Tensions chez Ecolo: Samuel Cogolati et Marie Lecocq annoncent “leur impossibilité de poursuivre leur mission ensemble”

La rupture est consommée entre Samuel Cogolati et Marie Lecocq à la tête d’Ecolo. Aucune démission n’a toutefois été annoncée.

Lundi, au cours d’un Bureau politique, les deux co-présidents ont informé les membres “de leur impossibilité de poursuivre leur mission ensemble à la tête du mouvement“, a annoncé le parti dans un communiqué. Une “proposition” est attendue vendredi au Conseil de fédération, parlement interne des Verts.

Les co-présidents d’Ecolo ont informé ce lundi les membres du Bureau politique de leur impossibilité de poursuivre leur mission ensemble à la tête du mouvement. Le Bureau politique a pris acte de cette situation et de la difficulté manifeste des co-présidents à continuer à travailler ensemble dans les conditions actuelles“, dit le communiqué.

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Conscients de l’importance du projet collectif écologiste et de la responsabilité qui incombe au parti, le bureau du conseil de fédération élaborera en concertation avec les co-présidents un chemin de transition, rapide et serein. L’objectif est d’assurer le redéploiement du mouvement et la continuité du travail politique. Cette proposition sera présentée ce vendredi en Conseil de Fédération“, précise le parti.

Dans ce moment particulier, Ecolo réaffirme son engagement envers ses valeurs fondatrices : l’écologie politique, la justice sociale, la solidarité et la démocratie. Ces principes continueront de guider le parti dans la transition à venir et dans la poursuite de son projet collectif“, conclut-il.

Les raisons de la crise chez Ecolo

Le feu couve depuis quelques mois entre les deux co-présidents. Signe des tensions, les départs au sein de la direction se sont succédé à la rentrée. Le directeur politique, Nicolas Lemoine, considéré comme un proche de Marie Lecocq, d’abord. La directrice de la communication, Marie Thibaut de Maisières, ensuite. Quelques semaines plus tôt, Sophie Wustefeld, coordinatrice du Bureau du Conseil de fédération d’Ecolo, s’en était allée pour un autre emploi.

Le duo a pris les rênes des écologistes francophones le 13 juillet 2024 après la débâcle électorale du 9 juin. La candidature mûrissait déjà depuis plusieurs mois, avec l’ambition de tourner la page d’une présidence marquée par la personnalité de Jean-Marc Nollet et près de cinq ans de participation éprouvante à tous les échelons de pouvoir. Un credo les anime: l’écologie populaire, appelée à réconcilier les préoccupations environnementales et celles du quotidien de la population, et à casser l’image d’une écologie punitive.

Mais en interne, les visions du Hutois et de la Bruxelloise divergent. Marie Lecocq est présentée comme tenante d’une ligne radicale alors que Samuel Cogolati incarne une vision plus pragmatique et rassembleuse, proche de celle d’un Jean-Michel Javaux, son père en politique, artisan de la victoire électorale d’Ecolo en 2009.

Sur la scène politique, Ecolo ne parvient pas à imprimer sa marque. Les thématiques environnementales qui avaient fait le succès du parti en 2019 ont cédé le pas: guerre en Ukraine, déferlante conservatrice, crise budgétaire, mise sous pression du modèle social… Les Verts ont de la peine à faire entendre leur voix, les sondages restent médiocres. Le nouveau duo veut en revenir aux fondamentaux de l’écologie et ne plus “se perdre dans des sujets périphériques“, à entendre Samuel Cogolati, mais rien ne présage d’une résurgence des écologistes alors que la coalition Arizona secoue la société francophone.

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La situation politique à Bruxelles traduit cette opposition entre les deux lignes. Les écologistes font d’abord le choix de l’opposition après leur défaite de juin 2024. Mais devant la crise qui s’installe dans la capitale, de plus en plus de mandataires estiment que les écologistes doivent se placer du côté de la solution. Le scénario ne plaît guère à Marie Lecocq. Bon an mal an, les écologistes bruxellois changent néanmoins de stratégie et ces derniers jours, Samuel Cogolati, pourtant le Wallon du duo, a affirmé qu’il ouvrait “la porte à une participation” à une majorité bruxelloise. Autre point de discorde: la volonté de transformer les structures du parti que soutient le Hutois mais envers laquelle la Bruxelloise se montre réticente.

La situation n’était plus tenable“, a confié un mandataire. Il revient au Conseil de fédération de trouver une solution à la crise. Les caucus iront bon train dans les jours qui viennent. Une relative discrétion était de mise après la réunion de lundi mais plusieurs figures décrivaient Marie Lecocq comme isolée et Samuel Cogolati soutenu par la “machine du parti“. Lundi, une note stratégique a été présentée au parti mais elle n’évoque pas la co-présidence, ni la situation bruxelloise, indiquait-on à bonne source.

Que va-t-il se passer ?

D’ici vendredi, l’un des co-présidents va-t-il présenter sa démission? Ou les deux? L’article 71 des statuts d’Ecolo dispose que “la démission ou la révocation de tout ou partie de la coprésidence oblige à une nouvelle élection au suffrage universel des membres“. En coulisses, certaines figures plaidaient en faveur d’un processus qui mène à une élection en assemblée générale du parti.

La réflexion pourrait aller plus loin aussi. En 1980, Ecolo était dirigé par un secrétariat fédéral de 5 membres, passés à trois et maintenant deux “co-présidents”, comptant un homme et une femme et un.e Wallon.ne et un.e Bruxellois.e. Aux yeux de certains écologistes, cette formule collective a rarement été harmonieuse et efficace, et devrait désormais se muer en une présidence unique, comme dans les autres partis.

Belga – Photo : Belga Image

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