Bloquer les prix, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce jeudi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito l’inflation exceptionnelle de 11,7%.

11,7% c’est le chiffre de l’inflation pour ce mois de septembre. 11,7% c’est un chiffre qu’on avait jamais atteint depuis près 40 ans. Ce sont bien sûr les prix de l’énergie qui sont en grande partie responsables de ce chiffre record. 

Au mois d’août, on avait déjà flirté avec la barre symbolique des 10%, avec une augmentation des prix sur un an qui était de 9,94% . Un mois plus tard, cette barre symbolique est largement dépassée. Pour ceux qui ne comprennent rien à l’économie, cela veut dire que si en septembre de l’an dernier, vous achetiez un groupe de produits et que cela vous coûtait 100 euros, le même groupe de produits aujourd’hui vous revient à 111,70 centimes. Et les produits n’ont pas changé, c’est cela que veut dire l’inflation. 

À elle seule, l’énergie est responsable de plus de la moitié de cette percée inflationniste. Mais les produits alimentaires sont également en forte hausse. Avec quelques exceptions : le pain et les céréales dont le prix commence à redescendre, mais aussi les billets d’avion ou les carburants dont le prix est aussi à la baisse par rapport aux mois précédents. 

Ce chiffre de 11,7% il n’avait plus été atteint depuis l’été 1975. On était alors en pleine crise du choc pétrolier. À l’époque, le prix du baril de pétrole avait été multiplié par quatre en l’espace de quelques mois. Et si on regarde notre histoire économique récente, il y a peu de moments où la barre d’une inflation à 10 % a été franchie. Le milieu des années septante avec le choc pétrolier, mais aussi les périodes de guerre ou les années qui ont suivi.  La guerre ou la crise énergétique, nous sommes dans une période qui combine ces deux facteurs. 

La chance relative que nous avons en Belgique, c’est d’avoir un système d’indexation des salaires. Cela veut dire que cette indexation finira par être en partie compensée par des hausses de salaires. Avec un sérieux bémol quand même : cette indexation ne profite qu’aux revenus des salariés, et elle intervient avec un effet retard. Elle ne fait pas non plus l’affaire des entreprises qui voient augmenter leurs coûts de production, qui du coup augmentent leur prix, c’est ce qu’on appelle la spirale inflationniste. 

Tant qu’à nous intéresser à l’économie aujourd’hui il faut souligner cette information qui vient d’Allemagne. C’est la décision du gouvernement allemand de plafonner les prix de l’énergie. On n’a pas encore tous les détails, mais l’objectif est de plafonner les prix du gaz et de l’électricité pour les consommateurs et pour les entreprises. Pour cela, le gouvernement allemand va débloquer 200 milliards d’euros. L’effort est colossal, car l’Allemagne était jusqu’, il y a peu, très dépendante du gaz russe. 

En plafonnant les prix de l’énergie, le gouvernement allemand franchi donc un pas que la Commission européenne n’arrive toujours pas à enjamber. Alors que 15 États lui demandent de le faire, cette commission n’avance pas. En France, il y a un boulier tarifaire qui protège le consommateur. Il est d’ores et déjà valable jusqu’au premier février. Les Allemands vont avoir dans les prochaines semaines un dispositif comparable. 

La question, vous l’avez deviné, elle, est inévitable. Quand aurons-nous un dispositif comparable en Belgique ? Le gouvernement fédéral n’a plus le droit d’attendre que la Commission européenne décide d’avancer. Il doit se saisir de cette question. Parce que bloquer les prix du gaz et de l’électricité est le meilleur moyen de combattre l’inflation. À titre d’information, l’inflation en Allemagne était à 10 %. Elle était moins élevée que chez nous. 

■ Un édito de Fabrice Grosfilley