Des économies d’énergie pour éviter les coupures, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce mercredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito les décisions politiques européennes et françaises face à la crise de l’énergie.
C’était un peu le grand oral d’Ursula von der Leyen à Strasbourg aujourd’hui. Son discours sur l’état de l’Union était l’occasion rêvée d’en dire un peu plus sur les projets de la Commission européenne en matière de prix de l’énergie. Beaucoup de députés européens ont été un peu déçus.
“Il s’agit d’une guerre contre notre sécurité énergétique, contre notre économie” a expliqué Ursula von der Leyen. Au niveau des mesures concrètes, la Commission propose donc de plafonner le prix de l’électricité à 180 euros du mégawattheure. Si on dépassait ce montant, le surplus serait ainsi récupéré par les États membres et redistribué vers les consommateurs. Une contribution de crise est également sur la table, elle permettrait de capter un tiers de ce qu’on appelle les superprofits qu’engrangent actuellement les producteurs d’électricité.
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Un plafonnement des prix du gaz n’est pas exclu, mais elle ne figure pas à ce stade dans les mesures qui sont sur la table. Là, les parlementaires qui ont assisté à la séance ont quand même fait part de leur déception. On vous résume la teneur de leur intervention, c’est bien la Commission qui va dans le bon sens, mais il faudrait vraiment qu’elle aille plus vite.
Il y a un passage de ce discours qui n’est pas souvent commenté et qui est tout de même très important. C’est celui sur les économies d’énergie. La Commission demande aux États membres de réduire de 10 % leurs besoins en électricité pour l’hiver prochain. Et la diminution devra atteindre au moins 5 % pour les heures de pointe, typiquement le début de soirée entre 18 h et 22 h. C’est en éliminant ces crêtes, en aplatissant la courbe à ces heures-là, qu’on peut réellement jouer sur nos capacités de production, en particulier réduire nos besoins en gaz puisque ce sont surtout les centrales au gaz servant à absorber les pics de consommation.
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Pour comprendre ce que nous dit Ursula von der Leyen, il est intéressant de regarder ce qui se passe en France. RTE, le réseau de transport de l’électricité en France, l’équivalent d’Elia chez nous, a annoncé hier qu’il se plaçait en vigilance renforcée à partir du mois d’octobre. Ce gestionnaire appelle à la mobilisation générale et n’exclut pas qu’il puisse y avoir en France cet hiver des coupures de courant temporaires. Entre 0 et 5, si on a affaire à un hiver normal… Mais peut-être plus d’une vingtaine si on a affaire à un hiver très rigoureux comme celui de 2011.
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Pour éviter ces coupures, RTE propose un système d’alerte. Un signal Ecowatt rouge qui serait envoyé 3 jours avant le risque de délestage. En période Ecowatt rouge, les entreprises et les particuliers seraient invités à modérer volontairement leur consommation d’électricité. Si tout le monde s’y met vraiment, on peut faire baisser la consommation de 10 à 15 % et éviter le scénario de la coupure, expliquent les experts français. “C’est notre meilleure arme” a insisté la ministre française de la Transition énergétique.
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Les Français ont donc leur plan. Il consiste à prévenir du risque de coupure pour essayer de l’éviter. En Belgique, il est tout à fait possible de bâtir un plan du même genre. Sauf que personne n’en parle. On préfère se disputer sur la notion de sobriété ou sur le redémarrage de centrales nucléaires qui, de toute façon, ne seront pas opérationnelles pour cet hiver. En d’autres termes, et n’en déplaise au monde politique, on fait diversion, et pour l’instant, on perd du temps.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley