L’Italie : à droite toute, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce lundi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la victoire du parti d’extrême droite de Giorgia Meloni aux législatives italiennes.

Après la Suède, voici l’Italie. Giorgia Meloni devrait être la prochaine Première ministre de l’Italie. En l’espace de 2 semaines, voici l’Union européenne à nouveau fortement secouée par une poussée brune. Une nouvelle donne qui va tous nous concerner.

43 ou 44 % pour le bloc de droite, dont 26 % des voix pour Fratelli D’Italia, le parti de Giorgia Meloni. La victoire est sans appel, elle n’est pas contestable et pas contestée. Le parti post fasciste est le grand vainqueur du scrutin. Giorgia Meloni est donc en pôle position. À 45 ans, cette Romaine devrait être choisie pour former le prochain gouvernement.

Giorgia Meloni, c’est un peu la Marine Le Pen des Italiens. Militante à 15 ans, elle n’hésite pas, à l’époque, à se dire admiratrice de Mussolini. À 21 ans, elle est déjà députée. Elle sera réélue 6 fois d’affilée. La politique est d’ailleurs le seul horizon pour cette jeune fille qui n’a pas fait d’études, mais qui a réussi à dédiaboliser un parti qui est pourtant l’héritier du MSI, parti ouvertement fasciste.

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Le programme de Fratelli d’Italia, c’est la suppression du revenu minimum, le lutte contre l’immigration y compris en bloquant des bateaux qui traversent la Méditerranée, la révision à la baisse des engagements climatiques, une hostilité affirmée à la culture LGBTQIA+ Bref, un programme qui ne triche pas avec ses origines d’extrême droite, mais qui, parce qu’il promet aussi la hausse des minimas sociaux, plus d’autonomie aux Régions et qui promet aux Italiens qu’ils ne sortiront pas de l’Union européenne, a fini par séduire les électeurs.

Alors bien sûr, il y a des dynamiques strictement italiennes dans ce scrutin. Une fatigue grandissante vis-à-vis des partis politiques traditionnels. On notera d’ailleurs que la ligue du nord de Mateo Salvini est en net recul. Mais le signal doit inquiéter toute l’Europe. Après la Hongrie, après la Suède, voici donc un troisième état membre pour lequel le populisme, le renforcement des frontières et le repli sur soi seront la direction souhaitée. Quand les décisions se prennent à l’unanimité ou à la majorité qualifiée, ce n’est pas un détail.

S’il faut encore vous convaincre de ce que signifie cette victoire de Giorgia Meloni, il suffit de lire les réactions. Eric Zemmour : “Comment ne pas regarder cette victoire comme la preuve qu’arriver au pouvoir est possible ?” Jordan Bardella, bras droit de Marine Le Pen :  “Les peuples d’Europe relèvent la tête et reprennent leur destin en main.” Sur les marchés boursiers, l’Euro tombe à son plus bas niveau depuis 20 ans et les taux d’intérêt subissent une forte hausse.

Voici donc le paradoxe qui est désormais le nôtre, alors que la crise ukrainienne exige de l’OTAN et de l’Union européenne une solidarité extrême, voici l’Europe menacée de grands écarts. Entre le gouvernement de Pedro Sanchez en Espagne ou d’Olaf Scholz en Allemagne, et les nouveaux gouvernements qui vont s’installer à Rome ou à Stockholm, il va être difficile de trouver les points communs. Et le risque pour l’Union, c’est qu’elle retourne à une situation qui est celle de l’avant Brexit. Ce temps où, faute de projet commun, la politique européenne était celle du plus petit dénominateur commun.

■ Un édito de Fabrice Grosfilley

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26 septembre 2022 - 17h32
Modifié le 26 septembre 2022 - 17h32