussi chez nous, notamment en Région bruxelloise. Et que l’hystérie nationaliste qui galvanise les opinions publiques là-bas, finira bien par avoir des répercussions chez nous. Ensuite parce que ces combattants kurdes, qui sont montés au front face à l’organisation terroriste Etat Islamique, ont aussi permis l’arrestation de milliers de djihadistes étrangers. Parmi eux des occidentaux. Parmi ces occidentaux des belges. On peut les laisser dans la nature, en perdre la trace, leur permettre de se regrouper ailleurs pour commencer un nouveau combat. Mais dans ce cas là nous n’aurons pas le droit de faire le reproche aux Kurdes de les avoir laisser filer. Parce qu’à force de laisser les autres faire le sale boulot, mais d’être incapable de leur apporter le minimum de soutien quand les choses tournent mal, le monde occidental, l’Europe, la Belgique, se montrent bien inconséquents. On peut laisser la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan, le Yemen, ou encore le Mali  s’enfoncer dans le chaos. On ne devra pas s’étonner après que des peuples entiers, cherchent ensuite à traverser la méditerranée.

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16 octobre 2019 - 15h33
Modifié le 16 octobre 2019 - 15h38