Le fédéral se penche sur les violences en marge de la Coupe de Belgique : “Plus c’est tard dans la journée, plus les gens sont ivres”
Lors d’une journée d’auditions mardi, la commission de l’Intérieur de la Chambre est revenue sur les incidents violents survenus en marge de la finale de la Coupe de Belgique de football, le 4 mai dernier.
Ce jour-là, alors que le Sporting d’Anderlecht affrontait le Club de Bruges au stade Roi Baudouin, des supporters brugeois ont traversé à pied une partie de la capitale, après avoir endommagé une rame de métro et provoqué son immobilisation. Ils s’en sont pris à des habitants et commerces de Molenbeek, Bruxelles-Ville et Jette.
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“Si on a organisé ces auditions, c’est parce qu’il y a eu un fait grave, une ratonnade raciste. Un commerçant et son fils ont été agressés alors qu’ils n’étaient même pas au courant qu’il y avait un match de foot“, a déclaré le député socialiste Ridouane Chahid, un de ceux à avoir demandé que se tiennent ces auditions.
“Des comportements criminels“
“Des choses horrifiantes ont eu lieu, des actes carrément racistes“, a confirmé Lorin Parys, le CEO de la Pro League. “Ce sont des comportements criminels et nous voulons collaborer avec les autorités pour que ces personnes n’entrent plus dans un stade de football“.
La situation a dégénéré avant le coup d’envoi du match, prévu à 18h00, une heure jugée trop tardive par Michel Goovaerts, chef de corps de la zone de police Bruxelles Capitale Ixelles. “Plus c’est tard dans la journée, plus les gens sont ivres“, a-t-il pointé. “On aurait voulu que le match commence plus tôt“.
“Une partie ne voulait pas attendre la nouvelle rame“
Quelque 900 supporters brugeois sont arrivés en train à Bruxelles et ont pris la direction du stade Roi Baudouin en métro, dans une rame spécialement réservée par la STIB. “Ils ont endommagé la rame qui a dû s’arrêter à Sainte-Catherine“, explique Michel Goovaerts. “La STIB a mis 45 minutes avant de trouver une nouvelle rame“. Les dégâts occasionnés au métro ont été estimés à 40.000 euros.
“Environ 200 supporters sont alors sortis de la station“, a raconté Carlo Smits, un des 15 “spotters” dépêchés par la police brugeoise. “Deux équipes de spotters étaient dans le métro. Nous avons pu convaincre une grande partie des supporters de retourner dans la station, mais une partie ne voulait pas attendre la nouvelle rame et est partie à pied. Nous avons décidé que les deux équipes de spotters iraient dans le métro. Nous sommes partis du principe qu’ils seraient interceptés par des policiers en uniforme“.
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Les ultras brugeois ont pris la direction du stade à pied mais en chemin, ils s’en sont pris à des habitants et commerces de Molenbeek, Bruxelles-Ville et Jette.
“Une situation chaotique“
“Aucun événement n’était planifié ce jour-là dans notre zone, il n’y avait donc aucun dispositif de maintien de l’ordre“, a rapporté Xavier Legrand, chef de corps f.f de la zone Bruxelles Ouest. “Nous avions donc cinq patrouilles pour nos cinq communes. C’est à 15h06 qu’on nous a signalé la présence de supporters brugeois sur notre territoire“. Plusieurs patrouilles sont alors envoyées sur place. “Nos patrouilles font face à une situation chaotique pendant une vingtaine de minutes, c’est difficile de contrôler la situation avec un personnel peu nombreux“, a-t-il encore décrit.
Les renforts ont mis du temps à arriver. Dans le même temps, il y avait aussi des incidents sur l’avenue Houba de Strooper et à la station de métro Beekant. “Il a fallu une vingtaine de minutes pour nous réarticuler. A ce moment, il y avait beaucoup d’hommes au niveau de Houba de Strooper. Cela a mis du temps pour aider Bruxelles-Ouest“, selon Michel Goovaerts.
Les supporters sont finalement escortés vers 16h00 en direction du stade, à proximité duquel sont dressés deux villages de fans. “Mais les ultras ne veulent pas aller dans ce genre d’endroit“, a expliqué Carlo Smits.
Le stade n’a pas été épargné par le vandalisme: fumigènes, sièges arrachés, piste d’athlétisme endommagées, etc… La facture s’élève à 70.000 euros.
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Les réseaux sociaux comme source pour la police ?
Suivre les réseaux sociaux aurait-il pu permettre de prévenir les évènements. “Nous pouvons suivre certaines sources ouvertes, comme Facebook, X ou Instragram, mais nous n’avons pas un cadre légal qui nous autorise à aller plus loin. Pour des réseaux comme Telegram ou Signal, nous sommes un peu aveugles. Il faudrait convaincre un magistrat en amont. Mais bonne chance dans le cadre d’un match de foot“, a suggéré Michel Goovaerts.
Une dizaine de jours après la finale, le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin (MR) avait annoncé que la “loi football” allait être révisée. “Nous avons eu une concertation constructive. Le ministre prévoit d’organiser une table ronde avec les clubs à la rentrée“, a confirmé Lorin Parys.
Le CEO de la Pro League évoque plusieurs pistes pour améliorer la sécurité: devoir de signalement pour les interdits de stade (“avec la géolocalisation, la police peut savoir qu’ils ne sont pas au stade, pas question de signaler où on est“), étendre les interdictions de stade à l’international, ajout de photos dans les bases de données, faire appel à des sociétés privées pour l’identification sur base des images après le match et le recours à la biométrie. Sur ce dernier point, la Pro League a demandé une étude à l’université de Gand.
Belga





